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Furia Sound Festival 2007


Maxime, le 17/07/2007

DIMANCHE 1 JUILLET


Le stand T-Shirt a à peine le temps d’ouvrir que les festivaliers se ruent dessus pour acheter leurs fringues à l’effigie des QOTSA (petite préférence personnelle pour celui reprenant la pochette de Rated R). Eh oui, qui dit dimanche dit grosses têtes d’affiche. Sonic Youth et Queens of The Stone Age, donc. Petite pensée émue pour le type qui se baladait avec un T-Shirt Kyuss. Le bougre a dû se sentir bien seul… Cependant, il va falloir patienter, parce que les gros mastodontes, c’est pas pour tout de suite. Pas grave, on a largement de quoi patienter.


Pendant qu’on fait la queue pour acheter les jetons boisson, on cueille d’une oreille distraite la prestation de Jamait, rassemblant à lui seul une belle grosse pelleté de clichés propres à la chanson française. Voix rauque et gouailleuse, accordéon, béret, n’en jetez plus. Mais dites-moi, c’est pas du vin rouge qu’il y avait dans son gobelet ? Rien de grandement condamnable là-dedans, c’est même assez écoutable pendant 10 minutes. Plus tard, sur la scène trois, on jurera en entendre un clone sous les traits de Loïc Lantoine. Même organe chargé d’un type qui a dû bien en vivre des galères et connaître tous les rades miteux (sic). Sauf que le camarade Jamait disposait, lui, d’un orchestre un peu plus conséquent. Le but était quand même de proposer des mélodies. Ici, pas la peine, juste une contrebasse et quelques sons agaçants suffisent à contenter son monde. C’est donc pénible, très pénible, et long comme un jour sans pain. On me glisse que c’est fait exprès parce que c’est expérimental et (attention les yeux) c’est poétique. Ah ! La poésie. Quel sésame bien pratique pour traiter celui qui n’aime pas de barbare insensible. Quelle commodité pour cacher toute absence de vision, une absolue carence de mélodie et des textes doux-amers, of course, qu’on subit déjà depuis bien trop longtemps de la part de types comme Mano Solo. Nevermind…


Séance de prêche pour convertis sur la scène trois avec nos compatriotes de No One Is Innocent, l’un des rares survivants de la fusion française du milieu des années 90 (on ne parlait pas encore de néo-metal à l’époque), ici en forme olympique. Notre nouveau président et Georges W. Bush sont liés dans les mêmes anathèmes. Comme par le passé, fureur et contestation se marient d’un même mouvement, si possible brusque et musclé. Même si le groupe n’a cessé d’évoluer, c’est toujours un plaisir assez old-school qu’il répand, avec ses gros riffs métalliques qui tâchent, sa rythmique chargée et pataude, ses samples baveux. Un plaisir un peu bébête, mais irrépressible. Les réminiscences de Rage Against The Machine remontent à la surface. Comme à son habitude, Kemar ne s’économise pas et pogote comme un farfadet possédé aux quatre coins de la scène. Une reprise du "Personal Jesus" de Depeche Mode, bien volumineuse comme il faut, vient compléter le tableau. Et mine de rien, on n’a pas vu le temps passer. On prend quelques bonbons et on se cale confortablement sur la butte faisait face à la grande scène, préalable on ne peu plus approprié pour profiter du set de Superbus. Bizarrement, on aborde le show sans sarcasme en tête, sans petite phrase assassine à échafauder puis refourguer dans son article. On a envie de prendre la récréation sans arrière-pensée, juste apprécier les mélodies bubble-gum et les accords sucrés pour ce qu’ils sont. Mais le groupe, en petite forme, livre une prestation assez molle. Jennifer reste plantée devant son micro, les autres font le strict minimum. Les ados ne s’en soucient guère et s’ébattent joyeusement. On s’attendait à une prestation un petit plus enlevée quand même. Dommage…


Maudit sois-tu Josh Homme ! Que Dieu te foudroie sur place ! Petit flash-back. Sur le trajet, on reçoit un SMS annonçant la conférence de presse des Queens of the Stone Age pour 19 heures 45. Rencontrer le géant rouquin ! Votre serviteur n’en peut plus et commence à faire son numéro de groupie d’Alliage. Mais à l’heure prévue, l’homme (qui, selon certaines sources, est raide bourré) reste introuvable. On fait les cent pas pendant que Sonic Youth commence son set. On trépigne. Les hymnes du colosse indie-rock résonnent au loin, et on toise le sol, les gencives serrées. Après une grosse demi-heure d’attente insoutenable, le verdict tombe, définitif. Conférence annulée. En guise de vengeance on éclusera toutes les bières qui étaient disposées sous la tente en prévision de l’interview. Du coup, on n’assiste qu’au dernier quart d’heure des grands destructurateurs du rock US. La bande à beau friser la bonne cinquantaine, leur jeu reste toujours aussi vert et leurs compos tout aussi saillantes, avec leurs mélodies froissées et leurs distorsions aussi obliques que savantes. Sautillant sur place dans sa chemise immaculée, Thurston Moore a l’air d’un éternel adolescent. Un bref rappel viendra clore une prestation tout aussi brève (une heure, à peine). Nous ne pourront pas en dire plus, désolé, si vous avez une réclamation, vous pouvez vous adresser à Mister Homme.


Mister Homme accompagné de ses acolytes qui emboîte d’ailleurs le pas des Sonic Youth, 45 minutes plus tard, et investit les lieux d’un pas claudiquant (son genou le relancerait-il ?). Bien plus que Sonic Youth, il semblerait que le passage des Queens of The Stone Age soit bien l’Attraction principale de ce festival. Le temps de se replaquer les cheveux en arrière et d’empoigner sa guitare que résonnent les cascades robotiques du riff de "Regular John". Entrée en la matière bourrue classique chez les Queens, avec son alternance de stridences musquées et d’allers-retours raboteux. Toujours aussi imparable. Suit le dernier single, "3’s & 7’s", assez savoureux, sur lequel la mélodie pop se dispute avec les vrilles électriques. Le set s’installe alors et là le groupe nous régale d’une joyeuse triplette, puisant dans le premier LP le rugueux "Avon" ainsi que "If Only", qu’on avait peu entendu lors des dernières tournées et qu’on est heureux de retrouver. Entre ces deux antiquités s’intercale une petite pièce de Songs For The Deaf, le martial "Do It Again", le filet de voix d’Homme s’échappant comme par volutes entre deux coups de burins assénés par un Joey Castillo plus qu’à l’aise dans son rôle de taureau déchaîné. Le deuxième temps du concert se consacre aux deux derniers opus et dresse une alternance toute sexuelle entre coups de reins frénétiques ("Misfit Love", "Burn The Witch", "Battery Acid") et langueurs lascives ("Into The Hollow", "Make It Wit Chu"). Homme interrompt les réjouissances à deux reprises pour faire monter un spectateur costumé en Tony le tigre, mascotte d’une marque de céréales (à moins que ce soit Tigrou, le compère de Winnie l’ourson), histoire de se persuader qu’il ne vivait pas une hallucination en l’apercevant parmi la foule. Ça se passera moins bien avec le groupe suivant, quelques titres plus tard. Le géant rouquin intercepte un trio d’huluberlus qui lui balançaient des bonbons et les somme de monter sur scène s’expliquer. Les demeurés ne trouvent rien de mieux que de brailler les premières mesures de "L’Internationale" devant le micro. Castillo leur balance sa bouteille d’eau tandis que le staff les vire sans ménagement. Homme les gratifie de quelques piques en français et les choses rentrent dans l’ordre. Vient alors la dernière partie du set, celle des grands classiques que le quintet ne pouvait pas ne pas jouer : "Feel Good Hit For The Summer" avec son désormais proverbial "Everybody knows you dance like you fuck", "Lost Art Of Keeping A secret", son redoutable corollaire, et l’incontournable "No One Knows" en guise de final. Etrangement, "Sick, Sick, Sick" n’aura pas été exécuté. La cohésion du groupe fonctionne à plein, mais Dean Ferlita demeure tout aussi transparent et les dodelinements de Michael Schuman toujours aussi absconds et font plus que jamais regretter l’absence de Nick Oliveri. Malgré tout la fun machine tourne à pleines turbines, les nouveaux titres s’intègrent bien au répertoire, espérons que l’on reverra les reines de l’âge de pierre lors d’une nouvelle date parisienne, avec un vrai set de plus de 55 minutes.
Set list QOTSA : Regular John, 3’s & 7’s, Avon, Do It Again, If Only, Misfit Love, Into The Hollow, Burn The Witch, Make It Wit Chu, Little Sister, Battery Acid, Feel Good Hit For The Summer, The Lost Art Of Keeping A Secret, No One Knows

Après s’être enfilé le dessert, ne reste que le café pour terminer le festin. Trois options s’offrent à nous. Nous les essaierons toutes. Les canadiens de You Say Party ! We Say Die ! ont notre préférence. Extatique, la chanteuse annonce que le groupe se sépare après ce festival, car avoir été présent sur la même affiche que Sonic Youth est une telle consécration que le groupe ne pouvait guère attendre mieux. Remonté, le jeune quatuor déballe donc une belle énergie avec leur dance-rock épileptique qui tourne malheureusement rapidement à vide, faute de réelle mélodie pour relancer la locomotive. Un peu déçu, on se rend du côté d’Asian Dub Fondation devant lesquels la foule brûle ses dernières calories en communion intense. Les percussions et les infra-basses grondent lentement, comme remontant du sol. On se dodeline doucement, comme happés par le son bourdonnant. C’est à peine si l’on fait attention aux pontifiants discours pacifistes qu’assène le chanteur. Le tout se termine en une espèce de réunion universelle sur la grande scène devant le reggae-dub de Groundation. Partout, sur les buttes, des corps épuisés par trois jours de festival. Et voilà l’édition 2007 du Furia déjà terminée.


Le RER démarre lentement, charriant son lot de festivaliers. L’heure de tirer le bilan. Pas de grosse révélation cette année (dommage de constater la défection de Pop Levi, dont on aurait bien goûté la pop psychédélique), plutôt un chapelet de confirmations, ce qui est déjà énorme. Le Furia peut rouler des mécaniques sans problème, chaque année il renforce son statut de challenger face à cette grosse machine estivale qui se déroule le même week-end que lui : les Eurockéennes. A ce rythme, le choix des amateurs de rock risque de devenir de plus en plus cornélien dans les années qui vont suivre. On aimerait déjà être fin juin 2008…
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