
Furia Sound Festival 2007
- Introduction
- VENDREDI 29 JUIN
- SAMEDI 30 JUIN
- DIMANCHE 1 JUILLET
VENDREDI 29 JUIN
Le vendredi, moins fréquenté que les samedis et autres dimanches, est toujours l’occasion de rentrer en douceur dans le festival, de se balader calmement entre les différentes scènes et de se rapprocher d’un set sans craindre la bousculade. Justement, il ne fallait pas être pressé ce jour là. Après une ouverture tardive des portes, scandée par les conversations grasses des vigiles relatant leurs expériences sexuelles de la veille, on découvre un site qui a manifestement souffert des intempéries. Les traces des tracteurs-remblayeurs sont encore fraîches, certains passages sont bouchés. On dispose de la paille en toute hâte devant la grande scène afin de ne pas donner aux concerts des allures de combats de boue. Conséquence fâcheuse, les premiers concerts sont annulés (dommage, on aurait bien voulu voir les canadiens de Galaxie). Les festivaliers, aux trois quarts moulés dans l’inamovible panoplie dreadlocks/vêtements amples/t-shirt au slogan altermondialiste, emplissent les lieux.

Le ciel devient lourd, les nuages s’accumulent, l’averse devient imminente, prélude idéal à la venue de notre rock starr nationale, Joey Starr. Un guitariste suivi d’un bassiste et d’un batteur qu’on croirait échappés du set de Pleymo pilonnent l’intro de "J’arrive". Déboule alors Double R sur la grande scène, avec une énergie dévorante qui n’a rien à envier à nos idoles binaires du moment. Joey parcours l’espace le temps d’un beat éclair, invective, jongle, se rue, se cabre sans débander d’un pouce. Pour secouer l’apathie d’un public qui a parfois mal à suivre, le jaguarr met en place un impitoyable système de sanction. Dès que la foule montre le moindre signe de faiblesse, hymnes yé-yés et autres antiquités de notre répertoire national résonnent sur les platines. On s’exécute sur les tempos infaillibles de l’album solo, relevés de quelques anciens morceaux de NTM tel que l’incontournable "Pose Ton Gun". Jaguarr Gorgone renouvelle son appel à l’inscription sur les listes électorales. Même si cette exhortation semble désormais désuète, suite au score sans appel des dernières semaines qui consterne pas mal de monde ici, l’homme assure que le combat continue. Espérons que la lutte donnera lieu dans le futur à d’autres diatribes sur 8 pistes. On fait confiance au métèque là-dessus.


Etrange prestation que celle de Franck Black, dont le costume ténébreux ne déroge pas à son pseudo artistique. On s’attendait à un concert garni de quelques balourdes parenthèses folk/country à la guitare acoustique. Que nenni, le poupin lutin est entouré de séides tout de noir vêtus, dans le plus simple appareil rock (guitare, basse, batterie, rien de plus, rien de moins) et décoche un rock velu, grinçant, primal, acéré, sans merci. Goguenard, Black commence par arpenter la scène sans piper mot, attendant que le public se ramène, boit de l’eau, s’assied à côté de la batterie, vient échanger quelques mots du côté de la console de son tandis que les trois autres, imperturbables, ne cessent de mouliner leurs accords. Ce petit manège dure bien pendant cinq longues minutes. Puis Charles Mickael Kittridge Thompson se décide à empoigner le micro et là les choses sérieuses commencent. Après une ou deux chansons, Black Francis entre en transe, poussant les amplis de retour à coup de savate tout en continuant de chanter, scande le titre du prochain morceau comme un dératé alors que le précédent n’est pas encore achevé. Médusé, comme possédé par les stances du rondouillard atrabilaire, le public se déchaîne. Sur scène, séances de cris hallucinés et de litanies torturées s’entremêlent, liées dans un bain psychoïde grillé à vif par des guitares tranchantes. Postés sur le côté de la scène, les Bellrays n’en manquent pas une miette. Black ne semble certes pas livrer ici le concert de sa vie mais la petite heure que l'on vit a 100 fois plus de charisme que la paresseuse formation des Pixies à laquelle on assiste depuis deux ans. Encore chamboulé par ce qu’on vient de vivre, on suit d’un œil absent la venue d’Archive avec leur Pink Flyod light ampoulé et vain que boit le public bouche bée. Seuls quelques titres de The Rakes, sur la scène trois, nous arrachent à notre apathie. Post-Punk habilement troussé servi par quelques mélodies astucieuses, ces anglais bénéficient d’atouts certains, même si les morceaux de leur second opus séduisent moins que ceux issus de leur premier disque. Fin du premier jour.