Oasis
Salle : Zénith (Toulouse)
Première partie :
Soyons honnêtes trente secondes. Si on m'avait demandé quelques jours avant, voir même quelques heures, ce qui avait bien pu me pousser à prendre une place pour aller voir les enfants chéris de la brit-pop de passage au Zénith de Toulouse, j'aurais bien été incapable de trouver une raison valable. C'est vrai, si on y regarde d'un peu plus près, ça fait quand même un bon nombre d'années qu'Oasis ne présente plus de réel intérêt. Que les frères Gallagher, et Liam en tête de liste, ont peu à peu sombré dans une auto parodie de ce qu'ils avaient un jour pu être. Même leurs frasques et leurs déclarations fracassantes ont cessé de faire sourire. Quand à leur dernier album, c'est à peine si j'y ai jeté une oreille. Histoire de ne pas me sentir trop seul dans cette salle généreusement remplie pour accueillir ces vieilles gloires de l'Angleterre.
Oublions d'emblé la première partie. A cause de quelques problèmes de planning, celle-ci se déroulera purement et simplement sans moi. En supposant juste qu'il y en ai eu une. Pas bien grave, l'heure étant aux vétérans. Avec son entrée dans le vif du sujet sur fond de "Fuckin In The Bushes", le groupe ne semble pas encore décidé à faire preuve d'originalité. Sauf que quand "Rock'n'Roll Star" vient éclater à nos oreilles, c'est la bouche bée que l'auditoire prend en pleine tronche la déferlante Oasis. Quatre écrans disposés au dessus de la scène, alternant entre vidéos et gros-plants de nos rockeurs du soir, un jeu de lumière digne d'un stade et un son aux petits oignons. Carrément à l'opposée de ce à quoi on aurait pu s'attendre. Même l'attitude est encore là. Liam, cheveux courts et lunettes de soleil sur le nez, toujours juché sur son piédestal mi-blasé mi-hautain, arpente la scène comme à son habitude. Les yeux rivés sur la salle, tel un lion dans sa cage se demandant lequel des crétins beuglant devant lui il va bien pouvoir bouffer ce soir. Et Noel dans son éternel rôle de Calimero, au point qu'on aurait presque de la peine pour lui tellement son air détaché nous donne l'impression qu'il aurait préféré être ailleurs. Mais jusque là, me direz-vous, rien de vraiment étonnant. Oasis n'a jamais été réputé pour sa présence scénique. Ni pour sa considération du public.
Non, définitivement, là où les choses se gâtent, ce quand on constate que Liam n'est plus dans une forme olympique. Pire, ses cordes vocales semblent plus que jamais limitées et son ton de plus en plus nasillard lui donnerait presque des faux airs de Brian Molko. Vraiment dommage quand on voit que les partitions sont jouées à la perfection par le reste de la troupe. Mais le public n'est pas rancunier, quoi qu'un peu engourdi, et les morceaux passent comme des lettres à la poste. Dig Out Your Soul fraîchement sorti dans les bacs, la playlist se voit logiquement axée autour du dernier méfait du gang de Manchester. "The Shock Of The Lightning", "To Be Where There Is Life" ou encore "Ain't Got Nothing" sont autant de raisons de se dire qu'on aurait peut être du se plonger un peu plus minutieusement dans l'album. Piochant dans un peu tous leurs recueils (excepté Be Here Now), et même dans les B-Sides pour ressortir un "The Masterplan" de très grande classe porté à merveille par Noel, le groupe déroule sans vraiment forcer son talent. A tel point qu'on reste même un peu sur notre faim. Les protagonistes donnent l'impression d'en avoir beaucoup plus sous la pédale mais préfèrent néanmoins se vautrer dans une suffisante facilitée. Pas vraiment étonnant au fond que le public finisse par décrocher, surtout que pour la plupart, la période Definitely Maybe / (What's The Story) Morning Glory reste la seule raison valable de supporter encore ces frères maudits. Suffit de voir l'explosion produite par "Wonderwall" et "Supersonic" chargés de clôturer le set, faisant passer un Zénith d'un état de somnolence avancé à une débauche d'hystérie. En l'espace de seulement trois accords.
Et Oasis semble bien décidé à enfoncer le clou pour repartir de la salle sur une bonne note. Surtout Noel, revenant sur scène accompagné de sa guitare acoustique pour se lancer dans un "Don't Look Back In Anger" vibrant d'émotion. Pour un peu, on croirait presque qu'il va se mettre à chialer sur scène. Et nous avec. Le reste du rappel semblera du coup beaucoup plus fade. Même "Champagne Supernova", pourtant une des plus belles chansons jamais écrites par le groupe, n'arrive pas à nous nouer l'estomac de la sorte. Et c'est "I Am The Walrus" qui sonnera le dénouement final. A peine un merci (de Noel, Liam ayant déjà déserté les lieux), un petit signe de la main et tout le monde repart en loge, nous laissant avec un arrière goût bizarre au fond du palais. Une sensation d'inachevé, d'avoir passé un bon moment mais sans plus. Un concert juste... sympa. Et pourtant il y avait largement matière à passer une soirée mémorable. Et s'il y avait quelque chose qui commençait à pourrir au royaume Gallagher ?