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Compte-rendu de concert

Marilyn Manson


Date : 29/01/2015
Salle : Terminal 5 (New York)
Première partie :

Récemment encensé pour The Pale Emperor, Marilyn Manson devait venir défendre ses... couleurs ? le lundi 26 janvier au Terminal 5 de New York - ce même lundi où la Grosse Pomme s'est vue court-circuitée par le "blizzard" Juno. Funeste coïncidence ou machiavélique sorcellerie ? On ne saurait trop dire. Toujours est-il que le fraîchement intrônisé Révérend Manson s'est vu dans l'incapacité de célébrer son couronnement à la date initialement arrêtée. Qu'à cela ne tienne : rien ne saurait empêcher l'Empereur Blême de venir à la rencontre de ses fidèles qui se sont déplacés en masse le jeudi suivant pour assister à un cérémonial marqué par leur admiration, leur dévotion... et parfois même par leur fanatisme.

Alan, le 02/02/2015
( mots)

La procession débute dès 7:00 PM, où des centaines de fans déjà présentes patientent religieusement dans un froid caractéristique de l’hiver new-yorkais avant l’ouverture imminente des portes du Terminal 5. La file s’étend alors jusqu’au coin de l’avenue suivante, simplement séparée de l’Hudson River par le trafic incessant de la West Side Highway. Et lorsque finalement les portes s’ouvrent, la caravane de fidèles rejoint progressivement l’intérieur du Terminal où la fosse se voit surplombée par deux gigantesques balcons parcourant chacun tout le périmètre de la salle. C’est pourtant bel et bien vers la fosse que tout le monde semble se diriger, quitte à sacrifier l’imprenable vue qu’offrent les balcons.

La soirée débute à 8:00 PM lorsque trois jeunes d’à peine quatorze printemps - sans rire - montent sur scène et prennent place. Pas de plaisanterie ici, il s’agit bien d’Unlocking the Truth, groupe local qui accompagne Marilyn Manson sur l’ensemble du Hell Not Hallelujah Tour. Originaires de Brooklyn, les trois marmots - dont le chanteur et guitariste Malcolm Brickhouse qui se paye des faux airs de jeune Michael Jackson avec son afro - jouent d’un metal qui, sans être transcendant, parvient à convaincre un public admiratif de la prouesse technique des jeunes musiciens. Loin de moi l’idée de ségréguer qui que ce soit, mais force est de reconnaître que le spectacle de trois jeunes afro-américains délivrant un metal aussi brut et technique a quelque chose d’atypique, voire même de surréaliste, le metal restant une scène relativement “blanche” dans son ensemble - Scandinavie, si jamais tu m’entends.

Entre double pédale triggée et solos inspirés d’Alexi Laiho construits sur la plus pure pentatonique, le metal moderne d’Unlocking the Truth inspire les spectateurs les plus intenables qui s’adonnent déjà aux joies du pogo et du slam au sein d’une foule qui commence à timidement remuer. L’intransigent planning rattrape néanmoins le trio dont la sono se voit coupée avant même que ne s’achève le dernier morceau du set. “Je suis désolé, ils ne nous laisseront pas jouer plus longtemps.” déclare le jeune Malcolm qui recueille l’ovation d’un public réprobateur n'hésitant pas à huer la production. Les roadies investissent la scène et remballent le matériel avant que l’immense voile suspendu ne finisse par tomber, révélant à une foule déjà extatique le fameux double M annonciateur de la venue imminente du Révérend...

The Mephistopheles of NYC

Les machines à fumée crachent à plein régime, les lumières s’éteignent, et d’emblée la ferveur et l’émotion du public surpassent la puissance de la sono qui, après avoir diffusé ce qui semblait être l’intégrale du répertoire de Black Sabbath, laisse résonner le “Requiem” de Mozart sur lequel les silhouettes fantomatiques de Marilyn Manson et ses musiciens investissent la scène enfumée. À la fois élégant et excentrique, c’est un Brian Warner grimé en clown blême et cauchemardesque qui fait son apparition, tendant son bras en direction de la fosse comme pour symboliquement toucher les centaines de mains levées vers lui. Résonnent alors les premières notes de “Deep Six” qui marquent officiellement le début de la transe pour les adorateurs du Révérend qui ne répondront désormais plus qu’au fanatisme latent que les habitait toutes ces années durant : exalté, le public initie ce constant mouvement de va-et-vient jusqu’à ce le groupe entame “mOBSCENE” durant lequel se dessine peu à peu dans la foule la fosse aux lions où les plus possédés iront joyeusement pogoter.

Le set alterne habilement entre nouveautés issues de The Pale Emperor et fan-favorites avec toujours la même réaction de la part du public : une agitation chaotique, que ce soit sur le beat salace et tendancieux de “Killing Strangers”, sur la malsaine et oppressante reprise de “Sweet Dreams” ou sur les enragés “Disposable Teens” et “Rock Is Dead”, le tout entrecoupé d’interventions du Révérend Manson qui prend ici des airs de conteur, narrant avec un certain humour son histoire à ses fidèles - interventions qui marqueront à ce propos les seuls temps morts que se permettra la foule dans la fosse afin de s’imprégner au mieux de la parole de son prophète.

Loin des frasques dégénérées qui animaient ses concerts il y a encore quelques années, Marilyn Manson se limite ici à quelques gimmicks tels qu’un micro-poing américain, un micro-couteau de boucher - qu’il utilise d’ailleurs pour poignarder son tambourin sur “Killing Strangers” - ou un maquillage différent à chaque chanson, celui-ci devenant de plus en plus macabre à mesure que la soirée avance. Pas d’échasses ou de pages bibliques brûlées, Manson se contente cette fois-ci d’animer la foule par le seul intermédiaire de sa personne, délivrant avec une certaine justesse vocalises geignardes et gueulantes abrasives comme au premier jour - en témoigne “This Is the New Shit”, qui a littéralement retourné le Terminal 5 sens dessus-dessous.

C’est néanmoins durant le défouloir punk et psychotique qu’est “Irresponsible Hate Anthem” que la transe collective atteint son paroxysme, celle-ci semblant même se transmettre sur scène avec un Twiggy Ramirez matraquant sa basse à grand coups de mediator ou un Tyler Bates au bord de la rupture des cervicales. La foule envoie ses dernières forces dans la bataille avant que le groupe ne s’éclipse pour revenir quelques minutes plus tard. Contre toute attente, ce n’est pas à l'incontournable “The Beautiful People” - joué juste avant “Hate Anthem” - qu’il revient de clôturer la soirée, mais à un “Coma White” subtil et tout en nuances pour lequel le pied de micro du Révérend, qui a délaissé son grand manteau noir en faveur de bandages ensanglantés réminiscents d’une certaine infirmière de Silent Hill, se voit recouvert de fleurs. L’ultime morceau du set poursuit son cours avant que ne pleuvent des paillettes argentées, comme pour faire écho à la neige tombée quelques jours plus tôt, mettant ainsi un terme à une messe fantastique de près de deux heures.

Ave Marilyn

D’un point de vue purement divertissant, ce concert était satisfaisant dans son ensemble : sono calibrée, chansons justement interprétées, set rondement mené, aucun reproche particulier à adresser à qui que ce soit pour quoi que ce soit. L’expérience vivante s’avéra être pourtant bien plus que cela : galvanisés par leur messie, les fanatiques du Révérend sont parvenus à transformer ce qui devait être à la base un simple concert de rock en véritable cérémonial, chaque vers énoncé par Warner résonnant comme autant de litanies reprises à l’unisson par des fidèles venus se faire prêcher la bonne parole. Hypnotisant son assemblée à chacune de ses interventions, Marilyn Manson captive par l’aura, presque mystique, qui émane de lui… parfois même à l’image d’un certain Nazaréen qu’il continue pourtant de mépriser : “Il y a une chose que j’ai apprise en désintox’ : fuck Jesus.” C’est effectivement avec ces paroles que le Révérend a entamé le “Personal Jesus” de Depeche Mode.

Pourtant, impossible de ne pas percevoir la dimension prophétique que les fans confèrent au personnage de Marilyn Manson. C’est justement cette situation presqu’absurde qui rend l’expérience transcendante : voir sanctifié, voire même presque sacralisé, un personnage qui pourtant abhorre l’ordre religieux dans ses textes. L’ironie de la chose est si grinçante que c’en devient presque risible. Il n’en est rien : Brian Warner est bien conscient du statut de son avatar, et ce n’est d’ailleurs pas un hasard si celui-ci s’est auto-proclamé Empereur Blême à l’aube de ce nouveau cycle. De plus, comme énoncé plus haut, Marilyn Manson n’usurpe nullement son statut : délivrant une prestation scénique aux antipodes de ce que ce même Manson pouvait accomplir sur scène il y a maintenant presque deux décennies de cela, le Révérend, épaulé de son frère d’armes Twiggy Ramirez et de son nouveau bras droit Tyler Bates, n’a désormais plus besoins d’artifices pour fasciner.

Dommage diront certains, ces frasques étant justement ce qui faisaient la saveur d’un concert de Marilyn Manson. Mais sérieusement : continuer à brûler des Bibles sur scène en 2015, à 45 ans ? Il y a un temps pour tout, et Warner l’a très bien compris. Et puis, honnêtement, cela ne serait pas digne d’un Empereur, aussi excentrique soit-il...

Entre rock démoniaque et transe religieuse, la messe du Révérand Manson fut une expérience fascinante : il est surprenant de voir qu'aujourd'hui encore, la ferveur de certains fans est demeurée intacte malgré les années. Il est encore plus surprenant de voir la capacité pourtant insoupçonnée qu'ont ces mêmes fans à transformer ce qui s'annonçait initialement comme une soirée dédiée à la musique en véritable procession célébrant un personnage iconique. Enfin, last but not least, qu'il est ironique de voir de nouveau la neige tomber abondamment en quittant le Terminal 5, cette même neige qui avait pourtant empêché le concert de se tenir quelques jours plus tôt. C'est bien toi, Juno ?

Setlist : 1. Deep Six - 2. Disposable Teens - 3. mOBSCENE - 4. No Reflection - 5. Killing Strangers - 6. Sweet Dreams (Are Made of These) - 7. Cupid Carries a Gun - 8. Rock Is Dead - 9. The Dope Show - 10. Third Day of a Seven Day Binge - 11. Personal Jesus - 12. This Is the New Shit - 13. The Mephistopheles of Los Angeles - 14. The Beautiful People - 15. Irresponsible Hate Anthem

Rappel : 16. Coma White

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