Wobbler
Afterglow
Produit par
1- The Haywain / 2- Imperial Winter White / 3- Interlude / 4- In Taberna / 5- Armoury
S'ouvrant par "The Haywain" qui joue les ambiances folks renaissance à la Gryphon, le second album de Wobbler rappelle la volonté qu'a le groupe de renouer avec le rock progressif des premiers temps, le plus aventureux et le plus exigeant. S’étant fait une petite réputation parmi les amateurs, Wobbler revient avec un nouvel opus qui met au goût du jour ses premières compositions datant de 1999 (mais enregistrées un peu moins de dix ans plus tard). On a donc entre les oreilles l’origine musicale du combo associée à un savoir-faire développé après quelques années de pratique. Un programme alléchant, d’autant plus que la pochette, revisitant le Jardin des délices (le claviériste est également à la peinture), confirme leur bon goût pictural.
Bien sûr, au regard de la temporalité complexe qui relie les deux opus (plusieurs années entre leurs sorties certes, mais les compostions du nouvel album sont anciennes), Afterglow est dans les pas de Hinterland – à moins que ce ne soit l’inverse. Et l’album, quoique relativement court (une grosse demi-heure) n’en est pas moins dense. Il se compose de deux grandes suites d’une durée avoisinant le quart d’heure, entrecoupées de petites sauteries tout droit sorties de la Renaissance, rappelant la dimension folklorique du groupe.
La densité de l’album tient en plusieurs points. C’est d’abord une question instrumentale puisque l’opulence est de mise à ce niveau. Sans évoquer les outils plus classiques du rock, mettons en avant les nombreux instruments acoustiques, du violoncelle au fameux tournebout (très présent sur "Armoury") en passant par la flûte, de laquelle les intermèdes folks raffolent, de même que les longues pistes. Il faut également parler des claviers analogiques dont toute la gamme semble être utilisée au profit de sonorités et d’atmosphères variées, parfois surprenantes.
Ensuite, l’épaisseur d’Afterglow vient principalement des deux grandes pièces qui le composent. "Imperial Winter White" est la plus réussie, avec une première partie très complexe aussi bien rythmiquement (on passe du ternaire aux rythmes syncopés facilement) avec des jeux sur les thèmes, les ruptures brutales et le volume, puis une seconde plus mélodique et absolument délicieuse (aussi bien sur le pont assez véloce que sur la partie chantée). "In Taberna", plus mélancolique, est également plus complexe mais marie les moments expérimentaux avec de beaux passages au violon ou des moments folks. Malgré l’exigence de la musique, on est à chaque fois raccroché par des digressions funky, des mélodies de claviers, un solo de flûte langoureux … Un équilibre précaire que cette musique heurtée parvient à faire ressentir, et dont la difficulté rythmique est relevée par une basse ronde très présente. Un exercice qui n’est pas sans évoquer le premier album de Steve Hackett dans le jeu de guitare, dans les claviers et surtout dans ce mélange des genres entre expérimental et symphonique.
Afterglow, en revenant sur les premiers temps du groupe, est un parfait complément à son prédécesseur tant il creuse et diversifie cette direction esthétique. Il s'agit là d'une première époque du groupe puisque la suite, toujours aussi pertinente, montrera une évolution vers d’autres contrées.