Triumph
Progressions of Power
Produit par Triumph
1- I Live For The Weekend / 2- I Can Survive / 3- In The Night / 4- Nature's Child / 5- Woman In Love / 6- Take My Heart / 7- Tear The Roof Off / 8- Fingertalking / 9- Hard Road
A partir de Just a Game, Triumph a presque totalement abandonné ses velléités progressives qui avaient mâtiné son hard-rock jusqu’alors. Leur musique se voulait plus directe, très américaine dans son interprétation, sans manquer de virtuosité (Emmett est un guitariste épatant), et le succès était au rendez-vous.
En 1980, le groupe décide de ne prendre aucun tournant spécifique lié au changement de décennie (n’attendez pas de claviers dégoulinant) et continue sur sa lancée avec Progressions of Power, digne successeur du troisième opus. Un album tout fait de hard-rock parfois grandiloquent mais sans ambition progressive, si ce n’est la pièce classique/flamenco "Finger Talkin’", écho époustouflant à "Fantasy Serenade" et petite autosatisfaction du guitariste qui se déclinera de disque en disque.
Il faut donc vous attendre à un Hard-Rock très typé outre-Atlantique tout au long des quarante minutes gravées sur vinyle. "I Live for the Weekend" où la débauche de notes et le rock’n’roll revisité sévissent efficacement, rappelle un peu le voisin Ted Nugent du Michigan. Cette orientation se retrouve avec beaucoup de classe sur "Nature’s Child", un hard-rock séduisant et assez bluesy dans son approche (l’intro évoque un peu Deep Purple – "No No No"), ou bien servie par des claviers typés 1970’s sur "Woman in Love". Sur Progressions of Power, Triumph propose souvent des morceaux plutôt calibrés, mais la sauce prend et monte facilement : le son Heavy de "Tear the Roof Off" nous entraîne immédiatement dans sa vague, tandis que "Hard Road" brille par ses ornements andalous et son refrain accrocheur (ne prenez pas peur sur l’introduction un peu FM). Une démonstration de force pour Rick Emmett sur ce beau titre de fermeture.
Le seul single ayant connu un petit succès, "I Can Survive", joue la carte attendue du contraste entre arpèges et accords plus saturés, avec un refrain à la Toto téléguidé. Un côté grand public qu’on retrouve par ailleurs dans certains traits du chant et dans la présence de chœurs sur "In the Night", mais cela est contrebalancé par le fait qu’il soit interprété viscéralement et possède d’excellentes interventions de guitare. Il faut l’avouer, nous sommes moins convaincus par l’expérience de crooner sur "Take My Heart", composition toujours incompréhensible … Bref, Triumph aguiche, mais mis à part ce faux-pas, il ne perd pas sa boussole électrique.
Progressions of Power ne fut pas un triomphe (impossible de ne pas la faire celle-ci) pour le groupe, tout en préparant le terrain pour des choses bien plus époustouflantes. Car si Triumph fut dans l’ombre de Rush, au moins dans la postérité, Progressions of Power est indubitablement dans l’ombre d’Allied Forces, le chef-d’œuvre du groupe.