The Brian Jonestown Massacre
Bravery, Repetition and Noise
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1- Just for Today / 2- Telegram / 3- Stolen / 4- Open Heart Surgery / 5- Nevertheless / 6- Sailor / 7- You Have Been Disconnected / 8- Leave Nothing for Sancho / 9- Let Me Stand Next to Your Flower / 10- If I Love You? / 11- (I Love You) Always / 12- If I Love You? (New European Gold Standard Secret Babylonian Brotherhood Ci
C'est un fait, le Brian Jonestown Massacre, dont le nom constitue une référence improbable dans sa simultanéité, au membre fondateur et tragiquement disparu des Rolling Stones et au massacre orchestré par Jim Jones à JonesTown en 78, a vu sa carrière exploser avec la sortie du film Dig en 2004. C'est bien simple, personne avant cela ne connaissait le groupe d'Anton Newcombe. Ou presque, si l'on considère l'exception formée par les quelques badauds ayant pu tomber au hasard d'une sortie nocturne dans un club de San Fransisco sur l'une des performances scéniques explosives du groupe, ou par quelques obscurs amateurs du pourtant-fameux label indépendant Bomp! Records, sur lequel le groupe est signé pendant l'essentiel de sa carrière et dont la qualité du catalogue n'est plus à prouver...
Le documentaire, qui s'attarde sur les débuts de carrière du BJM et des biens-nommés Dandys Warhols, présente pourtant le frontman comme un tyran illuminé, dont l'ego n'a d'égal que la débordante addiction à plus ou moins à tout ce que l'on peut trouver de drogues dans les rues de San Fransisco, certes talentueux (dans ses bons moments), mais, donc, trop bouffé par la dope pour assurer un avenir à son groupe. Mais, allez comprendre pourquoi, la carrière du bougre s'en est vue hautement améliorée, puisque soudainement, l'amateur moyen de rock avait entendu parler du BJM, et somme toute, trouvait probablement la formation plutôt cool. C'est ainsi que sortirent de l'obscurité de l'underground une poignée de très bons et tout aussi méconnus albums du groupe, enregistrés entre 1996 et 1998, (le BJM est extrêmement productif, puisqu'en l'espace de deux ans, ont peut effectivement parler d'une "poignée" d'albums) dont Take it From the Man!, Give it Back, Their Satanic Majesties' Second Request ou encore Thank God for Mental Illness. Inspirés du shoegaze anglais des 80's et de la british invasion des 60's (notamment dans son évolution psychédélique), influences quasi-obsédantes chez Newcombe, ces quelques albums sont, raisonnablement, à qualifier comme quelques-uns des plus honorables efforts en matière de psychédélisme discographique à dater des deux dernières décennies écoulées.
Pourtant, et c'est bien malheureux, depuis cette nouvelle accession de Newcombe au statut de musicien rentable, il n'a pratiquement rien produit qui soit de ce niveau. "Pratiquement", car Bravery, Repetition and Noise, sorti en 2001 sur Bomp! Records, constitue une exception notable à cette règle. Sensiblement mieux produit que la moyenne de la discographie du BJM (la production "home-made" étant l'une des particularités du groupe ; l'enregistrement de Thank God for Mental Illness n'aurait parait-il coûté que la modique somme de 17$ et 36 cents), ce disque, le premier après l'éviction du groupe de la major TVT, demeure sans aucun doute l'un des plus réussis du BJM.
Accompagné d'une petite dizaine de musiciens, (le line-up du BJM brille par son interchangeabilité, près de 50 personnes y ont joué...), Newcombe livre ici douze morceaux naviguant entre brit pop (l'introductif "Just For Today", "Telegram"), psychédélisme 60's ("Stolen", "(I love You) always") et shoegaze ("Let me stand next To your Flower"). Avec un rythme général en mid-tempo, le groupe fait ici des merveilles quant il s'agit de mettre en place des mélodies pop accrocheuses, comme en témoignent l'entêtant "Nevertheless", ou Newcombe se découvre un (faux) accent british, la ballade shoegaze "Sailor" ou le très bon "You Have Been Disconnected", où un duo orgue/flute mellotron installe une mélodie ensoleillée qui évoque le psychédélisme "bubble gum" de certains des morceaux des Dandy Warhols. La ballade acide "Open Heart Surgery" aux cœurs fantomatiques, qui juxtapose une ligne de guitare planante, marque de fabrique des enregistrements de Newcombe, sur des nappes de mellotron, ou le très hispanique "Leave nothing for Sancho" , dans la veine de ce que le groupe avait produit sur Thank God for Mental Illness, rappellent quant à eux les enregistrements du groupe datant de la fin des 90's. Bien que regroupant la plupart des influences majeures du groupe, Bravery, Repetition and Noise s'impose comme l'un des ensembles les plus consistants et cohérents jamais produits par Newcombe et sa clique à géométrie variable. S'appuyant sur des compositions solides et une production plus "propre" qu'à l'accoutumée, B,R & N reprend l'essentiel des codes établis par les précédents albums du groupe : voix éthérées, omniprésence de la guitare acoustique, orgue électrique en guise de décor sonore, guitares lead menant les morceaux, rythmique marquée et percussions étoffées. Un album très réussi en somme, qui synthétise le meilleur de la formation et clôt un chapitre de sa carrière puisque les sorties suivantes n'atteindront jamais vraiment le niveau de ce que le groupe produisait à la fin des 90's. Comme quoi, Newcombe était probablement plus inspiré quand personne ne s'intéressait vraiment à son groupe.