Ouf !
Sophie Hunger revient avec
The Danger of Light, et elle a retenu la leçon tirée de son précédent album. On lui avait reproché un manque de personnalité, transformant
1983 en un album trop peu digne d’intérêt. A croire (fièrement) qu’elle a souhaité tenir compte de qu’il lui a été dit, tout du moins sur Albumrock. Le résultat est probant, et la suissesse nous livre ici un nouvel album admirablement conçu, celui qu’on attendait pour nous réconcilier avec son univers.
Car on sait
Sophie Hunger capable de prouesses musicales. Elle nous l’avait promis lors de ses concerts intimistes (à fuir sur de plus grosses scènes) et lors de son premier album studio,
Monday’s ghost. Une intimité qui caractérise la bernoise par des morceaux plutôt lents, teintés de jazz et de folk. Ce mélange de deux styles chaleureux à la douce mélancolie qui colle aux couleurs automnales. Pas de doute,
The danger of light nous parle, illustre notre époque et, paradoxalement, nous éclaire d’une petite lueur à la fois rassurante et troublante, comme la bande son d’une séance de cocooning sous un déluge d’orage. "Souldier", "Can you see me?" et "Take a turn" nous transmettent agréablement ce frisson, servi par de magnifiques mélodies. Mais
Sophie Hunger s’autorise aussi quelques touches de rock et de blues ("Rererevolution") ou quelques nuances pop rassurantes ("Holly hells") pour accélérer le rythme. Et pour servir son univers si particulier,
Sophie Hunger sait s’entourer. Son inséparable tromboniste Mickael Flury est en bonne place pour feutrer davantage l’ambiance ouatée du disque, épaulé entre autres par la guitare de Josh Klinghoffer (
Red Hot Chili Peppers,
PJ Harvey) ou la batterie de Steven Nistor (
Danger Mouse).
Sophie Hunger, elle, s’amuse toujours à battre le chaud et le froid de sa puissante voix sur des chansons chantées essentiellement en anglais ou un peu en allemand (dont une phrase en français sur "Das neue"). Sorti de la composition et l’interprétation, c’est par une production léchée et un mixage parfait que cet album se démarque particulièrement. Un son qui fait ressortir les instruments, les basses profondes et sombres, et les aigus scintillant. Un régal d’audiophilie.
Alors oui, tout est bon dans cet album. Production, composition, interprétation. Le trio indispensable pour réussir son album, marquant le retour de
Sophie Hunger, qui se révèle donc d’une extrême efficacité. Tant mieux, car échaudé par le précédent, la découverte de
The danger of light rassure et ravit.