Scott Weiland vs. Stone Temple Pilots, round 2. Pendant que les autres balisent le terrain pour une septième production studio attendue pour la fin de l’année en écumant actuellement les salles américaines, l’autre tente tant bien que mal d’assurer la promotion de son dernier opus. Hélas, en plus de devoir faire le deuil de son ami et guitariste Jeremy Brown, décédé le jour de la sortie de ce
Blaster, Scott Weiland enchaîne les tares en tout genre qui n’améliorent en rien la réputation pour le moins fragile de celui qui fut un temps frontman des
Stone Temple Pilots et de
Velvet Revolver : copieuses insultes adressée à ses fans, auto-éviction schizophrénique d’
Art of Anarchy, ou encore prestations vocales aussi lamentables qu’embarrassantes de morceaux des Pilots qu’il a pourtant chantés le premier, et ce bien avant Chester Bennington.
Y a-t-il pour autant quoi que ce soit de surprenant ? Rock star tant à la fois sulfureuse qu’emblématique des nineties, l’acoquinement de Weiland avec l’alcool, la coke et même le crack n’est un secret pour personne, et bien que celui-ci assure - et c’est tout à son honneur - n’avoir planté aucune aiguille dans son bras au cours des treize dernières années, force est de constater que l’aura de l’homme n’a de cesse de s’estomper un peu plus chaque jour, si bien que celui-ci n’est aujourd’hui plus que l’ombre de la diva charismatique et controversée qu’il était auparavant.
Pourtant, envers et contre tous, le bougre s’accroche et persévère, livrant une nouvelle galette enregistrée avec le backing band qui l’a accompagné pendant les sept années ayant suivi la sortie de son dernier album solo “Happy” in Galoshes... et le split de Velvet Revolver. Parce que le groupe a su rester soudé malgré ces sept années de semi-traversée du désert, c’est sous le nom de Scott Weiland and the Wildabouts que ce nouvel opus voit finalement le jour.
Auparavant épaulé par le jeu versatile de Dean DeLeo ou les décharges virtuoses de
Slash, Scott Weiland évolue avec cette nouvelle formation dans un environnement plus générique manquant significativement d’intérêt, enchaînant les morceaux aux riffs tout juste accrocheurs et lésés par une production mollassonne (“Hotel Rio”, “Youth Quake” ou encore “White Lightning”, similaire à du
Alice in Chains sous sédatif) : impossible en effet de ne pas s’adonner à l’inévitable comparaison avec les Stone Temple Pilots et se dire que chaque morceau proposé ici aurait très certainement gagné en impact et en pertinence si joué par les frères DeLeo et Eric Kretz.
Il n’y a pourtant pas grand-chose à reprocher aux musiciens, chacun faisant preuve d’un jeu impeccable et laissant même échapper par moments quelques soupçons de pèche jubilatoires (“Bleed Out”, “Parachutes” et surtout le “20th Century Boy” de
T. Rex et Marc Bolan, décapant). La faute serait davantage à incomber à Weiland qui, bien que délivrant toutes ses parties avec justesse, a indéniablement perdu de sa superbe : en lieu et place d’une voix aux accents de crooner tantôt rauque, tantôt râpeuse, on se retrouve ici face à un timbre générique sans grande saveur, peinant à insuffler à ces morceaux une quelconque impression de rugosité pourtant si caractéristique du Weiland des nineties - bien que celui-ci se marie à merveille avec les accents country de “Circles” qui clôt brillamment l’album avec délicatesse et réussite.
Avec ses hauts et ses bas, Blaster s’avère être en définitive un album tout juste correct - voire même presque moyen - duquel on était en droit d’attendre bien mieux, en témoigne un “Modzilla” qui ouvre pourtant la galette en grande pompe, sublimé par une basse funky à souhait et un phrasé aussi dynamique que percutant - pas tout à fait aux antipodes du rock pourtant éclectique des Stone Temple Pilots, mais presque. On ne peut d’ailleurs que saluer le choix qu’a fait Scott Weiland en ne s’essayant pas à l’imitation pure et simple de son ancienne formation - parce qu’encore une fois : au jeu de la comparaison, à voir le résultat lorsque celui-ci tente de se détacher de l’étiquette d’ex-chanteur des Pilots qui lui colle à la peau, on ne peut s’empêcher de pouffer devant l’hypothétique résultat risible auquel aurait aboutit la démarche inverse.