Riot
Narita
Produit par Steve Loeb
1- Waiting For The Taking / 2- 49er / 3- Kick Down The Wall / 4- Born to Be Wild / 5- Narita / 6- Here We Come Again / 7- Do It Up / 8- Hot For Love / 9- White Rock / 10- Road Racin'
Dans l’imaginaire collectif français, le Japon d’après-guerre paraît comme un pays passif, pacifié (le refus de la guerre y est en effet porté comme une valeur importante, puisque constitutionnelle – article 9), ordonné. C’est que la lutte contre l’aéroport de Narita est peu connue dans nos contrées. Pour sa construction, les expropriations ont dû se multiplier, entraînant la mobilisation des paysans locaux, d’étudiants soixante-huitards japonais (oui, oui, ça existe) et de militants d’extrême-gauche. Les captations des documentaires d’Ogawa sont particulièrement impressionnantes, notamment pour la violence de la répression qui fit plusieurs morts et des milliers de blessés.
C’est cet événement, suffisamment connu à l’époque pour inspirer un groupe américain, que tente d’illustrer la pochette de ce second album de Riot : avion qui atterrit, Mont Fuji en arrière fond, amoncellement de crânes, et la fameuse mascotte à tête de phoque en sumotori. Il faut dire que le groupe est particulièrement apprécié au pays du soleil levant, ses premiers singles y étaient sortis en exclusivité en 1977. Et bien sûr, comme tant d’autres formations, ils sortiront un album live au Japon (1992).
La formation de New-York est une des rares qui parvint à négocier la transition entre le hard-rock de ses débuts jusqu’au Heavy-metal (notamment avec Thundersteel, tranchant complètement avec la première partie de leur carrière). Mais nous sommes dans la phase 1 du groupe, en 1979, et Riot propose un énergique et honnête hard-rock plein de groove et de pêche. C’est ainsi que de bons titres solides se multiplient : "Waiting for the taking", "Kick Down the Wall", "Do It Up"… Des sommets peuvent être atteints avec l’efficace « Hot for Love » avec ses percussions affûtés, presque en transe, son solo délectable … et surtout un final endiablé !
Mais Riot reste dans un hard-rock classique. Ils s’inscrivent en effet dans la lignée de leurs prestigieux prédécesseurs, dont Steppenwolf, à qui l’on doit surement l’expression "heavy-metal (thunder)". A ce titre, Riot fait une reprise de "Born to Be wild" absolument dantesque, qui vaut bien la version originelle.
Un des temps forts de l’album est l’instrumental "Narita" : le groupe ne savait peut-être pas comment exprimer les terribles événements qui l’inspirèrent (si ce ne sont les sirènes en fin de titre). Excellent titre qui annonce déjà les effusions métalliques futures de la NWOBHM, avec une guitare virtuose et mélodique, "Narita" est épique à souhait. Le morceau défile au rythme des envolées des guitaristes, un grand moment, indéniablement. L’apothéose de l’album se trouve à sa toute fin, avec "Road Racin’". Riff et solo imparables, refrain entraînant, breaks à tout va. Tout le potentiel du groupe pour renouveler le genre est déjà en gestation.
Après cet album, le groupe connaît une percée phénoménale, accompagnant Black Sabbath, AC/DC, Rainbow, Budgie, Scorpions … Et le début de son âge d’or discographique. Pour le reste, l’album est un entre-deux, très ancré dans le hard-rock des années 1970, ce qui n’empêche pas des fulgurances et quelques chefs-d’œuvre ("Narita" et "Road Racin’", évidemment). Si vous avez 45 minutes et un peu de goût pour le hard U.S. … Décollez.
A écouter : "Road Racin’", "Narita"