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Critique d'album

Red Hot Chili Peppers


Californication


(06/08/1999 - Warner Bros. - Funk-Rock - Genre : Rock)
Produit par Rick Rubin

1- Around The World / 2- Parallel Universe / 3- Scar Tissue / 4- Otherside / 5- Get On Top / 6- Californication / 7- Easily / 8- Porcelain / 9- Emit Remmus / 10- I Like Dirt / 11- This Velvet Glove / 12- Savior / 13- Purple Stain / 14- Right On Time / 15- Road Trippin'
Note de 4/5
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Note de 3.5/5 pour cet album
"Plaidoyer en faveur d'un album que beaucoup n'ont toujours pas digéré..."
Nicolas, le 04/09/2009
( mots)


S'atteler à la défense de Californication revient quasiment à devoir assurer la plaidoirie d'un type accusé d'homicide au premier degré et pris en flagrant délit sur les lieux du crime avec l'arme à la main. Effectivement, à y regarder de loin, l'affaire semble entendue : en travestissant leur funk-rock libidineux à l'aide d'une panoplie pop radio-friendly, les Red Hot Chili Peppers ont osé commettre un double crime de lèse-majesté : trahir leur fan-base tout en se faisant un maximum de pognon (15 millions d'exemplaires écoulés, on vous laisse imaginer les conséquences pour le portefeuille des quatre gus). Pourtant, si tout y semble plus ou moins calculé pour flatter le grand public, et malgré des défauts regrettables (le plus dommageable étant sa longueur), il n'en reste pas moins que cet album s'avère fondamental dans la discographie comme dans l'histoire du groupe, et surtout bien meilleur que ce qu'on voudrait nous faire croire.


Flashback. En 1992, en pleine tournée de promotion du gargantuesque Blood Sugar Sex Magic, John Frusciante pète les plombs et lâche brutalement ses camarades du jour au lendemain, se retranchant (à tort ou à raison) derrière l'impossibilité de continuer à assumer le succès du groupe. Si du côté de la triplette Kiedis-Flea-Smith les choses ne se goupillent pas trop mal (avec l'arrivée expresse de Dave Navarro et l'enregistrement du terrible One Hot Minute), du côté du guitariste esseulé, en revanche, c'est une autre paire de manche. L'homme peine à survivre artistiquement, enregistre un album solo qui reçoit un accueil tout juste poli, et finit par sombrer dans une déchéance humaine et financière extrême couplée à une dépendance à l'héroïne qui manque de l'emporter dans la tombe. Six ans plus tard, lorsque Flea rend visite à son vieux pote en centre de désintox' et qu'il lui propose de reprendre du service, Frusciante ne se fait pas prier très longtemps. Miracle : revoici le quatuor magique de Mother's Milk et de BSSM enfin réuni ! Sauf que les choses ont changé, radicalement, et que Frusciante n'est pas revenu dans le groupe sans conditions.


En effet, élément nouveau dans le processus de songwriting des Red Hots, les morceaux ne sont presque plus issus de jams improvisés : Kiedis et Frusciante assurent à eux deux l'essentiel de l'écriture mélodique, des textes et des riffs, laissant les deux autres compères compléter leur partie respective comme ils l'entendent (comprenez : à l'instinct). Autre évolution majeure, la conception du disque s'oriente vite vers une tonalité pop-rock souvent mélancolique, tournant autour de thèmes comme le sexe (bien sûr) mais aussi la drogue, le suicide et la mort, preuve que le retour parmi les vivants de Frusciante ne s'est pas fait sans mal. Une fois encore à la barre de l'esquif, Rick Rubin ne fait surtout rien pour contrarier ses poulains, se contentant d'aller benoîtement dans le sens du duo directeur. La production se complexifie un poil, les tempos ralentissent sensiblement, l'énergie débridée laisse place à la retenue et (parfois) à la contemplation, des harmonies vocales fouillées font leur apparition, et la voix de Kiedis prend une importance qu'elle n'avait jamais eu auparavant. Résultat : les premières écoutes du disque se révèlent aussi déstabilisantes que décevantes, surtout quand on compare cette galette au monument sexe-rock, pardon, funk-rock, qu'est BSSM. Et pourtant...


Pourtant, l'album se révèle gorgé jusqu'à l'os de pépites pop brûlantes et désenchantées. On pourra dire tout ce qu'on voudra, mais "Californication" est un titre tout bonnement énorme, quasiment du niveau de "Under The Bridge", la morgue lascive de Kiedis n'y ayant d'égale que le génie de la ligne de basse de Flea. On pourrait en dire autant de "Scar Tissue", petite bombe de cool ménageant ses crescendos d'harmonisation vocales avec une classe folle. Mais il n'y a pas que ces deux singles : Californication prend un malin plaisir à varier les plaisirs et à distiller ses atours de façon quasi-anarchique. L'album renoue d'abord avec un funk gentiment édulcoré et marié à un refrain porteur ("Around The World"), puis le perfuse sous wah-wah à haute concentration pour le revitaliser ("Get On Top") avant de lâcher la bride à la guitare plus hendrixienne que jamais de Frusciante ("I Like Dirt"). Plus loin, c'est Flea qui reprend les rennes du disque et qui transporte "Purple Stain" au rythme de son groove vicieux, avant de dynamiter littéralement l'excitant "Right On Time" qui se retrouve accroché au tempo trépidant du génial bassiste - essayez donc de jouer ce qu'il réalise ici sur sa quatre corde, bon courage - tout en se voyant gratifié d'une superbe envolée vocale sur le refrain. Et quand on s'éloigne du funk, on a toujours de quoi se nourrir de la plus honorable manière. Au choix dans le menu : une bastos metal-pop balancée sans ménagement à la tronche de l'auditeur ("Parallel Universe") ; une balade faussement calme, truffée de secondes voix habiles et qui s'agite gentiment au rythme d'éparses giclées de guitare ("Other Side") ; une construction mélodique aussi complexe que nonchalante, soufflant alternativement le chaud et le froid avec une égale facilité ("The Velvet Glove"), ou même une charge monolithique qui se marie à merveille à un pont d'une beauté à couper le souffle ("Savior"). Si ça, ça n'est pas du tout bon, je ne sais pas ce que c'est. Non mais.


Seulement, il y a un hic. Autant les trois albums précédents faisaient preuve d'une constance indéfectible dans la qualité, autant celui-ci pèche par quelques excès concentrés au cœur du disque. Difficile, en effet, de ne pas se montrer un brin sévère à l'égard de "Porcelain", bluette soporifique rigoureusement sans intérêt, ou encore de "Emit Remmus" qui parvient à créer l'exploit de sous-employer à l'extrême chacun des quatre musiciens sans même réussir à aligner une mélodie potable. Même "Easily", pourtant pas désagréable dans ses premiers instants, se retrouve phagocyté par son envahissant refrain qui monopolise sans génie la plupart du morceau. Dommage, car si on omet ces quelques manquements, Californication se révèle être d'une tenue tout à fait appréciable, et même parfaitement exceptionnelle quand on le compare aux autres productions pop-rock de l'époque. On ne vend pas 15 millions d'albums par hasard, quoiqu'on puisse en penser. Alors oui, Mother's Milk, Blood Sugar Sex Magic et One Hot Minute sont évidemment un bon cran au dessus, mais il serait vraiment dommage de bouder ce concentré de funk-pop interprété avec maestria par quatre énergumènes parmi les plus talentueux de leur génération. Même s'il ne faut bien évidemment pas signer de chèque en blanc aux Red Hots. La preuve ? Leurs deux dernières livraisons commencent à sérieusement manquer de jus. Raison de plus pour aller de nouveau piquer une petite tête dans la piscine orange, non ?

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