Oasis
Don't Believe The Truth
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1- Turn up The Sun / 2- Mucky Fingers / 3- Lyla / 4- Love Like A Bomb / 5- The Importance Of Being Idle / 6- The Meaning Of Soul / 7- Guess God Thinks I'm Abel / 8- Part Of The Queue / 9- Keep The Dream Alive / 10- A Bell Will Sound / 11- Let There Be Love
La saga de l'auto-proclamé "meilleur groupe de rock'n'roll au monde" commence en 1994 avec la sortie de Definitely Maybe, un album chic et choc, aux influences à situer quelque part entre la british invasion, les Smiths ou les Jam, et dont les singles imparables "Supersonic", "ShakerMaker" ou "Live Forever" envahissent alors les ondes chez nos voisins britons. Un premier album dévastateur qui replace avec brio l'Angleterre au centre de la sphère musicale, et s'impose vite comme un manifeste de la mouvance Britpop alors naissante : l'Oasis-mania est en marche. Problème majeur, outre What's the Story, Morning Glory, qui fait suite au légendaire album pré-cité, les frères Gallagher n'ont jamais réussi (en tout de même près de dix ans) à retrouver la forme de leurs essais passés, mention spéciale pour Heathen Chemistry, album fade au possible, qui avait fini de lasser les derniers aficionados du groupe de "Madchester".
Après un énième changement de line up avec l'éviction d'Alan White, deuxième batteur du groupe, en faveur de Zak Starkey (le rejeton de Ringo Starr) et un premier essai raté et abandonné, produit par le duo electronica Death In Vegas, la sortie de Don't Believe The Truth, sixième LP du groupe, laissait franchement planer le doute sur un éventuel retour en grâce d'Oasis. Don't Believe the Truth réussit pourtant là où les trois précédents opus avaient échoué, puisqu'il a le bon goût de redonner foi en la capacité des frangins à se renouveler, tant dans le songwriting que dans l'esthétique musicale.
L'introductif "Turn Up the Sun", titre rentre-dedans et relativement explosif (notamment grâce à la frappe furieuse de Starkey) pose les bases d'un album pourtant plus pop, plus léger aussi, que ses prédécesseurs. Un album qui voit également la formation (enfin) s'affirmer en tant que groupe puisque les désormais fidèles Gem Archer à la guitare et Andy Bell à la basse (ex- Ride et Hurricane N°1), participent ici activement à la composition des morceaux, au même titre que le lead-singer/grande gueule Liam. Étrangement, les pistes les plus proches du son si particulier d'Oasis, tout en guitares saturées et envolées rock'n'pop, sont justement écrites par Archer (l'excellent "A Bell Will Ring") ou Bell ("Turn Up the Sun", "Keep the Dream Alive"). Quant aux Gallagher, (comme à leur habitude) ils se permettent ici de pomper et adapter avec un certain talent quelques classiques, de "Street Fightin Man" des Stones sur "Lyla", à "I'm Waiting For The Man" du Velvet sur "Mucky Fingers", en passant par "Golden Brown" des Stranglers sur "Part of The Queue" et livrent quelques pistes pop franchement inspirées (le duo "Let There Be Love", "Love Like A Bomb", "The Importance Of Being Idle", "Guess God Thinks I'm Abel"), procurant à l'album une tonalité nouvelle, moins électrique et grandiloquente qu'auparavant, et probablement à l'origine de la réussite de cet opus.
Ce léger changement de direction, une production moins prétentieuse ainsi qu'une inspiration (enfin) retrouvée dans le songwriting, font sans conteste de Don't Believe The Truth l'un des albums les plus cohérents et consistants du groupe à dater d'aujourd'hui. Pas encore de quoi retrouver l'étincelle explosive d'un Definitely Maybe, mais a au moins permis de croire encore un peu en la capacité des deux lads à nous livrer de bons albums jusqu'à l'explosion du tandem une certain soir d'août à Paris. Quant à savoir si entre Beady Eye et les High Flying Birds, l'amateur de britpop a finalement gagné au change de ce split fraticide, c'est une question qu'on laissera à chacun le soin de trancher.