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Critique d'album

Marquis de Sade


Dantzig Twist


(19/10/1979 - EMI - New-Wave / Post-Punk - Genre : Rock)
Produit par Thierry Haupais

1- Set in Motion Memories / 2- Henry / 3- Walls / 4- Conrad Veidt / 5- Nacht Und Nebel / 6- Who Said Why ? / 7- Japanese Spy / 8- Skin Disease / 9- Boys-Boys / 10- Smiles
Note de 4/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"Un vent glacial s'abat sur Rennes. Marquis de Sade est dans les bacs."
Jules, le 04/12/2023
( mots)

1979, il fait froid dans le monde du rock. Très froid. Les punk ont déjà la gueule de bois et toute l'excitation déclenchée outre manche par les Damned, Sex Pistols et consorts s'essouffle. Après avoir conspué dinosaures du prog rock qu'ils voulaient bouter hors de l'industrie, les voici eux-mêmes démodés. Le post-punk nait. A l'inverse du punk qui hurle et se déchaine, le post-punk se renferme sur lui-même et exprime intérieurement une noirceur glaciale. En Angleterre, c'est l'émergence de Joy Division, Public Image Limited, The Cure, ou Siouxies And The Banshees.


En France, Téléphone commence à s'imposer sur la scène rock parisienne laissant les anciens groupes avant-gardistes de province sur le carreau (prog pour la plupart) et livrant une musique assez polissée à la mode des Stones. Pourtant, une nouvelle scène va surgir de l'ombre, tout droit venue de Bretagne. C'est en effet à Rennes que plusieurs artistes, influencés par ce nouveau genre branché, vont se faire connaître et suivront le mouvement tracé par les anglais débouchant plus tard sur ce qui sera appelé la new wave.


Ce faisant, le groupe Marquis de Sade, rennais donc, sort son premier album intitulé Dantzig Twist. Ce groupe a pour leaders un binôme composé de Franck Darcel, guitariste, et Philippe Pascal, chanteur. Les deux artistes partagent le même goût pour ce qu'il se passe de l'autre côté de la Manche mais sont aussi influencés par ce qui vient d'ailleurs. Outre la nouvelle liaison en ferry qui permet au jeune Darcel de rejoindre l'Angleterre pour humecter le post-punk britannique, Philippe Pascal va aussi s'inspirer de la littérature allemande pour écrire.


Tout cet ensemble fait la singularité de ce premier album. C'est un nouveau type de musique, un nouveau type d'écriture, et aussi, un nouveau look. Attention cependant, ici, on ne chante pas de beaux poèmes d'amour ou d'histoires légères. Le style musical est parfois pesant et lourd (positivement) comme on le remarque dès l'entrée en matière ("Set In Motion Memories"). On est frappés d'office par le chant de Philippe Pascal qui contribuera, en plus de son charisme sur scène, au succès - éphémère - du groupe. La voix est tiraillée, torturée, pleine de noirceur. au même titre que les textes d'ailleurs.


C'est un point important du style post-punk. Au-delà de la musique assez lourde, les textes font souvent référence à des thèmes plutôt difficiles tels que la maladie, le suicide, la dépression et autres "joyeusetés". A l'image de "Skin Disease", dont les paroles tranchent avec une musique très entraînante et un riff accrocheur ou de "Smiles" dont le titre, au vu du texte, ne peut pas plus mal porter son nom. Ce morceau de conclusion installe un malaise que l'on se surprend à apprécier, la voix de Pascal aidant vraiment à la chose. 


Mis à part le texte, la musique de cet album pose les bases de ce genre nouveau avec une curieuse impression. Il y a beaucoup de choses, beaucoup d'instruments, ce qui pourrait, au premier abord, laisser craindre à une incohérence et une dispersion. Au contraire, le tout forme un ensemble tout à fait cohérent et très bien assemblé. Le saxophone est là, sans sonner ringard sur le morceau le plus calme de l'opus ("Boys Boys"). La guitare est elle reine en se voulant très stridente, avec des coups de médiators puissants nous rappelant le punk par instants ("Nacht Und Nebel") et plus précis par ailleurs avec des riffs qui tracent la ligne de ce The Cure et consorts feront plus tard ("Who Said Why ?").


Il y a aussi du piano, très lourd, sur les deux morceaux phares de l'album qui se suivent en continu ("Walls" et "Conrad Veidt"). Ce dernier morceau est un des classiques de cette "première" période du groupe et qui le résume tout à fait. Des mots d'introduction parlés en allemand par Darcel, une ambiance pesante dans sa globalité, un riff accrocheur, un duo basse/batterie collant tout à fait au style de l'époque. Ce morceau aurait pu tout à fait être diffusé dans les boites branchées pour faire danser (à la condition, une fois de plus, de ne pas écouter les paroles si vous voulez passer une bonne soirée). 


Du très très bon donc pour ce premier album, chaudement recommandé pour les fans de post-punk, de Joy Division et, même, des premières heures de The Cure. Vous retrouverez ce que vous aimez à la sauce française. En guise d'anecdote de fin, Marquis de Sade se produira en 1979 au Théâtre de l'Empire pour la promotion de cet album. Une captation de ce concert sera diffusée sur Chorus présentée à l'époque par Antoine de Caunes. Et ce dernier d'annoncer la première partie, filmée aussi, "un petit groupe débutant venant d'Angleterre qui s'appelle... The Cure." On y verra Robert Smith, jeune, mince et hésitant précéder Marquis de Sade annoncé ce soir-là en tête d'affiche. Comme quoi, la France n'a pas toujours eu à envier ses meilleurs ennemis anglais en terme de rock...

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