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Critique d'album

Mark Lanegan


Somebody's Knocking


(18/10/2019 - - - Genre : Rock)
Produit par

1- Disbelief Suspension / 2- Letter Never Sent / 3- Night Flight to Kabul / 4- Dark Disco Jag / 5- Gazing From The Shore / 6- Stitch It Up / 7- Playing Nero / 8- Penthouse High / 9- Paper Hat / 10- name and number / 11- War Horse / 12- Radio Silence / 13- She Loved You / 14- Two Bells Ringing At Once
Note de 4/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"Un Mark Lanegan version 2.0, plus électronique et très convaincant."
Maxime L, le 21/11/2019
( mots)

Un jour il faudra se rendre compte de l'importance de Mark Lanegan dans l'histoire du rock indépendant. Bien sûr, les plus aguerris n'ignorent rien de son influence depuis que le vieux Grizzly est apparu fin des années 80 au sein des Screaming Trees. Mais le très grand public, celui là même qui surfe à fond sur le revival rock à grand coups de réédition duMtv Unplugged de Nirvana ignore sans doute qu'avant Bleach, Nevermind et autres, Cobain s'était acoquiné avec Lanegan notamment pour un projet nommé "The Jury" mais qui ne verra jamais le jour sur disque. L'une des seules traces commune gravée étant sur "Where did you sleep last night" de Leadbelly, parue sur The Winding sheet , premier album solo de Lanegan en 1990. Le reste appartient à l'histoire. La gloire, le sommet des charts et la chute douloureuse pour Kurt Cobain ; la popularité bien plus relative et la poursuite d'une carrière solo habile et foisonnante pour Lanegan.


C'est bien simple, tout ce qui tourne autour de ce qui se fait de mieux en terme de rock sur la côte Ouest américaine depuis les années 90 a un rapport de près ou de loin avec Mark Lanegan. L'une des formations pionnières du Grunge, les Screaming Trees, c'est lui. Le folk rock bluesy et chanté à grandes lampées de Bourbon sur Bubblegum en 2004, c'est encore lui. Les collaborations mythiques au sein des Desert Sessions, puis dans la crème du stoner des Queens of the Stone Age (Hanging Tree n'est il pas le meilleur titre de Songs for the deaf ?), c'est toujours lui. 


Depuis, c'est quasiment un album par an sous son nom, sans compter les innombrables collaborations annexes (Isobel Campbell, les QOTSA, Mondo Generator, Melissa Auf Der Maur, Soulsavers) et j'en passe. Alors oui, l'offre est touffue, et il est parfois difficile de s'y retrouver, ou du moins de trouver une vraie cohérence entre toutes ses productions, pas forcément toutes sur le même niveau d'accessibilité. Et puis, dans le monde musical moderne, marqué du sceau des impitoyables sites de streaming où les nouveautés sont chassées toutes les semaines par "la" nouvelle sensation du moment ; il faut sans doute aussi savoir (et pouvoir) créer et susciter l'attente. Et ça, le sieur Lanegan s'en contrefiche puisque chaque année, tel un Woody Allen vent debout, il nous livre sa production annuelle. Et si la qualité est très souvent au rendez-vous, elle demeure assez inégale, son dernier excellent album remontant pour moi à Blues Funeral (2012), ce qui en soit est récent, mais qui a vu défiler entre temps Phantom Radio en 2014, Gargoyle en 2017 ainsi que quelques compilations ou remixes plus ou moins ombrageux.


Et puis un jour, il y a ce single, "Night Flight to Kabul" qui ressort de l’algorithme nébuleux des plateformes de streaming. Un single qui détonne par son électricité, sa rythmique, bien éloignée de la noirceur et du blues sépulcral que nous propose habituellement Mark Lanegan. Bien sûr, on savait l'américain à l'aise sur des registres très variés (Isobel Campbell, Soulsavers par exemple), mais on se retrouve étonné par la teneur de ce titre, optimiste serait sans doute un poil exagéré, mais on est assez loin du spleen des albums précédents.


Et cette perception, finalement assez nouvelle, va se confirmer à la sortie du disque, le 18/10 dernier. Après un titre inaugural au format "classique" avec ses guitares rock gorgées de reverb, c'est un second titre bien plus catchy et aventureux auquel on a droit. Ce "Letter Never sent" est une franche réussite, avec un refrain que l'on se surprend à fredonner dès la seconde écoute. Qu'on ne s'y méprenne pas, le bluesman a toujours des barbelés en guise de corde vocales, mais c'est une orientation plus électronique qu'il semble vouloir donner cette fois. Son chant reste imprégné par la même volonté, à savoir l'émotion du timbre plutôt que la technique, et il y parvient magnifiquement, tout au long d'un album qui pour une fois, semble puiser ses influences de l'autre côté de l'atlantique, lui l'Américain pourtant très ancré dans son Ouest Natal.


L'intro électronique de "Night Flight to Kabul" semble très anglaise, tout comme la construction de "Dark Disco Jag" qui peut furieusement évoquer Depeche Mode. On y trouve même des inspirations typiquement Bowiennes, comme sur l'excellent "Gazing from the Shore", dont l'intro peut faire penser à "I'd rather be High" sur The Next Day et sur lequel même sa façon de chanter sur les couplets rappellent le Thin White Duke.


Et ces influences britanniques lui vont bien au vieux Grizzly. Les touches tantôt très Mancuniennes, tantôt presque "indus" distillées ça et là sont du meilleur effet, conférant à certains morceaux une vraie énergie positive,"Stitch it Up" en est la parfaite illustration.


Mark Lanegan ne délaisse pas pour autant ses velléités de morceaux plus calmes, "Playing Nero" est là pour le rappeler. Mais là où ses ballades mid-tempo auraient été dépouillées, décharnées et entièrement acoustiques sur ses disques précédents, il semble ce coup-ci y apporter un décor bien plus électronique, avec une ligne de basse typiquement New Orderienne du meilleur effet. Quant aux nappes de claviers et plus généralement l'atmosphère du morceau, on se croirait presque revenu en 1989 sur une hypothétique face B de Disintegration de The Cure. L'album défile, et nous permet de nous délecter de ces "nouvelles" influences. 


Somebody's knocking est dense, 57 minutes, mais on ne s'y ennuie à aucun moment. Même la petite faute de goûts dans l'intro de "Penthouse High" est pardonnée et rattrapée par un titre suivant, "Paper Hat" représentatif des forces de l'album, et synthèse parfaite de ce que peut être l'artiste : voix ténébreuse, fine ligne de guitare façon Depeche Mode période Exciter, choeurs discrets sur une boite à rythme sobre et super efficace.


Vous l'aurez compris, c'est un vrai bon disque que l'on tient entre les mains, à plus forte raison quand on en attendait pas grand chose. Malgré une carrière immensément riche de collaborations et une discographie très copieuse, sans être toujours parfaitement cohérente, Mark Lanegan parvient à nous surprendre ; et se faire saisir et capturer par un disque reste définitivement un des plaisirs simple de la vie, et rien que pour ça, merci Mark Lanegan.

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