Les Tit'nassels

Il y a des disques comme cela qui vous laisse après écoute une sensation bizarre au creux des oreilles.

Pareil, réédité par le label at(h)ome à l'occasion de la sortie prochaine (janvier 2006) du nouvel album des tit'nassels est de ceux-là. Quelque part entre sentiment guilleret et gravité de rigueur, on se sent mi-figue mi-raisin. Pour ceux qui ne connaîtraient pas ce duo singulier made in Saint-Etienne, les Tit nassels versent dans la chanson française de la plus pure tradition, entre textes ciselés et très travaillés et mélodies lumineuses. Une originalité cependant : les deux compères ont une manie récurrente, utiliser des instruments tous plus originaux les uns que les autres, donnant une véritable identité au "groupe". Entre chroniques du quotidien emplies de jeux de mots d'une subtilité et mâturité étonnante, et mélodies gouailleuses entêtantes à souhait, les Tit Nassels sont peut-être de ceux qui pourraient réconcilier ou faire découvrir la chanson à ceux qui ont tendance à croire qu'elle s'arrête à Renaud et consors.

D'emblée, ils nous emmènent faire des "tit'ballades" bien sympathiques. C'est ensuite "le coeur en chrysanthème" et "à sang à l'heure" que le duo stéphanois nous donne à voyager, avec ces comptines empreintes de gravité et de tendresse. "Première seconde classe" ou "carte orange" marque une tendance à la critique acerbe, appuyée par un kazoo très ironique se moquant du parisianisme. Les textes, savamment ciselés, servent de même à appuyer des thèmes peu utilisés comme la dénonciation de la grande et hypocrite famille d'artistes accomplis, comme dans "les pavés". Le tout appuyé par des mélodies magnifiques et entêtantes à l'instar de "Le blitzz", "le clown" ou encore "l'arrière cour".

Un grand retour en enfance mâtiné de toute la gravité de l'âge adulte. At(h)ome ne s'y est pas trompé en signant sous licence ces deux compères pour lesquels on peut se permettre un espoir démesuré. N'hésitez pas : prenez place dans la grande roue des Tit'Nassels, vous n'en reviendrez pas...