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Critique d'album

Les hurlements d'léo


Bordel de Luxe


(28/02/2011 - Ladilafé - Caravaning - Genre : Rock)
Produit par

1- Bordel de luxe / 2- De l'Allure / 3- Ticket pour le Chaos / 4- Le Valse de Copenhague / 5- La Haine / 6- Trader of Love / 7- No Hier / 8- L'allumette Facile / 9- Black Heart In Procession / 10- El Fuego / 11- Grand Merci / 12- Avril sur le Nil
Note de 4/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"Rock, Caravaning, Punk, Java, Chanson ... Le plus facile reste de s'y plonger"
Emilie, le 23/06/2011
( mots)

''Non mais je t'explique ma grande, moi les Hurlements ça fait 15 ans que je les suis''. Ah ouais ? Ah ouais. Depuis 95 le groupe bordelais a vécu beaucoup d'aventures : un premier album Café des Jours Heureux, un deuxième deux ans après, La belle affaire, puis des rencontres, notamment avec Les Ogres de Barback, qui mènera à Un air deux familles en 2001. Puis dans la même énergie, Ouest Terne et Temps Suspendu voient le jour. Trois ans après, toujours par pur plaisir personnel, et sous une ardeur nouvelle, les Hurlements jouent aux dandys dans un Bordel de Luxe aux bas résilles révoltés. Pour ce cinquième projet studio, quatre des membres ont laissé leur place à quatre nouveaux : deux venant des Touffes Krétiennes, un habitué de la console de son, et un autre qui maniait les baguettes lors de remplacements. Quatre mecs pouvant donc intégrer ce moule bien particulier emprunté par le groupe, sans fracas et en osmose même.

Respectant l'image du titre, l'album s'ouvre sur un cafouillis rangé de cuivres en costard, joyeuse fanfare jazzy-rock quelque peu satirique (observatrice ?) dans les paroles, mais idéale pour clamer haut et fort que ''Les HDL sont bien vivants''. Il ne reste qu'à scruter dans notre imagination sonore pour voir les membres sur leur trente et un, le cheveux gelé, la chaussure cirée et l'œil taquin tirant sur un coin de la bouche pour le sourire de biais qui va avec. La puissance d'un seul morceau mène à tout ce décor, oui oui. Tant énervés dans leurs compositions que dans leurs textes, les huit compères sont là pour exhiber leurs tripes sous une verve rockeuse et électrisée. Chacun se file le micro sans accroc, déblatérant galamment des idées bien ancrées, sans passer pour des révolutionnaires endimanchés. A coté de ce punch, les Hurlements savent  manier la délicatesse des instruments tout aussi bien, pour un effet tout aussi fort. ''De l'allure'' par exemple, nous donne des couplets à la corde fine et délicate, avant de jeter des refrains cuivrés et violonisés, mâles et enivrants. Quasi préciosité et crescendo rythmique et instrumental, que l'on retrouve également dans ''El Fuego'' ou ''No Hier'', titres laissant tramer une poigne jamais oubliée.

On croise également du carrément décapant dans ce Bordel de Luxe, où l'esprit rock prédomine et supporte des textes où la légèreté n'est pas de mise : exemple du sacré ''Ticket pour le chaos'' qui fait swinger l'œil amère, ou ''La Haine'' sur laquelle on se fait littéralement gifler par les trompettes, saxo et cordes. Autre agression musicale, où l'on est sous une sorte pression constamment, ''Grand merci''. Le ton et la rythmique vocale irritent aussi puissamment le ventre, que la danse agacée des cuivres derrière, une mise mal-à-l'aise par cette fusion mais qui conduit à l'addiction. Dans ce jeu d'atmosphères déroutantes, on verse vers l'intrigant et l'humide avec cette magnifique ''Valse de Copenhague'', où le violon aigu tend à faire vaciller l'esprit, quand le tempo engraine on ne sait où, sur fond de cuivre enragé, pour un texte qui jouxte. On en tire presque une grimace de compassion musicale, tellement ce violon vient titiller en rythme. Ovni de l'album qui déjante, ''Trader of love'', aux chœurs féminins, où l'ambiance pub ouaté et pompes cirées est remplacé par un piercing au téton et une veste en cuir (on aime la prestation live menée par Kebous, même si le piercing n'existe pas).

Bien que ce Bordel de Luxe regroupe un bouquet de titres fantastiques, il faut bien un coup de cœur, un morceau qui sort du lot, que l'on peut écouter 450 fois en une journée sans se lasser, et sans perdre cette émotion que l'on a ressenti à la première écoute. Celui qui fait qu'on se sent puissant et mélomane les yeux fermés, alors que l'on est avachi sur le canap' les cheveux en friche et en chaussettes. Pour cette fois, ce sera, presque incontestablement,  ''Black Heart in Procession''. La magie ici tient dans les instruments, qui créent un mélange d'émotions faisant passer de la douceur à la poigne, du lent au saccadé, du sévère au complaisant, du détendu à la grimace empathique. Ça cisaille, ça gratte, ça pommade, ça transperce.

Alors que les troubadours rockeurs referment le bal sur un instrumental pluriface, regroupant des touches de peinture de chacune des influences errantes de l'album, on se sent galvaudé, remontés, hurlements-d'léotés. Kebous, Juju, Erwann, Pépito, Jojo, Vince, Reno et Jean-Nico ont leurs idées bien en tête, et défendent tout ces non-dits bien-pensés à coups de cuivres, cordes, baguettes et accordéon sans ménager les effets. Ils détiennent ce pouvoir de faire vivre chaque chanson intensément, soit par leur textes loin de la légèreté, soit par la puissance des instruments, qui sont sur chaque titre un tourbillon inévitable. Dans ce Bordel de Luxe, les émotions naissent et se tiennent via chaque accord, et c'est bien ce qui semble être la clef de ce dernier opus.
Bon et quand même, qu'on se le dise … huit mecs sur scène, c'est plutôt plaisant.

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