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Critique d'album

Junip


Junip


(23/04/2013 - City Slang - - Genre : Chanson / Folk)
Produit par

1- Line of Fire / 2- Suddenly / 3- So Clear / 4- Your Life Your Call / 5- Villain / 6- Walking Lightly / 7- Head First / 8- Baton / 9- Beginnings / 10- After All Is Said and Done
Note de 4/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"La folk du cosmos"
Kevin, le 02/05/2013
( mots)

Junip c'est le groupe de José Gonzalez, plus connu pour ses reprises folk (Teardrop de Massive Attack, Heartbeat de The Knife) que pour ses efforts solo. Pourtant, ce Suédois du sud a toujours eu de nombreux arguments à faire valoir. Une idée de la folk particulière et traditionnelle à la fois, enveloppante, presque nue et une voix et un phrasé reconnaissables entre mille. À ceci près que tout ce qu'a entrepris jusqu'ici le bonhomme manquait de souffle, d'endurance, malgré un succès probant à chacun de ses deux albums. À décliner toujours les mêmes ficelles à l'infini, l'ami José a rendu des copies frustrantes, presque lassantes malgré du talent à la pelle. Enfermé dans son cocon, il a finalement eu la meilleure idée de toute sa carrière au début du siècle en s'associant à deux autres musiciens, Elias Araya à la batterie et Tobias Winterkorn aux claviers. Après un premier album en 2010, Fields, déjà abouti, ils reviennent sûrs de leurs armes avec cet album éponyme, à la jaquette aussi classieuse que minimaliste. 

En offrant un cadre à son talent évident, Gonzalez a finalement trouvé la structure qui lui manque bien souvent lorsqu'il est tout seul. Dès les premières notes du single introductif "Line Of Fire", on ressent physiquement cette folk chamanique, densifiée par les claviers de Winterkorn et enveloppée d'un caractère épique dévastateur grâce à une progression tendue et l'apport de violons tempétueux. Cette folk écrite à l'encre noire se distille jusqu'à "So Clear" et "Your Life, Your Call", qui rebondissent sur les claviers et les percussions, jouant avec les rythmes avec talent et facilité. C'est là que le band de Gonzalez se montre à son avantage, dans ces titres uptempo, où la couleur des claviers se versent dans le décor, comme si la splendide et sensible voix du chanteur entraient enfin en résonance avec un environnement à sa hauteur. Comme si elle se nourrissait avec gourmandise de ce que ses potes lui offrent. Et en guise d'offrande, le blues-rock bestial de "Villain" lui donne l'opportunité de se battre avec des armes qui ne sont pas les siennes. Jusqu'à l'avènement de "Walking Lightly", progression quasi-métaphorique, mystique à souhait, bardé d'arrangements subtils et d'un jeu de percussion au poil. Un titre aussi beau qu'intelligent, un voyage intérieur et naturel, qui joue également le rôle de pont spirituel entre les deux parties de l'album.

Car dès lors, les douceurs gentiment expérimentales vont foisonner. Des prises de risques bien senties, moins conventionnelles mais tout aussi savoureuses et des compositions alambiquées qui vont se multiplier. Et de l'importance d'Araya et Winterkorn de s'accentuer, encore, tant ils décuplent les ambiances chaudes et solaires de Gonzalez. Du primitivisme répétitif de "Head First" à la ligne de basse psychédélique de "Baton" qui danse comme un cobra sous le soleil, venimeuse et craintive à la fois, c'est tout Junip qui invoque en même temps l'ensemble des dieux du cosmos et des démons de la Terre. Et quand "Beginnings" déboule, c'est Gonzalez qui s'éloigne pour laisser ses musiciens s'emparer du pinceau et peindre le décor à quatre mains. Une batterie omniprésente, tantôt martiale tantôt en bout de course et une myriade de synthés et de sons qui balancent des couleurs jusqu'à épuisement pour un rendu aussi beau que touchant. Mais le chanteur traîne sa carcasse juste derrière, se laissant driver tout en posant sa voix traînante comme des pièges malicieux. Avant que Junip ne s'achève sur un "After All Is Said And Done" aux allures de crépuscule mélancolique, riches de ses arrangements envoûtants et de son rythme abattu qui se rend compte que nous sommes plus proches de la fin que du début. 

Junip nous offre donc un album beau, diablement beau. Une folk sombre et lourde, humide, qui se dévoile à chaque écoute un peu plus. D'une richesse folle et d'une retenue élégante, Junip fait exploser le talent de trois musiciens au sommet de leur art. La synergie est constante, puissante et s'en est allé créer dix comètes surprenantes et fabuleuses. L'album ne souffre d'aucun trou d'air, d'aucun manque d'inspiration, il enchaîne le somptueux au délicat avec brio. Unique. 

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