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Critique d'album

Jethro Tull


Benefit


(20/04/1970 - Reprise - Rock progressif 70's - Genre : Rock)
Produit par Terry Ellis

1- With You There to Help Me / 2- Nothing to Say / 3- Inside / 4- Son / 5- For Michael Collins, Jeffrey and Me / 6- To Cry You a Song / 7- A Time for Everything? / 8- Teacher / 9- Play in Time / 10- Sossity; You're a Woman
Note de 4/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"Une transition mésestimée vers Aqualung ..."
François, le 20/01/2020
( mots)

Une anecdote vaut parfois plusieurs paragraphes. Une personne suffisamment âgée pour avoir écouté la radio pirate "Radio caroline" me racontait que lors de sa sortie, "With You There to Help Me", morceau d’ouverture de Benefit, était diffusé en boucle sur la station. Que peut-on en déduire ? Premièrement, Jethro Tull est devenu une référence en 1970, au moins outre-Manche. Deuxièmement, que leur nouvel album est très bon, notamment son premier titre. En effet, l’arrivée de John Evan aux claviers (un compagnon de jeunesse d’Anderson), qui impose davantage son instrument dans l’esthétique du groupe, densifie leur composition. Et l’excellent "With You There to Help Me", d’une bonne longueur (six minutes) sans encore être progressif, en est la preuve : utilisation d’effets pour enchanter le jeu de flûte, des contrastes entre folk/piano et riffs et solo de guitare tranchants (quel final !), c’est une pièce envoûtante. 


Le contraste et la nuance sont vraiment les maîtres mots de Benefit. Sur "Nothing to Say", le riff scandant toute la structure (celui de l’intro) est assez électrique quand, sur les parties chantées, le morceau est plutôt calme et mélancolique. Une mélancolie qui entoure cet album plein de désillusions sur le show-business qui déçoit Anderson. La magnifique ballade folk "Sossity You’re a Woman" est l’illustration de cette obscurité parcourant Benefit ; obscurité qui se retrouve ici dans la signification des paroles (autour d’un jeu de mot entre le prénom et "society" - faîtes attention à la prononciation, pour des paroles passablement engagées). Mais des moments plus légers empêchent tout fatalisme (surtout la deuxième face, "Inside", entre autres). 


Le gros atout de l’album est de proposer une variété musicale aussi immense qu’elle est intense. Jazzy sur "Alive and Well and Living in", hard-rock teinté de blues puis pop sur "Son", beaucoup plus hard sur "To Cry You a Song" et sa descente mémorable … Le travail sur les mélodies est approfondi, même sur des titres plus courts et efficaces comme "A Time for Everything ?" d’une densité à couper le souffle, brillamment composé au niveau harmonique. C’est peut-être sur cet aspect qu’on trouve les premiers signes du Jethro Tull progressif, en plus de certaines expériences bruitistes ("Play in Time"). Après tout, c’est l’esprit du temps. 


L’album se vend bien, même si la critique, sans être défavorable, ne lui rendit pas les honneurs mérités. Son problème est d’être pris entre deux albums (surtout le suivant) devenus cultes, statut qu’il n’a pas obtenu. Pourtant, aucun morceau n’est à jeter. De plus, la plupart du temps, la composition est minutieuse, harmoniquement et mélodiquement inattaquables ; on peut y ajouter une inspiration qui empêche toute répétition mais qui renforce l’identité esthétique du groupe. Benefit est incontestablement un grand moment de musique, et une bonne transition entre Stand Up et Aqualung.  


A écouter : "With You There to Help Me", "A Time for Everything ?", "Sossity You’re a Woman" 

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