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Critique d'album

Godsticks


Inescapable


(07/02/2020 - Kscope - Métal progressif - Genre : Hard / Métal)
Produit par

1- Denigrate / 2- Victim / 3- Relief / 4- Surrender / 5- Numb / 6- Change / 7- Breathe / 8- Time / 9- Resist
Note de /5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"Un excellent album à la fois puissant, technique et mélodique qui ravira tous les amateurs de métal progressif"
Quentin, le 06/03/2023
( mots)

Lorsque le groupe de prog-rock The Pineapple Thief illumine le divan du Monde à Paris en 2017 dans le cadre de sa tournée post The Wilderness, Darran Charles, guitariste invité qui avait participé à la composition de certains morceaux de l’album (un chef d’œuvre dont vous pourrez retrouver la critique ici, soit dit en passant), éclabousse le public de toute sa virtuosité mélodique à la 6 cordes. Sans jamais verser dans la démonstration technique, le guitariste sublime par son toucher les différentes compositions déjà fort impressionnantes du catalogue des Anglais. C’est cette prestation mémorable, à laquelle nous assistons ébahi dans l’assistance, qui est à l’origine de notre découverte de l’un des meilleurs albums de métal progressif de ces dernières années et que l’on vous présente sur Albumrock.


Avant de jouer les special guest pour le voleur d’ananas, Darran Charles est surtout le frontman chanteur/guitariste du groupe de métal alternatif à tendance progressive nommé Godsticks, formé en 2006, originaire du Pays de Galles, et auteur de cinq albums entre 2009 et 2020. Plutôt tourné vers une forme de progressif très éclectique incorporant des éléments de jazz-rock fusion à la Zappa, le groupe affine sa signature musicale et opère un tournant plus métal à partir du troisième album Emergence. La sortie de Faced With Rage en 2017 et la signature sur le label Kscope entérinent cette évolution et contribuent à leur donner un peu plus de visibilité, bien méritée.


Avec son dernier album sorti en 2020, Inescapable, Godsticks franchit un palier supplémentaire et livre certainement son album le plus cohérent et abouti. Le quatuor conserve la complexité de composition et la forte exigence technique qui le caractérisent tout en délivrant des morceaux beaucoup plus accessibles et immédiatement marquants, que ce soit par la qualité des mélodies ou la profondeur émotionnelle du chant de Darran Charles, dont le timbre de voix se situe pile entre Chris Cornell et Serj Tankian (c’est dire la puissance vocale du Gallois). La qualité de production du groupe s’est également encore affinée avec une plus grande limpidité favorisée par son inscription sur le label Kscope. On notera enfin de manière un peu anecdotique la participation de Daniel Tompkins, chanteur de TesseracT, invité pour enregistrer des harmonies vocales pour le fougueux titre d’ouverture "Denigrate" et son riff introductif à la violence saccadée.


Car le moins que l’on puisse dire c’est que le groupe ne manque pas d’énergie et que sa couleur est bien celle du métal, s’appuyant sur un combo basse/batterie des plus solides, bien mis en avant dans le mix, et à partir duquel se déploient des riffs de basse et de guitare particulièrement agressifs. On a déjà évoqué à ce titre l’intensité de "Denigrate" qui ouvre le bal avec sa batterie martiale, le groove de sa basse et son solo de guitare stratosphérique. Musicien perfectionniste, Darran Charles n’a d’ailleurs eu de cesse que d’améliorer son phrasé guitaristique depuis les premiers albums et livre des partitions lyriques de toute beauté (en particulier sur "Surrender", "Victim" ou "Time") qui rappellent le doigté des maitres Steve Vai ou Guthrie Govan (dont il a d’ailleurs fait les ouvertures). Ajoutez à cela un chant puissant et éraillé, et on a parfois l’impression d’écouter du Soundgarden sous amphétamine, en particulier sur les incandescents "Resist" ou "Relief" qui raviront les auditeurs friands de grosse saturation.


Mais le groupe sait aussi apporter des respirations bienvenues et se paie le luxe de composer des ballades bouleversantes comme "Surrender" et "Breathe" où l’on ne peut que s’agenouiller devant la performance vocale lyrique et torturée de Darran Charles. Le quatuor s’avère particulièrement à l’aise dans cet exercice et on est loin de la mièvrerie des morceaux plein de guimauve dont certains groupes de métal progressif sont coutumiers (et dont Dream Theater possède la recette artisanale).


Reste enfin les morceaux les plus ambitieux du groupe qui lorgnent du côté du progressif, à l’image d’un des meilleurs titres de l’album, "Victim", et sa progression émotionnelle vers une ambiance de plus en plus sombre et angoissante dont la tension sourde se voit seulement illuminée par un solo flamboyant. On appréciera également la technicité des excellents "Numb" et "Time" qui sauront rassasier les adeptes des morceaux à tiroir et de changements de rythmes qui vont bien. Enfin, on clôturera cette chronique par l’épique et redoutable "Change" et ses 9 minutes au compteur qui débute par des arpèges lancinants évoquant le "The Final Thing On My Mind" de The Pineapple Thief entrecoupé d’un riff frondeur à mi-parcours et une envolée métal menée tambour battant puisant directement son inspiration cette fois-ci dans le "Anesthetize" de Porcupine Tree. De belles références pour un morceau d’anthologie, qui permet à Godsticks d’entrer dans la cour des meilleurs groupes de métal progressif de ces dernières années.


Une progression qui ne devrait pas s’arrêter là puisqu’un nouvel album intitulé This Is What A Winner Looks Like est prévu pour cette année, toujours sur le label Kscope. Il nous tarde de pouvoir mettre la main dessus et l’on se met à rêver secrètement d’une nouvelle tournée partagée comme par le passé avec The Pineapple Thief, qui devrait également rempiler en 2023 pour un 15ème album studio.


 

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