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Critique d'album

dredg


Leitmotif


(30/05/1998 - Autoproduction - alternatif / progressif - Genre : Rock)
Produit par Dredg

1- Symbol Song / 2- Movement I: @45°N, 180°W / 3- Lechium / 4- Movement II: Crosswind Minuet / 5- Traversing Through The Arctic Cold We Search for the Spirit of Yuta / -Inte / 6- Movement III: Lyndon / 7- Penguins in the Desert / 8- Movement IV: RR / 9- Yatahaze / Movement V: 90 Hour Sleep
Note de /5
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Note de 3.0/5 pour cet album
"Les prémices d'un groupe singulier, entre audace et maladresses"
Franck, le 09/10/2024
( mots)

Dredg fait partie de ces groupes qui n'ont jamais vraiment trouvé leur place dans le paysage du rock. Trop expérimental et progressif pour certains, trop doux et inoffensif pour d'autres, le quatuor californien brille avant tout par son caractère inclassable. Aussi méconnu que talentueux, les Américains avaient déjà fait l'objet d'une mise en lumière dans nos colonnes, à l’occasion de la chronique de leur quatrième album, The Pariah, the Parrot, the Delusion (2009), sans doute leur œuvre la plus accomplie à ce jour. Nicolas avait également pris la défense de Chuckles and Mr. Squeezy (2011), un album controversé souvent perçu comme un naufrage artistique, mais qui, malgré ses faiblesses, ne mérite pas le lynchage public qu’il a subi au moment de sa sortie. Autant dire que le traitement réservé au groupe justifiait à lui seul l’arrêt définitif du projet... Et pourtant, depuis début 2024, des rumeurs d'un éventuel retour ont commencé à circuler sur la toile. Bien qu’aucun élément concret n'ait encore été confirmé, cela aura permis de raviver la flamme et de replonger dans la discographie d’un des groupes les plus singuliers de la scène rock alternative des années 2000.


Étant moi-même amateur des albums El Cielo (2002) et Catch Without Arms (2005), je ne m’étais pourtant jamais réellement attardé sur le premier effort du groupe sorti en 1998. C’est donc avec un regard neuf que j’aborderai la présente chronique.


Une seule écoute suffit pour l’affirmer : Leitmotif constitue l’œuvre la plus bigarrée et expérimentale de dredg ! Dès les premières notes, les Américains affichent leur volonté de bousculer les codes préétablis avec une superposition contrastée de sonorités claires et saturées, enchevêtrée sur une rythmique plus complexe qu’il n’y parait ("Symbol Song"). Les riffs jaillissent de manière totalement imprévisible, tandis que les structures des morceaux oscillent entre des passages épurés et des sections plus denses et abrasives, créant une atmosphère tour à tour pesante et lumineuse. Cette approche, qu'elle soit volontaire ou non, témoigne d’une conception résolument conceptuelle de l’album, invitant l’auditeur à explorer les méandres torturés et fragmentés de l’univers de dredg. Cette impression est d’ailleurs renforcée par les différents interludes ("Movement I à V"), qui étendent certains morceaux tout en conférant à l’ensemble une dimension mystique et contemplative. Ainsi, cette juxtaposition de sonorités diversifiées et de moments de pure expérimentation fait de Leitmotif une œuvre aussi déconcertante que fascinante.


Malgré l’audace des compositions et un style déjà bien affirmé, il reste néanmoins difficile de passer outre une production sonore vieillisante, ne favorisant pas toujours la lisibilité des lignes mélodiques, mais aussi d’un chant manquant encore de maitrise (souvent faux quand il joue la carte de l’émotion) et faisant preuve d’une ambivalence déroutante à l’image de quelques passages hurlés et autres moments de transe chamanique (parfois plus proche du gémissement en phase d’agonie…). Il y a également de quoi rester perplexe face à certains choix créatifs qui nuisent clairement à l’appréciation globale : les 2 très longues minutes de bruitages électroniques sur la dernière partie de "Traversing Through The Arctic …" ; ou encore le morceau caché - dénué d’intérêt - en fin de disque qui semble retranscrire une session live (difficile à dire tant le son est dégueu). Il est parfois préférable d’assumer la durée relativement limitée d’un album, plutôt que de se sentir obligé de meubler avec tout et n’importe quoi…


Leitmotif peut peiner à convaincre, c’est certain. Il est cependant indéniable qu’un véritable potentiel émane des différentes compositions. On appréciera ainsi plusieurs passages particulièrement savoureux, à l’image du groove et de l’exécution instrumentale de "Lechium", un titre qui n’aurait certainement pas dépareillé sur le S.C.I.E.N.C.E. de Incubus. D’autres sections évoqueront les débuts Tool, notamment lors de certaines montées en intensité construite autour d’un break tribal. Si certains morceaux – tels que "Penguins in the Desert" - sont profondément marquées par des sonorités typiques de la scène nü-metal (qui bat son plein à la fin des années 90), d’autres rapprocheront dredg de formations aussi inclassables que System of a Down – dont le premier LP sortait la même année - pour leur capacité commune à fusionner les genres.


Dredg signe avec Leitmotif un premier album qui n'hésite pas à expérimenter et à s’extirper de toute formes de conventions (ce qu’on peut justement attendre d’un premier opus). Le groupe californien en profite pour explorer différentes voies mélodiques (parfois plusieurs en même temps), quitte à en faire légèrement trop et paraître maladroit dans ses parti pris créatifs. Pourtant, Leitmotif demeure un réel coup d’éclat, dont l’audace et l’originalité lui valent une place particulière dans le cœur des fans. Une œuvre généreuse et habitée qui permet d’apprécier à sa juste valeur l’épatante évolution que dredg opèrera dès l’album suivant.


 


A écouter : "Symbol Song", "Penguins in the Desert", "Movement IV: RR"


 

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