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Desaparecidos
Read Music/ Speak Spanish
Produit par
1- What's New For Fall / 2- Man and Wife, the Former (Financial Planning) / 3- Manana / 4- Greater Omaha / 5- Man and Wife, the Latter (Damaged Goods) / 6- Mall of America / 7- The Happiest Place on Earth / 8- Survival of the Fittest/It's a Jungle Out There / 9- $$$$ / 10- Hole in One
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Talentueux, inspiré et hyperactif, Conor Oberst est à Omaha ce que Jack White est pour pour Détroit ou Josh Homme pour Palm Desert : un porte drapeau. Outre son excellent travail au sein de Bright Eyes, Park ave., Commander Venus, du projet avec le Mystic Valley Band et plus récemment avec Monsters Of Folk, Conor a également fait partie du groupe Desaparecidos qui livra début 2002 l'unique album Read Music/Speak Spanish.
Bien loin des mélodies folk de Bright Eyes, l'album de Desaparecidos est une énergique petite pépite, aux riffs aussi incisifs que les textes. Le chant énervé, souvent hurlé, les guitares stridentes nous livrent durant 35 minutes une toute autre facette de Conor Oberst, tout aussi crédible dans ce registre plus bruyant. Il n'y a rien à jeter dans cet album concocté soigneusement pour que le moindre riff, saturé au maximum, percute l'oreille comme un coup de poing destiné à nous ramener à la raison.
Sous le masque de l'ironie, sans cacher sa colère, Conor Oberst dénonce le matérialisme qui avilit les américains jusqu'à la débilité comme dans le très réussi "Mall Of America" ("And at the shopping epicenter, I have an agoraphobic fit, So buy a fountain soda, put some sugar on my tongue, I'll wake up, write some songs with no soul"), ou encore dans le titre à fleur de peau "What's New For Fall", pièce maîtresse de l'album. Le matérialisme est présent pour le meilleur et pour le pire au sein du couple, dans l'excellent titre en 2 parties "Man And Wife, The Former" et "Man And Wife, The Latter". Il s'attaque également à la politique étrangère des Etats-Unis, dénoncée par exemple dans "The Happiest Place On Earth" ("I got a letter from the army so I think I'll enlist, I'm not brave or proud of nothing, I just want to kill something").
Bruyant à souhait, avec un rythme enflammé, un chant virulent, hurlé, mais non dénué de mélodie, on ne sait dans quel tiroir ranger ce petit ovni : Emo ? Punk ? Garage ? Noise ? Et puis finalement, pas besoin de mettre une étiquette sur un album "one shot". Les fans de Conor Oberst apprécierons cette incartade bruyante de l'artiste, quand aux autres, ils y verront un album brillant transpirant le rock US enragé.