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Critique d'album

Blondshell


Blondshell


(07/04/2023 - Partisan - Indie Pop-Rock - Genre : Pop Rock)
Produit par Yves Rothman

1- Veronica Mars / 2- Kiss City / 3- Olympus / 4- Salad / 5- Sepsis / 6- Sober Together / 7- Joiner / 8- Tarmac / 9- Dangerous
Note de 2.5/5
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Note de 3.5/5 pour cet album
"Blondshell, ou comment le confinement et Miley Cyrus ont permis la sortie d'un des albums les plus enthousiasmants de 2023"
Maxime L, le 17/04/2023
( mots)

Le confinement a eu cela de positif qu’il a permit à certaines oeuvres de voir le jour, alors qu’elles n’étaient même pas un début d’embryon d’idée quelques semaines auparavant.


Plus qu’un album de confinement, “Blondshell” est un projet en soi, né de cette période d’isolement forcé. Nous sommes à l’orée de l’année 2020, et alors que Sabrina Teiltelbaum met une touche finale au second EP de son groupe “BAUM”, celle ci appelle son producteur, Yves Rothman, et lui annonce qu’elle ne souhaite finalement pas sortir le disque, ne se reconnaissant plus dans la dark pop alternative un peu foutraque qu’elle pratique depuis la sortie de ses premiers singles en 2017. En lieu et place de cela, elle lui fait écouter une démo rudimentaire et acoustique (qui deviendra l’excellent “Olympus”,) et Yves Rothman l’encourage à poursuivre dans cette voix “alternative rock” teinté d’influences 90ies.


Puis arrive donc le confinement, et avec lui ses différentes manières de s’occuper. Si la jeune américaine évolue depuis une dizaine d’années dans la dark pop indé, elle a toujours entendu (peut-être même plus qu’écouter) les disques qui ont fait le sel des années 90, entre grunge et brit-pop, sans forcément vouloir jusque là, emprunter précisément ce chemin. Elle raconte que c’est en entendant Miley Cyrus reprendre, toujours pendant le confinement, “Doll Parts” de Hole, que l’idée de replonger dans les albums des nineties vint à elle.


Et à l’écoute de ce premier album, on pense évidemment un peu à Courtney Love (bien plus qu’à Miley Cyrus), mais pas uniquement, les compos offrant pas mal de belles références, entre Seattle, The Cranberries en passant par la Brit-Pop, le tout avec une assurance classieuse, des guitares et des textes directs et saillants. Si les influences ne sont pas originales pour un rond, elle sont savamment distillées le long d’un opus court (32 minutes) mais terriblement efficace (coucou Metallica), voire rafraichissant, dans un début d’année relativement pauvre sur ce créneau.


La New-Yorkaise a pris son temps (3 ans pour fignoler 9 morceaux) et a des choses à dire, bien au delà de l’attitude de slacker désintéressée qu’on peut voir dans certains medias, qui suivent la jeune femme depuis pas mal de semaines flairant la potentielle nouvelle coqueluche de l’indie-rock. On retrouve déjà sur la toile pas mal de bouts de lives ou d’interviews, avec même très récemment une prestation au prestigieux Jimmy Fallon Show, le temps d’un “Salad” incandescent. Une posture là-encore très nineties, ceinture cloutée et mitaines noires, pour un morceau qui s’annonce d’emblée comme un des sommets de l’album, à la structure brûlante, que ce soit par son texte, ou de par l’aspect menaçant de sa section rythmique, allant même sur des territoires à la Queens Of The Stone Age (avec ce petit piano dans le fond), le temps d’un pont en tous points remarquable. Une chanson fabuleuse, qui tient plus de l’hymne rageur que du tube fédérateur.


Une colère contenue mais affirmée, et ce dès le morceau inaugural “Veronica Mars”, qui en deux minutes chrono parvient à poser quelques bases de la musique de la jeune Américaine, malgré un tempo faussement nonchalant à la Dandy Warhols, peut-être en référence à leur générique de la série éponyme*. Le disque s’écoute facilement, d’une traite (surtout compte tenu de sa durée), mais fort heureusement, il ne tombe pas dans le piège facile du catalogue des influences. “Kiss City” par exemple, saura surprendre par des touches presque soul-folk, le temps de couplets lents et lascifs, points de convergences entre pop, rock et références plus modernes, quelque part entre Lianne La Havas et Arlo Parks. Mais ne nous y trompons pas, Blondshell reste du rock, parfois saturé, mais également bien ancré dans son époque. Les guitares éthérées de “Sober Together” se promènent du côté des formidables Warpaint, tout comme la basse proéminente et les voix harmonisées de “Olympus”, le morceau avec lequel tout a donc commencé. Et si Sabrina Teiltelbaum connait très bien ces années 90, son déménagement de New-York vers Los Angeles est perceptible sur certains passages, je pense à “Sepsis”, autre grande réussite, où si les inflexions de voix évoquent les 2 Courtney (Love et Barnett), l’ambiance et les rythmiques chaloupées des guitares peuvent faire penser au rock typiquement californien d’Incubus au début des années 2000 (au passage leur meilleure période).


Les références sont, vous l’aurez compris, multiples, mais suffisamment cohérentes pour ne pas nuire à l’homogénéité de l’ensemble. Les tempos varient d’une chanson à l’autre, mais on se plait à s’imaginer écouter l’album comme dans 77% des clips des années 90 : en marchant, capuche relevée, le pas assuré et le regard droit, et en prenant soigneusement le temps d’envoyer tout le monde se faire foutre.


Et puis il y a ce contraste saisissant parfois, entre la douceur et la candeur apparente de certaines mélodies et des textes abordant des thématiques bien plus crûes (drogue, violences, etc). On pense au “Burn, Burn, Burn” d’”Olympus” scandé après un refrain mélodique fichtrement efficace, ou à l’âpreté des mots du sublime “Joiner” (quel refrain !), dont la forme emprunte directement à la musicalité de Dolores O’Riordan, période To The Faithful Departed (la meilleure donc). Blondshell se clôt sur “Dangerous”, autre moment de grâce, guitare voix et reverb poussées au maximum, quelque part au beau milieu de volutes de fumées entre Cigarettes After Sex et Wolf Alice. Une accalmie bienvenue, apaisée et qui met un point final à un disque très réussi (confirmant au passage l’immense vivier que constitue l’Indie-Rock féminin, très en vogue dans nos pages).


Pour conclure, si le confinement s’est avéré un fantastique prétexte à sortir tout et n’importe quoi (du film de Dany Boon en passant par The Lockdown Sessions d’Elton John, liste non-exhaustive), on peut aussi grandement le remercier (ainsi que Miley Cyrus) pour la beauté de cette oeuvre.


 


 


À écouter : "Salad", "Joiner", "Sepsis", "Dangerous".


 


 


*La série Véronica Mars avait pour générique l'excellent morceau "We used to be Friends" des Dandy Warhols.

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