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Critique d'album

Bad Religion


The Dissent Of Man


(29/09/2010 - Epitaph - Punk mélo - Genre : Ska / Punk)
Produit par

1- The Day That the Earth Stalled / 2- Only Rain / 3- The Resist Stance / 4- Won't Somebody / 5- The Devil in Stitches / 6- Pride and the Pallor / 7- Wrong Way Kids / 8- Meeting of the Minds / 9- Someone to Believe / 10- Avalon / 11- Cyanide / 12- Turn Your Back on Me / 13- Turn Your Back on Me / 14- Where the Fun Is / 15- I Won't Say Anything
Note de 4.5/5
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Note de 3.5/5 pour cet album
"30 ans de carrière, ça se fête !"
Nicolas, le 11/10/2010
( mots)

Lorsqu'il s'agit de promouvoir un nouvel album à l'heure d'internet, chaque groupe tâche de trouver une formule originale qui permette de braquer l'attention de la planète sur ses derniers émoluments. Tout peut y passer : streaming intégral de l'album sur MySpace, Deezer, Spotify ou autre, téléchargement d'un single gratuit, exclusivités iTunes, application iPhone, chasse au trésor grotesque dans les capitales européennes, sans même parler des trouvailles audacieuses de Radiohead (pay what you want), de Nine Inch Nails (album gratuit) ou des Smashing Pumpkins (quatre fois onze titres en découverte progressive, soit offerts en mp3, soit vendus à prix d'or dans des coffrets haut de gamme). Face à toute cette effervescence et à cette surenchère souvent faux-cul, certains parviennent à mettre en œuvre des actions véritablement originales. Bad Religion, par exemple, a permis à ses fans de découvrir progressivement les textes de The Dissent Of Man sur son site internet à raison d'un titre par jour pendant 15 jours. Ce qui, au passage, en dit long sur l'intégrité de ces mauvais religionnaires et sur l'importance qu'ils accordent au fond (le message idéologique) par rapport à la forme.

Parlons-en, tiens, de ce Dissent Of Man. A l'inverse de Green Day, Greg Graffin n'a pas commis l'erreur de balancer un énième pamphlet politiquement contestataire à l'aune de la gouvernance Obama. Signe de lendemains qui chantent, cette quinzième flopée de Bad Religion se recentre sur l'individu et met en valeur ce qui le renforce psychologiquement et intellectuellement. Evidemment, la religion en général (et le chritianisme en particulier) en prend encore pour son grade, mais la virulence ne s'opère plus ici à l'égard de l'institution : elle cherche plutôt à aiguillonner chacun d'entre nous afin que nous ne nous laissions pas ramollir par un prêt-à-penser idéologique. D'autres thèmes sont encore pourfendus avec conviction : l'écologie édictée en tant que dogme politique ("Only Rain"), l'avilissement de pensée de la jeunesse ("Wrong Way Kids") ou encore les théories préfabriquées en communauté ("Meeting Of The Minds"), et on peut même se demander si Obama n'est pas directement acclamé dans "Someone To Believe". Bref, une fois encore, les textes de Greg Graffin tapent fort là où ça fait mal, ce qui n'est pas forcément l'apanage de la plupart des groupes de rock, loin s'en faut.

Quand on en vient à parler de la forme, c'est la surprise qui prédomine à la phase initiale. Preuve également que le climat politique de l'Oncle Sam s'est assagi, Greg Graffin et Brett Gurewitz ont décidé de mettre un peu d'eau dans leur vin (de messe). Finie la violence rouleau compresseur de New Maps Of Hell, Bad Religion revient à un punk rock plus léger et réserve le dernier tiers de l'album à un calibrage power pop aux petits oignons. A ceux qui craindraient des dérapages mainstream pareils à ceux commis dans les années 90, adressons un message clair : soyez rassurés, Bad Rel n'a pas de nouveau vendu son âme au diable et n'a en rien renié sa formule gagnante (batterie pétaradante, guitares au cordeau et grands choeurs harmonisés). Même si certains titres se révèlent un peu douteux ("Won't Somebody", finalement pas pire que le "Honest Goodbye" du précédent jet, ou encore "Cyanide"), la playlist se révèle constamment intéressante en terme mélodique, et le groupe en profite même pour s'ouvrir sur des influences plus étonnantes, comme des traces de country surgissant sur le solo slide de "I Won't Say Anything". On sent clairement de la part de Graffin, celui qui a écrit les titres les plus atypiques, la volonté de s'extirper des sentiers battus et rebattus par le bon vieux punk melo de ces honorables grands pères - pas si vieux, d'ailleurs. La partie power pop se laisse donc assez facilement apprivoiser malgré un réflexe de recul initial assez compréhensible, et on n'aura alors de cesse de se repasser en boucle les "Devil In Stiches" et "Pride And Palor" (très Green Day grande époque), mais aussi, dans une moindre mesure, "Turn Your Back On Me" et "Where The Fun Is". A noter, dans ce registre, l'excellentissime "Ad Hominem" qui se voit propulser sur orbite avec sa diction scandée, son refrain hyper lyrique et ses grands riffs écrasants. Le navire Bad Religion louvoie ainsi assez habilement entre les Stone Temple Pilots et Weezer, avec même un peu plus de réussite que ces tenanciers du riff canon grand public. Mais le groupe n'a pas oublié de nous réserver quelques charges incendiaires lancées à bride abattue qui, même si elles n'atteignent pas la bestialité de l'album précédent, restent idéales pour un bon petit pogo des Dimanches. Dans ce registre, on préfèrera oublier l'introductif et poussif "The Day That Earth Stalled" pour se focaliser sur le séminal "The Resist Stance", très classique pour du Bad Religion , ou encore le météore "Wrong Way Kids", le sautillant et jouissif "Someone To Believe" ou le rugueux et brutal "Meeting Of The Mind", non sans oublier de signaler que Brett Gurewitz s'en donne ici à coeur joie en multipliant les petits solis qui vont bien à chaque recoin de chanson.

Varié, décomplexé, très mélodique et affichant un très haut niveau de constance sur les 16 titres présents, The Dissent Of Man fait largement honneur aux trente ans de carrière de Bad Religion. Même si le tournant amorcé vers un punk plus accessible étonne au début, on se laisse facilement prendre au jeu de cet album finalement léger et entraînant, tout en gardant à l'esprit la portée du message délivré par le Père Graffin et ses prédicateurs fous. Pourvu que tout ça dure encore longtemps.... c'est que, à les écouter, on en oublierait que le Professeur Graffin et ses ouailles virent presque sur leur cinquante ans ! Puisse Dieu les préserver, s'il n'est pas trop rancunnier.

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