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Critique d'album

Weezer


Weezer (Green Album)


(15/05/2001 - Geffen/Universal - Power pop - Genre : Rock)
Produit par

1- Don't Let Go / 2- Photograph / 3- Hash Pipe / 4- Island In The Sun / 5- Crab / 6- Knock Down Drag Out / 7- Smile / 8- Simple Pages / 9- Glorious Day / 10- O Girlfriend / 11- I Do (Version UK uniquement)
Note de 4/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"Où Weezer signe l'un des come-back les plus fracassants de la décennie."
Maxime, le 29/04/2011
( mots)

Weezer signe l’un des come-back les plus fracassants de la décennie. On croyait le groupe terminé, lessivé oublié, croupissant dans la crypte alternative avec tant d’autres formations nées au mauvais moment, au milieu des années 90, cette période étrange s’étalant du déclin du grunge au triomphe du nu-metal où le rock n’avait plus vraiment droit de cité. Depuis 1996, Rivers Cuomo végète dans un véritable purgatoire. Traumatisé par le four critique et public de Pinkerton, frustré par son cursus à Harvard qu’il n’arrive pas à boucler, lâché par le bassiste Matt Sharp parti chez les Rentals, le binoclard sombre dans une paranoïa maximale. Cloîtré de longues années durant dans sa maison dont il a intégralement repeint les murs en noir, le bonhomme rumine ses échecs et ses déceptions. 121 chansons sont fébrilement ébauchées à l’abri du monde, le jeune ermite ne souffrant que la compagnie de ses musiciens venant lui rendre visite lors de brefs passages.

Voilà peut-être l’une des premières manifestations concrètes de l’incidence d’Internet sur le petit monde du rock. Des forums se montent, les morceaux circulent et les langues se délient. Pinkerton se voit peu à peu voué un véritable culte, vénéré par des communautés de n*e*r*d mal dans leur peau et de mélomanes un peu geek sur les bords. Une foule souterraine se met à se demander ce qu’a bien pu devenir son groupe de chevet. Eberlués, Cuomo et sa troupe voient les gens affluer à leurs concerts alors qu’ils entament une courte tournée au Japon et un passage au Warped Tour durant l’été 2000. Geffen flaire la demande et ordonne bien vite à ses obligés de se remettre au travail. Le Cars Ric Ocasek est de nouveau appelé à la rescousse, taillant dans la masse de titres composés pour n’en préserver que l’essentiel, gouvernant la production au téléphone depuis son appartement de New-York tandis que le groupe, renforcé par l’arrivée de Mickey Welsh derrière la 4-cordes, jamme dur à Los Angeles.

Le Blue Album avait rompu la glace polie des charts américains à coups d’hymnes radieux ("Buddy Holly") et de singles chancelants ("Undone"). Le Green Album vient rompre les sept ans de malheurs consécutifs : Rivers Cuomo reste ce petit être chétif et complexé, songwriter de poche aux moyens limités et aux possibilités immenses. Sous la bannière d’un code visuel volontairement fidèle à ses débuts (le groupe rassemblé sur un fond uni), Weezer amorce un retour aux sources inespéré. Le mariage entre mélancolie et mélodies imparables fonctionne comme au premier jour, et se pare même d’une efficacité implacable. Les guitares sont surpuissantes, la production n’autorise aucun écart superflu, et la voix de Cuomo reste pourtant aussi acidulée que touchante. Les riffs décharnés de Nirvana copinent avec les couplets bubble-gum ("Don’t Let Go"), les rengaines amères ("Crab", "Glorious Days") et de légers accès de teenage angst aigüe cramée au bang ("Hash Pipe"). Il se dégage de ces 10 pistes un mélange paradoxal d’assurance, presque enjouée par moments, et de profond mal-être, chacun nourrissant l’autre en une harmonie fragile. On pense plus que jamais à Brian Wilson sur ces refrains aux allures de suppliques ("Smile") et ces historiettes pleurant un été révolu ("Photograph"), quand ce n’est pas à Black Francis que l’on songe lorsque le "O Girlfriend" terminal embrasse torrents de larmes et fracas de Marshall dans une même étreinte. Le groupe parvient même à faire de "Island In The Sun" un tube planétaire, ratissant bien au-delà de son cercle de fans. La multitude sera bercée tout l’été 2001 par une chanson lumineuse révélant de véritables gouffres de mélancolie derrière son apparente naïveté, comme "Wouldn’t It Be Nice" en son temps. Hold-up parfait.

Il ne faut pas plus de 28 minutes à Weezer pour tacler la concurrence et reconquérir son statut de meilleur combo power-pop en activité. Titre qu’il n’a aucune peine à revendiquer, car la formation reste sans challenger sur son terrain, sachant marier la bonne dose de sucre et d’acide contrairement à Stereophonics, ne pas jouer inutilement du muscle en refusant de prendre exemple sur les trop orthodoxes Foo Fighters et ne pas s’abaisser au niveau du pop-punk scato de Blink 182. La génération Strokes est également prévenue : il faudra compter avec eux, et Rivers Cuomo reprend en toute logique sa place centrale sur l’échiquier, lui qui n’a pas besoin de sonner vintage pour s’imposer. Les choses vont pourtant très vite se gâter. Après un Maladroit rendant un hommage euphorique et jubilatoire au hard de sa jeunesse, Weezer cessera son parcours sans faute en accumulant depuis des réalisations qu’on qualifiera poliment de dispensables. Pas moins de 6 albums sortent dans cette décennie, et la qualité va sans cesse decrescendo au même rythme que la vie du frontman prend une tournure de plus en plus radieuse. A tel point que les fans se sont mis à signer des pétitions pour implorer leur idole de cesser cette désolante diarrhée créatrice. Adulte aujourd’hui heureux, Cuomo se montre bien moins inspiré que lorsqu’il était jadis un post-ado gauche et emprunté. Problème : personne ne semble actuellement de taille à lui succéder.

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