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Critique d'album

Alt-J


Relaxer


(02/06/2017 - Infectious - Art pop - Genre : Pop Rock)
Produit par Charlie Andrew

1- 3WW / 2- In Cold Blood / 3- House Of The Rising Sun / 4- Hit Me Like That Snare / 5- Deadcrush / 6- Adeline / 7- Last Year / 8- Pleader
Note de 4/5
Vous aussi, notez cet album ! (17 votes)
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Note de 2.5/5 pour cet album
"Au diable la cohérence."
Valentin, le 27/06/2017
( mots)

Nombreux furent les curieux charmés par l’éclectisme d’An Awesome Wave, le premier album d’alt-J. Succès à priori imprévisible pour ces anglais sortis de nulle part, mais finalement pas si compliqué à comprendre : il y a déjà l’enrobage d’une part, soit le soin porté aux itérations visuelles de l’univers cryptique du groupe (pochette, clips, le fameux triangle leur servant de nom et de symbole, etc) mais il y a surtout cette audace stylistique, ce talent pour créer des morceaux attrayants et fédérateurs sans se soucier des différentes frontières structurant le monde musical. Cela ne fait pas pour autant d’Alt-J la révolution expérimentale de la décennie, l’essentiel ici restant la mélodie, l’efficacité, l’harmonie … et il ne serait pas idiot de simplement considérer leur musique comme le résultat du fourmillement indie-rock de la fin des années 2000, avec par exemple Wild Beasts ou le Radiohead d’In Rainbows. Il s'agit donc surtout d’emprunts pour le reste : des rythmiques hip-hop par ci, des développements funk ou folk par-là, voire des bizarreries électroniques de temps à autres. C’est bien cette diversité qui va distinguer le groupe de ses contemporains, mais il s’agit également d’un obstacle assez puissant pour quiconque essayant de pénétrer cet univers singulier. En effet, leur musique en devient parfois schizophrène au point de la rendre indicible, hermétique à l’oreille du néophyte, et il faudra donc s’accrocher tant bien que mal aux particularismes vocaux de Joe Newman pour ne pas se voir éjecter de la piste. Les différentes pulsions musicales s’équilibrent pourtant assez bien au sein d’un même titre – pour preuve, les singles "Matilda", "Hunger of the Pine" ou "Tesselate" – mais il faut bien reconnaître que la cohérence n’a jamais été le point fort des albums d’Alt-J. Et si cela semblait s’arranger un peu sur This Is All Yours (bien plus consciencieux et posé que son prédécesseur), on vient sans doute d’atteindre le point de non-retour avec ce Relaxer.



8 morceaux seulement pour une durée totale d’environ 35 minutes, voilà déjà un changement de taille pour le trio anglais qui nous avait habitué à des disques de 13 titres avec intro, outro et courts interludes. On pouvait donc penser que le groupe était décidé à recentrer son propos et à élaguer au maximum afin de produire une œuvre moins éparpillée, plus cohérente justement. Et le premier single "3WW" allait dans ce sens en favorisant les affinités folk du groupe qui tiraient déjà un peu la couverture sur This Is All Yours. Le morceau s’ouvre donc sur un long développement instrumental, celui d’un motif de guitare lent, hypnotique, interprété quasi mécaniquement, par-dessus lequel se posent discrètement percussions et claviers minimalistes. Il en ressort de suite un certain mystère, ou plutôt une certaine curiosité teintée de sensibilité, comparable à celle du parolier découvrant naïvement l’amour et le charme lors de ce voyage initiatique surréaliste. Puis le morceau se dévoile finalement en fable hédonique lors d’un fabuleux couplet chanté par Ellie Rowsell (Wolf Alice), dont le timbre suave se mélange langoureusement aux cordes et aux textures humides du morceau pour un résultat on ne peut plus sensuel. Dans le même ton crépusculaire, "Adeline" est également une forte réussite bien que suivant une forme très linéaire en crescendo. Et contrairement à ce que l’on pourrait penser, le crescendo n’est pas forcément un exercice facile : il n’y a qu’à voir ces dizaines de groupes de post-rock incapables de composer un seul build-up de qualité, comme si un bon climax suffisait à faire un bon morceau et que les 10 douloureuses minutes précédant le déluge de guitare final n’existaient que pour accumuler la frustration nécessaire à la réussite de ce dernier. Mais ici, on reste accroché du début à la fin. La première minute intrigue déjà malgré sa simplicité, avec cette guitare étincelante, ce piano glaçant et ce chant délicat qui ferait taire les pires détracteurs de Joe Newman et de sa voix nasillarde. Mais c’est véritablement lorsque l’on découvre l’orchestre et les harmonies vocales mystiques de la suite que l’on se laisse totalement happer par "Adeline", et son ambiance à la fois dramatique, onirique et mélancolique. La production y est très réussie, particulièrement sur les multiples pistes vocales qui jalonnent tout le morceau même si cela n’est plus du tout surprenant de la part de Charlie Andrew, qui s’occupe des anglais depuis leur premier album. Indiscutablement, "3WW" et "Adeline" sont donc deux très belles ballades – sans doute déjà au sommet du répertoire du groupe – et tracent les contours d'un renouvellement artistique bienvenu pour Alt-J.



Malheureusement, c’est ici que s’arrêtera notre enthousiasme, puisque Alt-J n’a pas su rester fidèle à l’esprit de ces deux titres pourtant très prometteurs. Relaxer forme alors un ensemble gravement incohérent, à tel niveau qu’il nous est toujours impossible d’en comprendre la logique après une dizaine d’écoutes. Si "House of the Rising Sun" (une espèce de version alternative du classique de The Animals) et "Last Year" suivent de loin la trajectoire des deux titres précédents, on ne peut pas en dire autant du reste vu que chaque titre part dans une direction complètement différente, que ce soit "Deadcrush" et son beat hip-hop moderne, "Hit Me like that snare" qui donne dans la parodie maladroite de Lou Reed ou bien "Pleader" visiblement écrit comme un chant d'église. Et le pire, c’est que même en se concentrant uniquement sur les qualités intrinsèques de chaque morceau comme s’il s’agissait d’une playlist, cela n’en fait toujours pas un bon disque. On hésite donc souvent entre le décent et l’anecdotique, notamment pour cette reprise de "House of the Rising Sun" sympathique mais tout de même assez oubliable, et pour "Last year" dont la première moitié est tellement ennuyeuse qu’elle en gâche presque sa sublime fin. Marika Hackman – déjà présente sur "Warm Foothills" – y chante avec sérénité le suicide du narrateur ("If it's stones for your pockets, I've collected a few // To hold you down, to hold you down"), ce même narrateur qui vient malencontreusement de plomber les 4 dernières minutes à nous conter sa douloureuse décente aux enfers dans une instrumentation aussi fade que la conscience politique d'un député LREM. Mais il y a également quelques morceaux insupportables, comme "Pleader", qui s’éternise sur ces cœurs lassants dénués de passion ou de mélodie, mais surtout "Hit Me Like That Snare", de très loin la pire composition d’Alt-J à ce jour. Les percussions et le chant faussement irrévérencieux de Joe Newman y sont si douloureux qu’ils vous donneront envie de prendre l'intitulé du morceau au pied de la lettre. Seul le très fun "In Cold Blood" se distingue suffisamment de ce désordre pour espérer s’élever au rang de "Adeline" et de "3WW", mais il faut bien reconnaître qu'il s'agit là d'une redite pure et simple de This Is All Yours : structure folle, clavier cheap, texte cynique, « la la la la » frénétiques, etc.



Toujours cette question : qu’est-ce qu’Alt-J a tenté de faire sur ce troisième album ? Si Relaxer est très clair sur leur envie d'aller de l'avant, il semblerai que les trois jeunes anglais cherchent encore les ingrédients qui définiront leur son pour ces prochaines années. Il en résulte un disque bancal et difficile à écouter, étant donné qu'Alt-J réussi à brouiller les pistes à chaque fois que l'on pense en saisir le concept. Et sa courte durée n'arrange rien : les erreurs prennent bien plus de place, là où les quelques ratés de This is all Yours avaient tendance à s'effacer sur la longueur. Pourtant, Alt-J est encore capable de très belles choses, et "Adeline" ou "3WW" montrent qu'ils sont tout à fait capables d'évoluer sans se détruire. On restera donc attentif quant à l'avenir du groupe, en espérant qu'ils puissent s'en tenir à un concept moins vague pour la prochaine fois. Mais en attendant, retournez plutôt écouter leurs deux premiers disques, bien plus pertinents que ce Relaxer finalement très décevant.


 


Morceaux conseillés : "3WW" et "Adeline", voire "Hit Me Like That Snare" pour l'expérience.

Note de 4.0/5 pour cet album
"Réalisé par alt-J. Mis en scène par alt-J."
Clément, le 27/06/2017

Il arrive de temps à autre que chez Albumrock on ne soit pas d'accord sur la qualité d'un album. Mais cette année a pour le moment été particulièrement riche en divisions au sein de la rédaction. Et l'un des derniers débats en date n'est autre que RELAXER de alt-J. Verdict ? 
 
 
Le contexte :
 
Sorti le 2 Juin 2017 chez Infectious Records, label indépendant britannique ayant à son catalogue des groupes tels que The Temper Trap, Local Natives, Bloc Party, White Lies etc. Le tout en partenariat avec Atlantic Records (Warner). 
 
RELAXER est produit par Charles Andrew comme les deux premiers albums du groupe. Il s'agit également du producteur de Marika Hackman qui nous fait l'honneur de sa présence sur un titre de la galette.
 
L'opus a fait l'objet d'une communication relativement originale car son artwork n'est autre qu'un screenshot d'un jeu vidéo développé à la demande du groupe pour l'occasion par le créateur d'un jeu de playstation des années 90's nommé "LSD : A Dream Emulator".
 
Le groupe a toujours pas mal divisé la rédaction mais rarement autant. Pour ma part, j'ai associé chaque album à des moments de ma vie tant leur écoute m'a marquée. En ce qui me concerne c'est un grand oui et pour plusieurs raisons.
 
Pour comprendre l'axe de cette critique il est important de se rappeler que alt-J c'est un groupe qui s'appelait Films à la base et qui tire énormément d'inspiration du cinéma. D'ailleurs, "Matilda", le titre porteur de leur premier album fait directement référence au film “Léon“ de Luc Besson et à la fameuse réplique finale de Jean Reno "This is from Matilda“.
 
De manière générale leur musique est très "mise en scène" à la manière d'un film. Notamment sur le travail dans l'espace stéréo de chaque morceau qui renforcent l'immersion dans leur univers. Beaucoup de voix en background sont organisées comme des dialogues de film et l'usage de bruitages pour placer un véritable décor auditif. Et je ne parle même pas des clips actuellement en ligne de "3WW" et "In Cold Blood". Mention spécial pour ce dernier et son second degré, narré par monsieur Iggy Pop.
 
Les + :
 
- "3WW" est une très belle introduction à l'album. Son clip est esthétique à souhait et le morceau profite d'un magnifique couplet final avec Ellie Roswell du groupe Wolf Alice
 
- "In Cold Blood" est le morceau radio de l'album. Très efficace. Je vais d'ailleurs me servir de ce titre pour illustrer l'approche cinématographique du groupe. Tout d'abord, ça commence avec Joe Newman qui chante une suite de "1" et de "0". Suite binaire qui, si elle est retournée, représente le code binaire du signe delta (indirectement le nom de alt-J puisque ce nom correspond au raccourci clavier sur mac pour la fameuse lettre grecque). Ensuite il faut savoir que le morceau parle d'une pool party qui vire au drame avec plusieurs assassinats. Et si vous écoutez bien entre le 2ème couplet et le 1er refrain, vous pourrez apercevoir le son d'un plongeoir qui tremble, d'un homme qui plonge et de personnes qui s'amusent dans l'eau d'une piscine. L'histoire veut que lorsque l'homme refait surface, il s'aperçoit du massacre.
 
- Ensuite "House of the Rising Sun" est une reprise d'une chanson d'abord connue pour l'interprétation de The Animals et qui s'inscrit au palmares des chansons les plus reprises ("Knockin' On Heavens Door", "Hallelujah" etc.). Le groupe se l'est tellement bien appropriée que je ne l'ai même pas reconnue au début, et le résultat final est très prenant.
 
Les - :
 
 
- Mais vient ensuite "Hit Me Like That Snare" dont la guitare est inspirée du dernier album de Radiohead d'ailleurs mentionné dans les paroles (A Moon Shaped Pool). Le titre se présente comme un hommage aux animes nippons avec des voix japonaises en background. Il raconte l'histoire d'un type qui va dans un sex hotel et artistiquement, aussi bien que techniquement, le titre est très réussi. Le seul problème c'est qu'il n'a rien à faire là et ne fait qu'entraîner un manque de cohésion dans ce RELAXER qu'on a parfois peine à suivre. 
 
- Les gimmicks de voix de Joe Newman peuvent énerver comme sur chaque album avec sa voix nasillarde. Notamment ici sur le morceau "Adeline". Mais le même morceau offre une deuxième partie très introspective et profonde. Et vraiment intéressante. Ce qui en fait un morceau très fort de l'album.
 
- C'est très court. 8 morceaux, on avoue penser d'abord à un léger foutage de g****e. Mais quelque part c'est ce qui a découlé de ces sessions studio. Et personnellement je préfère ça plutôt que de se retrouver avec des morceaux de remplissage. Ici c'est sûr, ce n'est pas le cas.
 
En conclusion :
 
alt-J on adore ou on déteste. Pitchfork déteste (4 à 4,8/10 dans les notes d'albums). Moi j'adore. Mais pour le moment RELAXER ne me marque pas autant que les deux précédents opus du groupe. Notamment parce que le final donne une impression mollassonne surtout avec le morceau "Last Year". Très belle chanson qui a failli  ne pas être ajoutée à l'album car trop dépressive. Et il est vrai que l'ambiance qui lui est donnée entraîne quelques longueurs. Le changement de chanteur sur la deuxième partie (Marika Hackman) fait allusion au fait que cette deuxième moitié est chantée aux funérailles du premier protagoniste/première voix après son suicide. Ce n'est pas joyeux joyeux mais on retrouve le souci de la mise en scène du groupe.
 
Quant à "Pleader", cette chanson à tout de celle d'un générique de fin. J'avais vraiment l'image en tête des textes qui défilent "réalisé par" etc. Avec le chant qui fait très "tout le monde au coin du feu" et une deuxième partie plus orchestrale voir épique. Autre détail, on a un passage à ce que je dirais être une flûte à bec. Mais je peux me tromper. Et ils ont gardé les bruits de respiration du musicien. C'est un détail con mais qui renforce l'immersion dans la mise en scène créée par le groupe et qui moi me parle beaucoup. alt-J change un peu les codes dans sa manière de créer la musique et c'est pour cela que ce groupe est pour moi une figure importante du paysage musical actuel. 
 
Maintenant comme je vous l'ai dit, l'album divise. Ce verdict a d'ailleurs pour but de complémenter la critique de Valentin qui a été moins accueillant avec ce RELAXER. Sauf que je comprends ses arguments et les partage pour la plupart mais a une échelle différente. Il leur reproche un certain manque de cohérence qui rend l'album difficile à suivre ("Hit Me Like That Snare") et quelques longueurs malgré un format très court notamment avec "Last Year". 
 
Au final, le bilan est très positif pour moi mais je pense qu'il faut vraiment écouter ce CD sans aucune attente et se laisser porter, voire persévérer dans le nombre d'écoutes. Le plus gros défaut de RELAXER étant la présence d'un morceau de la trempe de "In Cold Blood" très tôt dans la setlist alors que l'on ne redécolle jamais vraiment dans une ambiance similaire. Ce qui ne veut pas dire que c'est moins bien, mais ça construit des attentes différentes.

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