Top 10 des vacances - #80 Creedence Clearwater Revival
Pour occuper vos vacances, Albumrock vous offre cette année une série au principe assez simple : un rédacteur vous propose de découvrir ou de réviser un groupe plus ou moins culte en dix titres. Vous aurez droit à une sélection représentative qui vise à mettre en avant des morceaux par rapport à leur place dans le répertoire du groupe, sans toutefois renoncer à la subjectivité avec des choix parfois plus inattendus. Aujourd’hui, le groupe le plus populaire des USA, Creedence Clearwater Revival.
10.- "Born On The Bayou" – Bayou Country (1969) – Mensonge fondateur. Les quatre comiques de San Francisco n’avaient jamais mis les pieds en Louisiane. Creedence, le prénom d’un pote, Clearwater, probablement une marque de bière et Revival parce que l’objectif est de réinterpréter les racines du blues.
09.- "It Came Out Of The Sky" – Willy And The Poorboys (1970) – Ce n’est pas le morceau le plus ambitieux de CCR. Mais il est cité ici en hommage à un défunt camarade lettré qui avait, au départ de ce seul titre, brillamment démontré que John Fogerty et Stephen King (nés à deux années d’intervalle) trouvaient leur inspiration dans les mêmes films fantastiques de série B. Bien vu, Raph ! Différence marquante : John crée le malaise en 40 mots ; Stephen tricote du stylo pendant 1.200 pages pour un résultat identique. Avantage : John (clairement) !
08.- "Who’ll Stop The Rain" – Cosmo’s Factory (1970) – S’agit-il de la pluie du Vietnam ou de la pluie de Woodtsock ? John Fogerty n’a jamais répondu à la question. Peut-être les deux, finalement.
07.- "Travellin’ Band" – Cosmo’s Factory (1970) – Le monde du rock a beaucoup écrit sur la vie en tournée. Mais jamais aussi bien ni aussi fort…
06.- "Have You Ever Seen The Rain?" – Pendulum (1970) – La chanson désabusée d’un homme qui voit se déliter son groupe en pleine gloire. Il faudra attendre janvier 2023 pour que John Fogerty récupère les droits sur ses propres compositions. Il lui sera même reproché en justice d’avoir produit des auto-plagiats. Par bonheur, la Cour Suprême a désavoué les odieux !
05.- "Proud Mary" – Bayou Country (1969) – Comment écrire, quelques minutes après avoir appris sa libération du service militaire, un classique ultime en déconnant à la Rickenbaker sur la Cinquième Symphonie (justement nommée "du Destin") de Ludwig Von Beethoven ? Démonstration.
04.- "I Heard It Through The Grapevine" – Cosmo’s Factory (1970) – In abstracto, il est difficile d’imaginer le processus qui peut conduire à s’approprier un hit multi-platiné de la Motown pour l’étirer en une complainte lysergique de plus de 11 minutes. Le "bruissement de la vigne" est une litote pour évoquer la rumeur. Ici, la vigne informe un brave homme que sa bien-aimée est volage. Ode à la jalousie.
03.- "Fortunate Son" – Willy And The Poorboys (1970) – Dans quelle langue peut-on expliquer à des gosses de riches que leurs opinions politiques reflètent une insondable fatuité (plutôt que la douleur des misérables dont ils prétendent gérer le destin) ? En langage rock’n’roll démocrate et sur-vitaminé…
02.- "The Midnight Special" – Willy And The Poorboys (1970) – Erronément attribué à la plume de Lead Belly, ce très vieux « traditionnel » à la paternité obscure est littéralement réinventé par Fogerty. Les misérables et les incompris qui croupissent derrière les barreaux peuvent à nouveau rêver du fanal magique du Train de Minuit !
01.- "Bad Moon Rising" – Green River (1969) – Le meilleur single rock du monde. Même les anglo-saxons ont été trahis par la prosodie de John Fogerty. Il s’agit d’un récit inspiré d’un pacte avec le Diable ("The Devil And Daniel Webster"), mais tout le monde a entendu "There’s a badroom on the right" (il y a une salle de bain sur la droite) ce qui ressemblait plus à une publicité pour une agence immobilière qu’à une funeste malédiction liée aux cycles lunaires.