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R.E.M. : Rapide coup d’œil sur 30 ans de musique.


Collectif, le 03/09/2015

Live

Living Their Religion


R.E.M., de part son statut de groupe majeur et populaire, aurait pu arpenter les stades d'années en années en proposant toujours des shows plus grandiloquents, extravagants et parfois grotesques, comme savent si bien le faire leurs rivaux irlandais. Mais c'est en écumant les grandes arènes américaines comme les petites salles européennes, les festivals estivaux à forte affluence comme les clubs intimistes que le groupe d'Athens a délivré des prestations toujours généreuses, sincères et particulièrement fidèles au son si singulier du groupe. Guitares incisives, basse coulante et chant cristallin ont toujours fait partie intégrante de shows variés et réussis, faisant de R.E.M. une référence en matière de live, comme le montre les nombreux témoignages qui forment l'importante discographie du groupe.


La plupart des shows de R.E.M. de l'époque I.R.S. sont marqués par une interprétation franche, à la musique brute mettant particulièrement en avant l'album qui précède la tournée en question. Ainsi le concert à l'Aragon Ballroom de Chicago donné en 1984, qu'on retrouve sur le disque bonus de l'édition remasterisée de Reckoning, se veut d'une énergie communicative pour un groupe tatillon qui manque encore de repères mais délivre les meilleurs morceaux de Murmur et Reckoning ("Harborcoat", "Sitting Still") sans retenue. Une reprise inspirée du Velvet ("Femme Fatal") ouvrira les hostilités et introduira une restitution exemplaire de titres très fidèles à leurs versions studio ("Letter Never Sent" et son "Heaven is yours" enjoué et tragique). Idem pour la version remasterisée de Document qui contient un live à Utrecht en 1987, qui met en lumière les titres moins connus de Life Rich Pageant et Fables of the Reconstruction ("Driver 8", "I Believe") et reste un des derniers témoignages des concerts incisifs de R.E.M., qui prendra par la suite une direction moins sauvage, plus réfléchi dans son approche de l'exercice live (Songs From The Green World: Radio Broadcast 1989), préférant varier les plaisirs et s'adonner aux joies des expérimentations acoustiques.


Récemment édités en version officielle, les MTV Unplugged 1991 et 2001 peuvent décontenancés tant l'objectif lucratif de l'exercice est en contradiction avec la philosophie du groupe. Mettons ça sur le compte de l'effet de mode et d'une notoriété grandissante auprès d'un large auditoire à assurer. Pour autant, ces deux concerts, fort différents, sont d'excellents révélateurs du talent du groupe pour les compositions épurées, complexes et où la voix de Stipe prend une ampleur jubilatoire. Le premier concert fait suite au délicat Out Of Time, album controversé et contrasté dans sa réussite, et propose des versions où les guitares prédominent ("Half A World Away", "Radio Song"), sans aucun arrangement autre que le trio guitare-basse-batterie. Les chansons abordées laissent un souvenir clairement périssable et ne reflètent pas vraiment les meilleurs côtés du groupe, ce qui confère cependant à cette première prestation acoustique un certain cachet. La seconde suit la sortie de Reveal, première baisse de régime du groupe, et voit son instrumentalisation plus travaillée avec l'ajout de claviers prépondérants dans le mixage et une tracklist aux allures de best-of. Les chansons des récents Up et Reveal ("All The Way To Reno", "At My Most Beautiful") côtoient les antiques prestations extraites de Reckoning et Document ("So. Central Rain", "The One I Love") et se voient gratifier d'une nouvelle jeunesse. S'il y a bien quelque chose à retenir du groupe pendant la première moitié des années 2000 c'est ce show réussi et sensible qu'est l'Unplugged, la voix de Stipe délaissant sa vigueur des tournées en stade de la période Monster et préférant une douce et suave tessiture servant son abstraite poésie.


Car R.E.M. a aussi largement donné dans le rock alternatif dur et gras sous forme de quatuor simple et efficace, comme en atteste le superbe Live At The Olympia, enregistré à Dublin en 2007, juste avant la sortie d'Accelerate, album du renouveau s'il en est. Il est d'ailleurs étonnant de constater que les deux principaux albums live du groupe d'Athens (Live At The Olympia et R.E.M. Live) ont été captés à Dublin, fief chéri de leurs grands rivaux de U2, rivalité admise par Stipe lui-même au début des années 90. Le premier est remarquable tant les 39 chansons abordées rendent compte du chemin parcouru par le groupe, chemin long mais d'une cohérence folle où l'interprétation moderne sied parfaitement au répertoire 80's du groupe. Des chansons majeures ("Electrolite") aux titres à peine bouclés ("Houston") en passant par des b-sides oubliées ("Romance"), tout est fait pour ravir les inconditionnels qui s'y retrouveront à coup sûr. Stipe n'hésite pas à plaisanter c'est un dialogue constant qui s'installe entre les musiciens et un public enthousiaste (les manifestations de joie sont palpables à l'écoute) dans une salle intime, loin de la fourmilière endiablée du Point Depot où fut enregistré le R.E.M. Live. Beaucoup plus tourné vers les hits du groupe ("Man On The Moon", "What's The Frequency Kenneth ?"), ce concert est bien plus grandiloquent et montre l'aisance et l'assurance dont R.E.M. fait preuve devant un parterre de fans triés sur le volet autant que devant une fosse s'étendant à perte de vue.


Le groupe d'Athens peut se targuer d'avoir tout réussi durant ses tournées, pour une simple et bonne raison, c'est qu'ils ont tout tenté: des salles intimistes aux grands stades de foot, rien n'a résisté à ce son unique, à cette constance dans l'excellence et à cette générosité scénique inaltérable. Car un grand groupe ne peut pas se contenter de "simples" enregistrements studio, aussi brillants soient-ils. Un grand groupe doit avoir la force, le courage et l'audace d'affronter son public, qui peut se révéler ô combien critique et désobligeant. Les plus désagréables oseront prétendre que le groupe n'a que peu changé son univers sonore mais qu'importe, quand on voit les dégringolades vocales et musicales de certaines formations majeures au cours de années (AC/DC, Red Hot Chili Peppers), on ne peut qu'être admiratif. 

En savoir plus sur R.E.M.,
Commentaires
QazorleGrand, le 17/10/2015 à 16:04
Bravo pour le dossier ; vous m'avez donné envie de réécouter leurs albums ! Petit bémol perso : Accelerate exhibe ses biceps rock mais tombe à plat pour moi, Collapse into Now me semblant bien meilleur ! Document est un grand disque rock de REM et Up un disque trop sous estimé !
Francois, le 19/09/2015 à 16:01
It's the end of the world...as we (used to) know it...and I feel sad !