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Le Jardin Du Michel 2011


Pierre, le 10/06/2011
A l’Est, du nouveau. Sans doute aidée par le succès des Eurockéennes de Belfort, la région a vu naître ces dix dernières années un nombre grandissant de festivals : le Cabaret Vert, le Chien à Plumes ou, bien sûr, le Jardin Du Michel qui ouvrait ses portes en ce week-end de l’Ascension. En plein cœur de la Meurthe-et-Moselle, l’évènement proposait une affiche alléchante riche en grosses pointures (Bloody Beetroots, Groundation, Patrice) et en groupes locaux. Une occasion rêvée pour découvrir l’esprit bon enfant d’un festival encore très nature.


"Mais qui est Michel ?" La question occupe toutes les lèvres alors que les spectateurs se massent dans les travées du festival. Jeudi 2 juin, il est 17h, l’enceinte vient d’ouvrir ses portes. Cette année, le Jardin Du Michel (JDM) fête son septième anniversaire. Pour l’occasion, le petit village de Bulligny, en Lorraine, s’est métamorphosé. Les pâturages et les vaches ont laissé place à une horde de festivaliers. C’est la force de l’événement : on sent encore, çà et là, les traces d’une petite utopie campagnarde. Loin des grosses machines françaises qui attirent tout le pays, l’endroit reste un rendez-vous régional, placé sous le signe de la bonne humeur. Beaucoup de Lorrains, d’Alsaciens, un peu de Nordistes. En tout un peu plus de 20 000 personnes se retrouveront pendant trois jours devant les deux scènes. Les concerts se succèdent sans se chevaucher. Un vrai confort pour le spectateur indécis. Les conditions d’accueil sont encore très humaines. On s’y sent bien dans ce Jardin.
Les hostilités débutent avec Les Ogres De Barback. Quelques heures avant, ils confient que le JDM est leur premier festival de la saison et expliquent avoir "forgé un set rock’n’roll pour faire bouger les spectateurs". Preuve en est avec ce premier concert pêchu et festif. Entre les classiques ("Rue De Paname", "Salut A Toi") et quelques nouveaux morceaux, des jongleurs et des acrobates viennent peupler la scène. Une vraie réussite. Dans les allées, les badauds s’étonnent de l’accroissement du site et du nombre impressionnant de festivaliers. "Il y a deux ans, il n’y avait encore qu’une scène" raconte ainsi Héloïse une festivalière de Besançon.


Le soleil décline. Une légère odeur de bière émane de la fosse lorsque Patrice monte sur scène. L’Allemand séduit toujours autant les demoiselles avec son reggae mâtiné de soul. Le show est bien huilé, exécuté avec professionnalisme, mais sans réelle conviction. Pour se consoler, les festivaliers entonnent des chants à tue-tête ou jouent dans les graviers blancs qui recouvrent les allées. La nuit est tombée. Sur des cubes lumineux reposent les platines de Chinese Man. "Restez zen, mangez des nems" telle est la devise des Marseillais qui entrent en scène avec "One Past" issu de leur dernier album, Racing With The Sun. Le set est prenant et les DJ’s font onduler la foule avec leur dub jazzy. A l’arrière plan des images défilent, l’ambiance est posée. C’est avec plus de pêche que l’on retrouve Beat Torrent, toujours aussi efficace. Leur aptitude à manier les classiques rock et les gros beat fait mouche. Comme pour surfer sur l’air du temps, Pfel et Atom se livrent même à un petit exercice de style dubstep, réjouissant.

C'qu'on est bien dans ce jardin !


Dick Annegarn chantait "Ah ce qu’on est bien dans ce jardin, loin des engins". C’est un peu l’impression qui domine ici. Le camping installé au bas d’un verger ravit les festivaliers. Tout n’est que quiétude. Et musique. Vendredi, sur la grande scène, les amateurs de reggae se retrouvent pour fêter les vingt ans d’existence de Sinsemilia. Une audience que la pop parfois tiède d’Aaron peine à dérider. Le groupe ne parvient pas à convertir sa musique délicate sur une si grande scène.
"Nous sommes des bouseux, vous êtes des bouseux". Le franc parler de The Inspector Cluzo met immédiatement le public dans l’ambiance. Le groupe retourne le festival avec son hard-rock haut perché et ses valeurs régionalistes. Dans un autre genre, Tiken Jah Fakoly conquiert la grande scène avec son reggae politique. Soudain, au milieu de la fosse, on aperçoit Le Michel. Chacun s’empresse de saluer celui qui il y a quelques années a eu l’idée de transformer sa ferme en festival. Une rencontre fugace. High Tone vient achever toute velléité de résistance en délivrant un puissant dub électronique. La foule, enivrée, dodeline en cadence au rythme des infrabasses.


Par chance, un soleil puissant surplombe le festival tout le week-end. Au troisième jour, les festivaliers déshydratés sont toujours présents pour accueillir La Phaze. Puis débarque Groundation pour un tribute en l’honneur de Bob Marley. Libres comme l’air, Aaron Stanford et sa bande revisitent "Get Up Stand Up", improvisent avec les cuivres, se jouent de l’audience avec plaisir. Preuve, s’il en fallait une, que les Californiens sont une des meilleures formations reggae en activité. Plus loin, on assiste aux expérimentaux Gablé, qui délivrent une sorte de folk noise étrange et à la gentille pop islandaise de Who Knew. Le clou du spectacle reste pourtant l’œuvre des Bloody Beetroots et de leur électro tapageuse. Les deux Italiens, épaulés par un batteur, ne faillissent pas à leur réputation et distillent, une heure et quart durant, de puissantes basses ultra compressées et des riffs déformés. La fosse le leur rend bien, saute comme jamais et reprend en cœur les "Whoop Whoop" de "Warp 1.9". Un grand moment de n’importe quoi.
Durant trois jours, la poussière blanche a volé, les gobelets en plastiques ont été égarés, certains visages semblent avoir pris dix ans, mais l’expérience a conquis tout le monde. En quittant le Jardin, avec émotion, on repense à Dick Annegarn. Il avait raison.

Le site du festival
Photos : (de haut en bas) Les Ogres de Barback, The Inspector Cluzo et Groundation
Crédits photos : Le Jardin Du Michel

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