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Interview Mogwai


Didier, le 28/03/2011
C’est à l’occasion de l’étape lilloise de la gigantesque tournée qui suit la sortie de l’excellent Hardcore Will Never Die, But You Will que nous avons pu rencontrer Stuart Braithwaite, guitariste et tête pensante du combo écossais. Alors que le reste du groupe s’échauffe, au propre comme au figuré, avec une partie de badminton endiablée dans un Aéronef encore vide, Stuart nous reçoit en loge pour une discussion posée et confortable. Ambiance cosy, et l’occasion de parler de la tournée en cours, du tremblement de terre au Japon, de rock écossais et de football.



Prenons donc des nouvelles du groupe, vous êtes repartis pour une gigantesque tournée, comment cela se passe-t-il jusqu’à présent ?
Très bien ! C’est sans doute, à ce jour, l’une des meilleures tournées que nous ayons faites. Il y a de plus en plus de spectateurs, le nombre de gens qui s’intéresse à Mogwai ne cesse de grandir. Le fait d’être sur la route pour défendre nos nouveaux morceaux est quelque chose que nous apprécions particulièrement. So far so good !

Une triste question d’actualité, vous avez joué à Tokyo le mois dernier, quelle est votre réaction par rapport à ce qui se passe au Japon ?
Nous avons beaucoup d’amis et pas mal de fans au Japon, c’était la raison principale pour laquelle nous avons joué là-bas récemment. Ce qui vient de se passer nous a choqués, c’est vraiment dramatique. Nous avons donc décidé de réagir. Par le passé, nous avions essayé d’aider les gens comme nous le pouvions via des donations, entre autres, pour le tremblement de terre en Haïti et pour Amnesty International. Nous devons jouer prochainement au iTunes festival à Londres. Comme les billets pour ce festival sont gratuits, nous allons lancer un appel aux gens et leur demander de verser une petite contribution pour le concert, l’entièreté des dons ira à une charité active au Japon pour aider les victimes du tremblement de terre et du tsunami. Nous tenons vraiment à faire quelque chose, ce n’est sans doute pas grand-chose mais nous partons du principe que tout ce que nous pouvons faire peut peut-être aider, même à un niveau modeste.

Mogwai a été très actif ces derniers mois, avec entre autres un double album live et le nouveau Hardcore Will Never Die, But You Will. Ce rythme effréné, c'est parce que vous êtes pressés ?
Pressés, oui, et très occupés (rires). De toute façon, ce n’est pas vraiment dans notre mentalité de rester sans rien faire. Donc, on s’occupe !

Cela fait pourtant plus de 15 ans que vous vivez à ce rythme incessant d’albums et de tournées !
On fatigue peut-être un peu plus vite qu’avant, c’est l’âge sans doute. Mais nous apprécions toujours autant le fait de pouvoir créer notre musique, d’être ensemble et de voyager aux quatre coins du globe. Même si tout cela est peut-être plus éprouvant maintenant qu’à nos débuts, il faut être honnête, il y a d’autres boulots bien plus pénibles en ce monde que de se balader avec une guitare !

Avec tout ce temps passé en tournée, comment le groupe travaille-t-il par projets, par étapes ?
Oui, et c’est nécessaire car nous ne sommes pas très bons quand il s’agit de gérer deux choses à la fois. C’est quelque chose que nous avons essayé de faire par le passé, mais maintenant, nous gardons nos différents projets séparés. Pour le moment, nous sommes en tournée et nous nous concentrons là-dessus uniquement. Nous n’avons pas de manager, nous n’avons pas de maison de disque derrière nous, il y a donc encore beaucoup de choses que nous devons gérer nous-mêmes. Pratiquement, nous n’avons jamais réussi à composer de nouveaux morceaux en tournée, tout reste assez compartimenté.

Vous avez votre propre maison de disques, Rock Action , quelle en est la philosophie?
L’idée est simple, pourquoi confier à d’autres personnes ce que nous pouvons faire nous-mêmes ? Je pense que la raison principale pour laquelle des artistes signent avec des maisons de disque, c’est l’argent. Ils ont besoin d’une assise financière pour réaliser leurs projets. Nous, par contre, sans doute parce que nous sommes en mesure de faire autant de concerts et parce que nous fonctionnons ensemble depuis un bon bout de temps, nous sommes en mesure d’attendre les retours sur nos investissements, et d’éviter d’être tributaires de tiers. Nous n’avons jamais eu le moindre problème avec les maisons de disque avec lesquelles nous avons travaillé, mais, à choisir, nous préférons garder un contrôle total sur ce que nous faisons.

Rock Action grandit à vue d’œil, il y a des projets de singles club, d’autres artistes sont signé sur le label, commet cela se passe-t-il en pratique?
Nous avons signé des groupes assez variés, cela ne se cantonne pas à l’Ecosse, certains groupes viennent des Etats-Unis, du Japon, etc. En pratique, le label avait été lancé pour nous permettre de sortir le premier single de Mogwai, puis cela a grandi petit à petit pour finalement faire partie intégrante de notre projet musical. Le processus de croissance s’est fait très naturellement, nous avons invité d’autres groupes à nous rejoindre et le succès est au rendez-vous. Est-ce par chance ou parce que nous sommes bons dans ce que nous faisons, je n’en ai pas la moindre idée ! (rires)

Est-ce que Rock Action fonctionne comme une maison de disque classique ? Si je vous envoie une démo, c’est vous qui allez l’écouter ?
C’est probablement notre label manager qui l’écoutera, mais oui, dans la mesure du possible, nous écoutons ce que nous recevons. Ceci dit, c’est difficile d’écouter attentivement et efficacement des groupes que l’on découvre au détour d’une démo, et la majorité des groupes que nous avons signés sont en fait des groupes qui nous ont été recommandés ou que nous avons pu découvrir sur scène.



Et ce projet de singles club, qu’en est-il ?
C’est une idée qui nous trotte en tête depuis un bon bout de temps mais qui tarde à se matérialiser. Pour le moment, nous n’avons sorti qu’un seul single, celui de Desalvo. Mais il y a pas mal d’autres artistes avec lesquels nous aimerions travailler, donc je suis assez convaincu que cela se fera à un moment ou un autre. En soi, le principe de singles club a été popularisé par d’autres labels que nous apprécions et nous a permis, comme à tant d’autres, de faire des découvertes musicales. C’est donc quelque chose que nous aimerions reproduire, c’est une simple question de temps.

Puisque nous parlons de maisons de disque, pourquoi ce passage de Matador à Sub Pop pour Mogwai aux Etats-Unis ?
Il n’y a pas vraiment d’histoire croustillante derrière ce changement. Nous avons simplement décidé que quelqu’un d’autre s’occuperait de sortir notre nouvel album là-bas. Il n’y a pas eu d’engueulades, ou quoi que ce soit, nous sommes toujours en excellents termes avec Matador.

Ce changement, c’est peut-être parce que vous recherchiez une nouvelle approche ?
C’est difficile à dire. Nous avons décidé de changer, mais j’insiste sur le fait qu’il n’y a pas eu de problèmes avec Matador… même si pas mal de gens semblent difficilement le croire. C’était une décision intuitive. Nous apprécions le travail de Matador, mais sommes ravis d’avoir rejoint Sub Pop, qui est un label mythique.

Revenons-en à Mogwai même, le groupe est de plus en plus cité en Europe comme une référence. On parle de "son Mogwai" et pourtant, le dernier album a réussi à surprendre, notamment avec des titres comme "Mexican Grand Prix".
Pourtant, nous n’avions pas de volonté claire de surprendre. Nous avons écrit de nouveaux titres, et ils sont simplement un peu différents. Tout cela s’est fait sans même que nous y pensions. Ce n’est qu’une fois que l’album était bouclé que nous avons réalisé qu’il contenait une énergie sans doute un peu différente de celles de nos albums précédents. Il n’y a pas eu de discussion concernant un éventuel "renouvellement" de notre son. En fait, cet album aurait pu sonner exactement comme ses prédécesseurs ! En général, nous avons une approche assez détendue de l’écriture, c’est plus automatique que réfléchi. Je reste convaincu que le fait de réfléchir trop en détails par rapport à tout ce que l’on fait amène les gens à prendre de mauvaises décisions. Et c’est quelque chose que nous voulons éviter à tout prix.

Le soi-disant "son Mogwai" continue donc d’évoluer. Mais comment réagissez-vous à l’institutionnalisation du groupe, au fait que Mogwai devienne, en soi, une référence ?
C’est quelque chose de très flatteur et de très positif ! C’est incroyable de réaliser que notre travail peut influencer d’autres musiciens et d’autres groupes. Soyons honnêtes, à moins d’être incroyablement arrogant ou étonnement timide, c’est ce dont rêve tout groupe qui commence un projet musical. J’imagine que certains font de la musique uniquement pour pouvoir se payer une voiture de course, mais ce n’est pas notre cas (rires). Et si nous pouvons, à notre échelle, laisser une trace, tant mieux.

J’imagine que tu as entendu parler de ce groupe de Belfast, And So I Watch You From Afar, que beaucoup de journalistes présentent comme le nouveau Mogwai ?
J’ai déjà entendu leur nom bon nombre de fois, mais, pour être honnête, je n’ai jamais écouté leur musique. Mais j’imagine que s’ils doivent prendre notre "succession", je ferais mieux de me renseigner assez rapidement à leur sujet !

On les classe, comme Mogwai, dans une catégorie "post-rock" finalement assez fourre-tout. Je sais que vous n’aimez pas cette appellation, comme décrirais-tu la musique du groupe ?
Nous sommes un simple groupe de rock, qui se base sur une musique essentiellement instrumentale. Nous avons grandi avec des influences importantes comme Sonic Youth et The God Machine, mais nous apprécions également la musique psychédélique en général. Cela peut surprendre pas mal de gens, mais, inconsciemment, c’est un peu là-dessus que nous avons basé notre musique.

On est loin du cliché qui veut que Mogwai soit un groupe intellectualisant, qui casse les barrières traditionnelles du rock.
En effet. Je ne vois franchement aucune raison de nous taxer d’intellectuels de la musique. J’imagine que nous sonnons plus intello qu’Offspring, mais, que je sache, c’est le cas de bon nombre d’autres artistes. C’est peut-être l’absence de gimmicks comiques dans notre musique qui fait dire cela aux gens. Mais bon, ce n’est pas facile de faire rire les gens avec la musique instrumentale. Enfin, pas que je sache (rires).

Cette image intellectuelle vient peut-être aussi de votre rapport au cinéma. Special Moves est sorti l’an dernier, accompagné d’un DVD capté live à Brooklyn. Mais il ne s’agissait pas d’un simple live, l’approche de la captation était en soi très cinématographique…
Cela faisait un bon bout de temps que nous discutions de notre envie de sortir un album live. Mais nous voulions proposer quelque chose de spécial, d’un tant soit peut différent de ce que se fait en général. Après tout, demander aux gens d’acheter un disque qui ne contient que des titres qu’ils possèdent vraisemblablement déjà, ce n’est pas un argument de vente très efficace, il faut offrir quelque chose en plus. Comme nous avions déjà sorti un court métrage avec certains éditions de l’album The Hawk is Howling (NDLR : "Adelia, I Want To Love: A Film About Mogwai) et comme nous avions apprécié le travail du réalisateur, Vincent Moon, nous avons décidé de faire appel à lui pour l’album live aussi. Notre participation en soi était assez limitée, nous nous sommes uniquement occupés des parties musicales et du mix final. Il s’est occupé de tout le reste et le résultat final, Burning, est une réussite.

Est-ce que cela a changé quelque chose pour vous, de savoir que les concerts de Brooklyn ferait l’objet de ce live?
Oui, cela nous a clairement ajouté pas mal de pression de savoir que nous n’avions, en somme pas droit à l’erreur, sous peine de gaspiller pas mal de temps – le nôtre et celui de l’équipe de captation – et d’argent. Cela ne nous a pas amené à nous comporter différemment mais nous étions sûrement beaucoup plus concentrés que d’habitude.



Vos projets cinématographiques s’enchaînent, y en a-t-il déjà d’autres de prévus?
Pas vraiment pour le moment, mais nous nous sommes lancés dans une tournée tellement importante que, pour le moment, nous nous concentrons uniquement sur les concerts. Même si quelqu’un nous proposait un projet qui nous plaît, ce serait difficile de trouver le temps de le réaliser. Je pense que nous n’aurons que deux semaines de libres d’ici la fin de l’année. Mais c’est une expérience que nous aimerions réitérer.

Vous aviez enregistré la bande originale du film Zidane il y a quelques années. Un dieu du foot en France. De votre côté, vous restez discrets sur vos affinités footballistiques, quel club supportez-vous ?
Le Celtic de Glasgow !

Evitons alors de parler du Old Firm, un sujet toujours difficile, vous suivez le football français?
Un peu, oui.

Vous savez que Lille, où vous jouez ce soir, est en tête du championnat ?
C’est vrai ? Non, je ne le savais pas ! C’est sympa. Nous avons un ami français que nous voyons de temps à autre et qui nous donne pas mal d’information sur le football en France mais, aux dernières nouvelles, il nous avait plutôt parlé de l’hécatombe de gros clubs en coup de France. Mais je ne savais pas que Lille était en tête. C’est vraiment cool de voir de nouvelles têtes !

NDLR :Après d’autres digressions footballistiques, qui amènent Stuart - après avoir réalisé que Christophe semble, au fil de ses déménagements, précéder l’attribution du titre de champion de France - à proposer à notre photographe de déménager illico presto à Glasgow, nous en revenons à la musique.

Comment expliques-tu que la scène musicale en Ecosse soit si dynamique ?
Je n’ai pas vraiment d’explication. Mais il y a énormément d’endroits où les groupes peuvent se produire en public, et cela aide indubitablement. Le fait que la majorité des médias musicaux soit basé à Londres permet aussi aux groupes écossais de grandir loin de toute attention disproportionnée. On les remarque surtout quand ils arrivent à maturité, alors qu’à Londres beaucoup de groupes sont jugés prometteurs très tôt, au risque de s’y brûler les ailes. Les groupes anglais semblent également obsédés par les dernières tendances, les pseudos mouvements qui vont et viennent, ce qui n’est visiblement pas le cas pour les groupes écossais.

Pour terminer, pourrais-tu nous donner quelques conseils sur l’un ou l’autre groupe écossais émergent sur lesquels nous devrions garder un œil ?
Il y a un groupe de Glasgow, Divorce , que j’aime beaucoup et que je recommande chaleureusement !
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