↓ MENU
Accueil
Première écoute
Albums
Concerts
Cinéma
DVD
Livres
Dossiers
Interviews
Festivals
Actualités
Médias
Agenda concerts
Sorties d'albums
The Wall
Sélection
Photos
Webcasts
Chroniques § Dossiers § Infos § Bonus
X

Newsletter Albumrock


Restez informé des dernières publications, inscrivez-vous à notre newsletter bimensuelle.

Hellfest, Troisième Jour: Sous le sable de la Terrorizer Tent


Geoffroy, le 22/07/2010

Gloire aux Fils du Désert: Yawning Man, Mondo Generator, Brant Bjork & The Bros.

La symbolique croix qui orne l’entrée du Hellfest pèse de toute sa hauteur sous le soleil vendéen. Partout des hommes ivres et chancelants, parfois couverts de sang, véritable ou artificiel, errant au gré de leur bon vouloir, poussés en avant par l’appel de la bière ou de la guitare saturée. Quelques nanas ont les seins à l’air, dansant aux côtés des barbares qui occupent les deux scènes principales, sur lesquelles se défoule un obscur groupe dont le nom ne me reviendra jamais. La foule ne se presse pas sous le chapiteau de la Terrorizer Tent, dernière des quatre scènes. Je ne suis pas ici pour visiter. Rwake y joue un set de plomb d’un rock sudiste progressif teinté de black metal hurleur. Ou le contraire. On prend le temps d’observer les lieux, sourire aux lèvres en jetant les yeux sur une véritable antichambre des cauchemars de Christine Boutin et Philippe De Villiers, où se massent les hordes de chevelus fripés de noir, adorateurs du démon et véhiculeurs d’une culture morbide et malsaine. Malgré le soutien et le respect pour le festival, il est difficile de ne pas s’y sentir comme un étranger, une part de la ridicule minorité qui n’en a absolument rien à secouer des Immortal, Slayer, Behemoth et autres, et n‘aura d‘yeux que pour les relents de souffre qui s‘échapperont des amplis des véritables héritiers de Black Sabbath. Les débats finiront d’ailleurs en hilarante incompréhension à la sortie de Clisson face aux inconditionnels de musique extrême.

Yawning Man


En attendant, les sauvages de Rwake viennent de finir de jouer, et c’est Yawning Man qui va faire son entrée. La place se voit désertée, la rambarde se libérer en son plus exact centre et les yeux s’écarquiller quand Gary Arce, maître de cérémonie, monte sur les planches le premier pour ses balances, lequel aussitôt rejoint par le nouveau bassiste de la formation et le grand Alfredo Hernandez, batteur de …And The Circus Leaves Town. Yawning Man envoie ses décharges psychédéliques au travers de nouveaux morceaux étirés, pas encore maîtrisés, voyant quelques mésententes entre ses auteurs. Le son est loin d’être à son paroxysme, la guitare, trop éparpillée entre tous ses effets, manque de clarté et noie les lignes de basse sous une caisse claire trop prononcée et le public dans une torpeur palpable. Gary Arce et son bassiste se regardent dans les yeux, sceptiques et peu rassurés. Mais quel pied pourtant ! Nick Oliveri et Brant Bjork se la donnent en souvenir du bon temps sur la droite de la scène et si l’on excepte les défauts dus au son, que l‘on ferme les yeux et se laisse porter, alors Yawning Man nous envoie en plein trip désertique à grands coups d’arpèges mouvantes et de rythmes sinueux, et quand se font enfin entendre les « Perpetual Oyster », « Stoney Lonesome » , « Airport Boulevard » et « Rock Formations » de l’album du même nom, le peu de fans présents exulte et en redemande, fasciné par la frappe nerveuse du second batteur de Kyuss et les sonorités surf envoutantes de Gary Arce. Mais après une petite demi-heure de set, le trio pose les instruments sans même un signe, visiblement déçu par sa prestation qui ressemblait effectivement plus à une répétition qu’à un véritable show.




Mondo Generator


Nick Oliveri, fidèle à lui-même, vient s’occuper de ses réglages l’air de rien, salue le public et se marre avec lui. Visage serein creusé par la drogue, sourire aux lèvres et t-shirt encore sur les épaules, le bassiste hurleur et Mondo Generator s’apprêtent à envoyer la sauce. Un léger "Meth I Hear You Callin’" en intro sonore voit Oliveri superposer ses deux cris et entamer le show sur un "Fuck You I’m Free" puissamment burné et déjà torse nu, surplombé par un "All The Way Down" sévère et le début des franches et virulentes hostilités. La huileuse ligne de basse de "Gonna Leave You" met tout le monde d’accord et voit la Terrorizer Tent reprendre le refrain tiré de Songs For The Deaf; quant au combo australien qui accompagne Oliveri sur cette tournée, il s’en donne à cœur joie, notamment sur la reprise de "You Think I Ain’t Worth A Dollar, But I Feel Like A Millionnaire", autre extrait du chef d’œuvre des Queens Of The Stone Age. Partis pour un Cocaine Rodeo survolté, Mondo Generator enchaine ses titres ravageurs à coups de rock ’n’ roll déglingué avec "Shawnette" et "All The Way Down", tire son extrait des Desert Sessions avec "JR High Love", avant de rappeler clairement aux premiers rangs la raison de leur venue… « This is a true desert song »… Et de s’envoler comme le sable sous le vent le riff de "Green Machine", véritable hymne qui déchaine la folie furieuse du chapiteau et de ce couplet scandé en un cœur fier et uni: « I’ve got a war inside my head, It’s got to set your soul free ». Le solo de basse d’Oliveri est dantesque, justifiant à lui tout seul cette journée. Impossible d’en perdre la moindre miette, les yeux rivés sur l’un des acteurs de Blues For The Red Sun en complète apothéose et c’est devant une foule en ébullition que Luke Armstrong balance la guitare grinçante de "13th Floor", voyant son leader devenir rouge au point de se faire sauter un anévrisme en hurlant ses « I’m feeling so sick, I feel so fuckin’ sick, no more ! ». Mondo Generator se retire, comme après une baise à s’en faire péter le frein, témoignage cru et sincère du plus sauvage des Desert Sons.




Brant Bjork & The Bros.


La foule se tasse et s’échauffe, se met en bonne condition. Le public est massivement étranger, prouvant une nouvelle fois le faible intérêt de la France pour le dénommé stoner rock. Le punk à crête qui s’active sur la scène est un véritable employé du mois, s’occupant des détails techniques de tout le matos de Mr. Cool qui s’apprête à monter sur scène avec sa récente formation. Standing ovation pour Brant Bjork, arborant cheveux longs et bandana, qui entame direct le show par la guitare lente et groovy de "Freaks Of Nature". Car Brant Bjork est la personnalisation même du groove, attaquant ses cordes comme il matraque ses fûts, avec subtilité, plaçant le temps au moment le plus adéquat, là où il fait mal. "Dr. Special". Regard figé vers l’arrière de la tente, mouvements posés et captivants et intonation monocorde, le leader des Bros est fascinant, s’autorisant grimaces et pas de danse décalés sur ses solos simples et efficaces, mimant chacune de ses notes avec la bouche. Le plaisir de retrouver Billy Cordell derrière la basse est tout bonnement jouissif, son instrument ronflant sous la pesante lourdeur des morceaux du quatuor, relevés par la frappe de Gianpaolo Farnedi. Le fuzz de "Low Desert Punk" est réellement magique, respire l’herbe et le sable chaud, transformant les structures rock en longues plages hypnotiques et étirées, toutes en tension nerveuse qui ne décollent jamais vraiment. On ne porte pas le surnom de Mr. Cool pour rien. Axé sur un set prenant, bien loin de toute la violence balancée le long de ces trois jours mais rock à s‘en casser les hanches, Brant Bjork & The Bros quittent la scène avec sérénité, certains d’avoir assuré un live en adéquation avec le décor et en accord avec les règles du Low Desert Punk.


Commentaires
Soyez le premier à réagir à cette publication !