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Elvis Presley : genèse d'un mythe


Etienne, le 07/04/2016

Memphis, Nashville et Jacksonville, avènement d'une bête de scène

Révélation scénique


Sam Phillips ne veut pas laisser passer sa chance de propulser son poulain au-delà des frontières ensablées de Tennessee. Il contacte alors la figure emblématique des émissions hertziennes populaires, un certain Dewey Phillips. Aucun lien de parenté ne lie les deux hommes. Ils ont même chacun une philosophie de vie relativement distincte. Pour autant, Sam supplie Dewey de passer "That's All Right" ou "Blue Moon Of Kentucky" dans son émission WHBQ. Toute la région de Memphis est habituellement pendue aux mots de ce prophète des ondes dont les découvertes et autres coups de coeur sont suivis par tout un pléthore d'amateurs de musique country, jazz, r'n'b ou boogie-woogie. Sam fait écouter le disque à Dewey. D'abord dubitatif, celui-ci finit par céder et est le premier DJ à diffuser un titre d'Elvis Presley. La légende raconte que le standard de la petite station du Tennesse sonne encore...


Le succès immédiat des deux premiers titres du jeune homme le place directement sous les feux des projecteurs. Le jeune trio n'a pas le choix et doit se produire sur les scènes locales afin d'entretenir l'attention des médias locaux et se faire connaître auprès d'un public de plus en plus large. L'Overton Park Shell de Memphis accueille la première prestation marquante d'Elvis Presley, Scotty Moore et Bill Black. Les garçons y avaient vu se produire toutes les plus grandes stars locales de l'époque et fouler cette scène tous les trois les rend nerveux. Elvis particulièrement. Il est très contrarié par l'affiche du spectacle: son nom, déjà peu visible, y est écorné: "Slim Whitman With Bill Walker, Ellis Presley and many others" peut-on lire à l'entrée dans la salle. Ravalant leur fierté et transcendé par l'enjeu, le groupe oublie ce petit tourment et veut satisfaire un public venu nombreux applaudir la vedette Slim Whitman. Les premières frasques scéniques du rock 'n roll sont une incroyable réussite. Une liesse peu commune s'empare d'une assemblée emprise à une certaine stupéfaction devant ce mélange improbable d'accents country, de rythmes blues sur fond de mélodies pop (c'est d'ailleurs ainsi que Billboard définira la musique du King dans une chronique, particulièrement le titre "Good Rockin' Tonight"). Le succès est total. La notoriété d'Elvis croit rapidement à Memphis, les gens commençent de le reconnaître. Et il adore ça.


Confirmation d'un talent


Le concert de Memphis a fait grand bruit à tel point que le pauvre Slim Whitman est complètement éclipsé par la prestation surréaliste d'Elvis Presley. Les échos de ce concert improbable et de ce jeune chanteur provocateur commençe à s'ébruiter au-delà des frontières de la petit région de Memphis pour arriver aux oreilles de la capitale de l'état, fief country par excellence et berceau de toute la culture sudiste: Nashville. Phillips fait jouer ses relations dans la région afin de vite programmer la troupe dans la salle mythique du Louisiana Hayride. La date tant attendue est arrêtée au 16 octobre 1954. Le groupe s'était produit dans une plus petite salle deux semaines auparavant, l'Opry. Mais le Hayride c'est autre chose: près de 4,000 places et une retransmission en direct à la radio KWKH. La première interview enregistrée d'Elvis est réalisée quelques secondes avant le show par Frank Page (voir ci-dessous). L'enjeu est énorme. Mais le plus grand reste à venir.


Complètement crispé, le trio s'avance sur scène et entame difficilement "That's All Right Mama". Ce n'est pas de la country mais du rock 'n roll et les gens adore ça. Un détail retient pourtant particulièrement l'attention de l'audience, aux yeux rivés sur ce jeune chanteur à rouflaquettes et veste colorée. La foule s'électrise à mesure qu'Elvis se meut de manière saccadée. Ses jambes semblent s'agiter d'une manière complètement anarchique, décrivant à tour de rôle des semblants de cercles parallèles aux mouvements de bassin d'un Elvis habité. Le public est en totale transe devant ce jeu de scène décomplexé et outrageusement suggestif. L'entrejambe de Presley est devenu un véritable objet de contemplation de la part de ses dames avant même la fin de la chanson. Pire encore, les jeunes comme les anciens semblent apprécier cette nouvelle lubie appelée "rock 'n roll" et l'euphorie générale prend rapidement le pas sur un effet de surprise détonant. Personne n'avait jamais vu ça.


Elvis-Mania


Les prestations d'Elvis lui forgent une renommée dans tout le sud des Etats-Unis. Parallèlement, Sam Phillips continue d'enregistrer plusieurs titres avec Elvis, Scotty et Bill. Au début de l'année 1955, quatre 45 tours composent la discographie d'Elvis Presley. Le groupe fonctionne toujours en trio (du moins en studio, un batteur et un pianiste les rejoingnent épisodiquement sur scène) mais Phillips sent la formule s'effriter. Lors de l'enregistrement d'"I'm Left, You're Right, She's Gone" courant février, Phillips invite un jeune batteur à se joindre au groupe. Moore est réticent. Elvis indifférent. Le trio s'attelle tant bien que mal à ce titre dont il n'arrive pas à sortir une version correcte. Le rythme n'est pas bon, comme souvent. Phillips tente alors une nouvelle fulgurance en imposant un refrain en 2/4 sur une chanson en 4/4. Magiquement, l'ensemble fonctionne à merveille et tous semblent finalement ravi de ce jeune batteur. Il décline pourtant poliment l'invitation à rejoindre le groupe de manière permanente, ce dernier préférant passer son bac sereinement.


Avec plus de huit titres pressés sur galettes, le trio est prêt à attaquer des concerts plus imposants, plus longs mais surtout plus loin. Le 13 mai 1955, les voilà programmés à Jacksonville, capitale de l'état de Floride. Elvis est marqué par ce voyage qui le confronte pour la première fois à l'immensité bleue de l'océan. Emmerveillé, il ne cesse de penser à ses parents, eux qui n'ont jamais eu la chance d'observer une autre eau que celle boueuse du Mississippi. L'éloignement est parfois difficile à supporter pour lui. Pour ses parents, il l'est en permanence. Elvis se fait pourtant bien à sa nouvelle notoriété et n'hésite pas à en profiter. Voitures de luxe (il assouvit enfin sa passion pour les Cadillac en achetant son premier modèle, rose), guitares Martin à 175 dollars (une fortune pour l'époque) et bien sûr des flirts incessants avec ses prétendantes qui se bousculent au portillon. Au sens propre évidemment. Ce concert de Jacksonville, au-delà de la simple performance musicale de plus en plus aboutie proposée par le groupe, est le théâtre de la première émeute de fans pénétrant en furie dans la loge d'un Elvis aux abois, réfugié à moitié nu en haut de sa douche et tentant tant bien que mal de calmer l'hystérie d'un collectif féminin de plus de 300 têtes venues s'arracher le moindre bout de tissu de la star.


Si on peut s'émouvoir du sort subi par le King, il faut bien admettre qu'au delà son jeu de jambes peu équivoque, il joue largement de son rôle de sex-symbol en devenir. Pas spécialement beau garçon (selon les critères de l'époque) et cultivant allègrement une image excentrique différente, il surfe pourtant sur la vague de son succès en aguichant avec plaisir toutes celles qui semblent lui montrer un minimum d'intérêt. Sans penser à mal, du moins pas nécessairement. Mais il est clair qu'il prend aujourd'hui le retour de bâton en pleine figure. Son comportement a d'ailleurs beaucoup changé en l'espace d'une petite année. Il faut dire qu'il a rencontré en l'espace de six mois tout le gratin de la musique country américaine: Buddy Holly, Roy Orbison ou encore Hank Snow. De quoi faire tourner la tête de plus d'un gratouilleur de cordes oxydées à Memphis. Habituellement timide et réservé, on le voit volontiers beaucoup plus détendu, endossant même un rôle de séducteur qui, il faut bien l'admettre, lui va comme un gant.


Elvis plaît à la foule dans toute sa diversité: les vieux, les jeunes, les blancs, les noirs, les fans de country, les amateurs de ballades langoureuses, tous le trouvent fascinant. Et cette ferveur populaire n'échappe à un homme présent dans la salle ce soir là. Un certain "Colonel" Tom Parker.



Etienne

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Commentaires
man042, le 03/07/2016 à 15:34
vous etes la parfaite caricature de toute cette presse nauséabonde qui n'a retenu de lui que son obesité et ses medicaments, malgré ses deux milliards de disques à ce jour. Pas mal pour un chanteur à méméres. Je vous chasse de mon esprit.