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Compte-rendu de concert

Isobel Campbell & Mark Lanegan


Date : 19/02/2011
Salle : L'Omnibus (Saint-Malo)
Première partie : The Pains Of Being Pure At Heart, Suuns
Marc, le 25/02/2011
( mots)

Les airs aoûtiens du fort St-Père se sont envolés le temps d'un automne mais La Route du Rock nous convie à emprunter le chemin de l'Omnibus pour sa session d'hiver. Ses deux soirées affichent complet et c'est à la seconde, celle du samedi 19 février, que va ma préférence, grandement motivée par la présence d'Isobel Campbell & Mark Lanegan.  

Esben and the Witch a ouvert le bal en avance, et comme je suis un poil en retard seuls deux morceaux ont mes regards. Pour les oreilles, difficile de juger la cold-wave synthétique de ce trio en si peu de temps. A priori, rien de captivant et de nouveau sous leurs chansons obscures. La chanteuse, cymbale et tom en avant, a tout de même une voix. Le public se garde de la faire (ré)entendre sur l'instant. L'un des chouchous de l'année 2011 pour le magazine NME fait presque chou blanc.

Il est temps pour moi de découvrir l'Omnibus. Une salle bien agencée, surplombée d'un balcon d'où descendent quelques sièges plongeants sur la fosse. Les concerts sont retransmis en vidéo dans une salle au-dessus avec une ouverture sur la terrasse du dehors pour contenter les fumeurs et les affamés. L'ambiance y est très sage et l'âge moyen des spectateurs est visiblement plus élevé que celui des festivals d'été. Retour aux abords de la scène où c'est le tour de Guards. Echappé de The Willowz, son leader Richie Follin, accompagné de sa soeur et de trois autres membres, joue une pop sixties à la mode des années 80. Sa voix de tête m'est passablement désagréable, je suis tout de même venu ici pour apprécier celle de Mark Lanegan, il est donc inutile de vous expliquer plus longuement les différences de tessitures et de frissons qu'elles font naître en moi. La musique de Guards ne me fait pas plus d'effet, seul le titre le plus énervé "Resolution of One" a retenu mon attention. Heureusement, c'est déjà fini.

 

Une boisson suffit à étancher ma soif de beaucoup plus car le cocktail folk-blues-country d'Isobel Campbell & Mark Lanegan est attendu. Le rapprochement du public vers l'avant-scène en témoigne. Leurs quatre musiciens entrent les premiers pour s'installer, sans un mot la belle et la bête les suivent. L'angélique Isobel est parée d'un gilet angora bleu ciel, Mark est tout de noir vêtu. D'entrée le contraste est saisissant, une poupée russe aux doigts croisés semble prier pour que la bête qui est à ses côtés ne surgisse pas au détour d'un couplet pour la dévorer. Ô temps, suspends ton vol, la rencontre tonale se marie comme par magie. La sobriété, la délicatesse et la justesse de leurs chants si éloignés me font voyager. Entre un bayou et un bouge de l'Amérique profonde, les chansons évoquent sa traversée. Je ne peux détourner mon regard de Mark Lanegan, cramponné à son pied de micro, il n'y a que ses mains tatouées d'éclairées. Il regarde le plus souvent son pupitre d'où il tourne les pages entre les chansons en se décrispant les bras tel un boxeur. Tapie dans l'ombre, sa voix rocailleuse d'écorché vif fascine plus qu'elle ne fait peur. La bête est bel et bien vivante et les deux chansons où il chante seul sont les plus marquantes ("The Circus is Leaving Town" et "Something to Believe"). Isobel est en pleine lumière, quoique plus effacée dans le chant, ses partitions de violoncelle et ses airs sifflés en se cachant les yeux d'une main sont perçants et réellement touchants. "Salvation", "Come On Over (turn me on)" et "Ramblin Man" permettent à leurs musiciens d'emballer le final où l'excellent guitariste, qui a successivement tâté d'une acoustique, d'une dobro, d'un clavier et d'une Gretsch électrique nous laisse avec le sourire d'une photo prise, un thanks, et une toute petite pointe de regret personnel. Car, malheureusement, c'est déjà fini, et c'est sans rappel malgré la requête du public. Plus encore que sur disque, la scène vient de me révéler l'authentique complicité d'un duo hors du commun.

The Pains Of Being Pure At Heart pourrait parfaitement résumer ce que viennent de mettre en valeur Isobel Campbell et Mark Lanegan, hélas, ces mots ne désignent que le groupe qui suit. A l'écoute de quelques uns de leurs morceaux sur la toile, leur indie-pop synthétise assez bien la vague noisy du rock anglais des années 80. Hélas ! En live ce quintette new-yorkais le confirme, mais uniquement à ses dépens... L'enchaînement sans subtilité de morceaux rythmés, sans tâche ni surprise, ne me touche pas. Ils sont même un peu maladroits avec aucune originalité dans les voix. Ce retour vers le passé est vite oublié.

J'espère tout le contraire de Suuns ! Après une longue attente indépendante de ma volonté, les quatre Montréalais, tout juste auteurs de leur premier album, arrivent enfin. L'introduction à leur musique est d'abord électronique, voire techno, où, entre les strates synthétiques aux ambiances menaçantes et leurs fulgurances organiques viennent tout de même poindre quelques rayons mélodiques. La voix susurrée de Ben Shemie est inoculée comme un virus. La mâchoire serrée il aspire les mots plus qu'il ne les chante et m'embarque dans son psychédélisme d'un genre nouveau. Le batteur tanne des beats sans retenue, le bassiste se mue guitariste pendant que celui opérant au synthé s'empare de sa basse. Le son est fort et puissant, les riffs couplés sur "Armed for Peace" déclarent la guerre à mes tympans. Ben Shemie se la gratte jusqu'aux chevilles et ce sont tous les corps de l'Omnibus que les Suuns transportent avec eux. Dans un ordre aléatoire leur Zeroes QC est joué en entier. Il est tard, le temps d'un rappel une chanson inédite est exécutée façon chorale. Ok, vous l'avez compris, aux oreilles de tous ceux qui sont là, ou presque, Suuns, de par son originalité et son interprétation scénique, est sans conteste la révélation de cette sixième session d'hiver !

La mosaïque musicale de la soirée ne m'a pas complètement comblé mais il en faut pour tous les goûts et la confirmation attendue avec
Isobel Campbell & Mark Lanegan ainsi que la belle découverte de Suuns m'ont permis de traverser deux grands moments. Je n'en demandais pas plus en me retournant.

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