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Compte-rendu de concert

Swans


Date : 28/03/2013
Salle : Le Consortium (Dijon)
Première partie :
Geoffroy, le 16/04/2013
( mots)
Les Swans à Dijon… Les Swans à Dijon… Les Swans à Dijon… Cette phrase a fait écho en mon sein longtemps après sa première réalisation. Difficile de faire comprendre à nombre d’entre mes concitoyens que la news était de taille. Leur dernier set au Trabendo en novembre dernier avait été une énigme pour moi, une expérience intense oui mais également une certitude de ne pas avoir réussi à réellement m’abandonner à la chose. Je sortais de la salle avec l’étrange sensation de ne pas savoir si j’avais apprécié le concert ou non. La prestation de la bande à Michael Gira se révéla complètement différente de leurs albums, une version beaucoup plus poussée des récentes envolées de The Seer que je n’avais pas encore su apprivoiser, et il me tardait de m’y soumettre à nouveau, mais cette fois entièrement. Dans un concert des Swans, l’abandon est la clé.

La faune qui emplit le Consortium ne diffère pas de celle des grands évènements dijonnais, encore que peu ont eu la teneur de celui qui va se dérouler en les sous-sols de la ville. Hormis les quelques hipsters que l’on ne voit que lors des concerts de Why Note ? et Sabotage (les deux grosses assos de rock indé’ et alternatif en ville, pour peu que ces termes aient une signification), des têtes bien connues discutent entre elles dans l’antichambre et croisent des regards nerveux. Tous savent l’importance de cette soirée, tous se préparent à n’en pas manquer la moindre miette. On nous sert la transe sur un plateau d’argent, il n’y aura pas de fine bouche. On se doit d’être à la hauteur de l’instant.


Jamie Stewart entre en scène dans une ambiance rouge et statique. Peu arriveront à entrer dans le set du frontman de Xiu Xiu, mais je suis particulièrement touché par la sensibilité du personnage. Profondément ancré dans son monde, lui est subjugué par l’abandon, m’appelant aux mêmes émotions que tous ces musiciens aux mélodies dépouillées mais riches, Mark Hollis en tête. Un jeu de guitare minimaliste aux harmonies parfois douteuses mais étrangement perçantes et une voix fébrile, envolée, nuancée. Le tout superposé à des samples de chant d’oiseaux et de cour d’école. Chouette, vraiment.

 
La masse se forme et les premiers commentaires fusent. Une vieille punk se vante de s’être évanouie la première fois qu’elle a vu les Swans. La beauferie dijonnaise prend son ampleur jusqu’au début du concert, questions réponses cherchant à attirer l’attention, puis le silence se fait dans la foule. Pas sur la scène. Les premières minutes de "To Be Kind" sont d’une tension redoutable. La voix de Gira résonne, tremble dans tout le Consortium, puis le premier unisson se pose, et c’est toute la salle qui se met à vibrer. Volume sonore assourdissant, l’abandon fait son œuvre. "Mother Of The World". Je souris de malice, ayant prévenu les amis qui m’accompagnent de ce qui les attendait. Avec seulement des mots, il ne pouvaient même pas imaginer ça. Moi non plus pour être franc. "Coward" est monstrueux, bond modernisé de quelques décennies en arrière vers cet indus rêche qui caractérisait le groupe au milieu des années ’80, marqué au fer rouge par la sauvagerie des percussions de Thor Harris. Le Viking à frange est décidément une des clés de voûte du Swans nouveau. Tout semble beaucoup mieux maîtrisé qu’à Paris, les pics d’intensité sont sans comparaison, de même pour mon ressenti. Aucune place ici pour la beauté liquoreuse des gloires passées avec Jarboe, les cygnes ont opéré l’avènement d’une nouvelle aube et même les die-hard fans ont du être surpris. Comment peut on faire autant de bruit, même à six ?

Gira ne dit pas grand chose, se contente de quelques « mercis » de rigueur, d‘une gestuelle chamanique et de son rôle de chef d‘orchestre possédé, intransigeant avec ses musiciens, cherchant toujours à pousser plus loin. Christoph Hahn en a d’ailleurs fait les frais pour ce concert. L’accueil du public est cependant chaleureux, je n’espérais pas tant. Le gaillard semble d’une bonne humeur relative - neutre donc - et il faut attendre la première coupure de courant de "She Loves Us" our voir sa première saute d’humeur. Quittant la scène passablement irrité, il finit par revenir après quelques minutes un peu plus détendu pour calmer la fameuse punk gueularde dans ses élucubrations élitistes selon lesquelles le Consortium n‘avait pas les épaules pour accueillir un groupe de cette trempe. « Relax ». Le set finit par reprendre. 

Une seconde coupure menace le bon déroulement des choses mais elle est instantanément réparée pour ne plus faire défaut à la transe. Deux ou trois évènements extérieurs viennent conforter le monde dans l’idée qu’ils peuvent avoir de Gira, monstre froid et terrifiant - pourtant des plus affables le concert terminé. Refusant d’abord une poignée de main à un lourdaud quarantenaire en manque d’affection et de gloire il finit par envoyer littéralement chier un guignol transi de défonce cherchant à lui chiper son livre de textes. « Move back ! Don’t touch ! ». Les deux feront quelques pas en arrière dans le rang, vexés de s’être pris une bonne soufflante.  Ne provoque pas Michael Gira qui veut. Ce qui n’empêchera ni l’un ni l’autre de revenir faire leur petit malin vers la fin du set. Une fin de set qui ne démord pas d’intensité jusqu’au bout de ses deux heures trente avec en point d‘orgue "The Seer" qui clôt la furie de ses trois mouvements somptueux, déchirant la salle de ses longues montées d’adrénaline, Gira influant le temps et l’espace de ses gestes précis, greffant encore de nouvelles choses à ce morceau marathonien, poussant le public et ses musiciens dans leurs ultimes retranchements. « People get ready to receive the new mind ».


Je ne sais pas si la venue des Swans a Dijon aura véritablement changé la vision d’au moins une partie du public. Je ne sais pas si la nouvelle direction du groupe tient véritablement d’une révolution qui n’a pas finie de faire parler d’elle et n’en est qu’à son commencement - les tous nouveaux morceaux en sont un exemple flagrant. Ce que je sais c’est que ce concert fût ce qu’il m’a été donné de meilleur à voir depuis que je hante les salles de cette ville et que certains de de mes confrères en auront pensé la même chose. Espérons que ce sera une raison de continuer à inviter des formations de ce niveau. De voir des gens scotchés pendant deux heures trente sans décrocher une seconde, cela tient véritablement de l’exploit et crée un plaisir fou. De voir les autres dans l’incompréhension me conforte dans l’idée. Tous ne sont pas encore prêts à l’abandon.

 
 
Swans - Coward (Le Consortium, Dijon, 28.03.13.)
 
 
 
 
 
 
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