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Compte-rendu de concert

The Prodigy


Date : 17/04/2010
Salle : Zenith (Paris)
Première partie : South Central
Laura, le 23/04/2010
( mots)
A l'annonce de cette double date au Zénith de Paris, les fans inconditionnels se jetaient sur les tickets une fois la billetterie ouverte. Ce n'est qu'une fois le sésame empoché, embrassé et rangé dans le tiroir en attendant le jour J que l'on s'apercevait que les concerts n'étaient toujours pas complets et qu'une telle ruée n'avait pas servi à grand-chose. Le 17 avril au soir, devant le Zénith, les revendeurs de billets au noir hurlent plus fort que d'habitude et se jettent des regards embêtés en haussant les épaules : les affaires ne vont pas bien.

A l'heure dite, alors que la foule arrive doucement ou fume ses dernières clopes à côté du vestiaire, les deux gaillards de South Central s'installent derrière leur platine à la Justice et nous envoient dans la tête une électro cinglante et entrainante, à base de compositions diverses et de remix plus ou moins réussis. Tandis que l'un des deux types, rivé sur son Macbook, s'est réfugié dans son monde hypnotique, l'autre, encapuchonné, n'a de cesse d'orienter son petit clavier vers le public pour lui montrer qu'il joue une magnifique suite do – do dièse – do, et que c'est grâce à lui que nos tympans en prennent pour leur grade. On est peu convaincus, mais la violence et la vivacité des coups portés par le groupe parviennent à faire sautiller la fosse qui s'épaissit. Mais quand même pas à lever les gradins, chacun se préservant pour l'effort à venir.

Quand la première partie s'éclipse et que les lumières se rallument, on découvre une fosse bien remplie jusqu'aux bords, mais des gradins parsemés de vide. Dans le public, entre autres, des punks, des ados en quête de sensations et des quarantenaires, qui voient en ce concert l'occasion d'agiter le drapeau légèrement froissé de leur jeunesse. Mais personne ne se fait d'illusions : il ne s'agira pas d'un show rétrospectif à base de vieilles pistes, du temps où les membres du groupe étaient encore des jeunots, mais le public, s'il est présent, a certainement vite fait le deuil de ce fantasme.

Quand enfin Prodigy arrive sur scène, accompagné d'un batteur, d'un guitariste et d'un bassiste, les derniers courageux quittent les gradins pour se fondre dans la fosse, en prétextant leur geste par un "Bon, allez, c'est Prodigy quand même". Le concert débute avec un "World's on Fire" démentiel, qui promet d'envoyer du lourd tout au long du show. Le son est tellement fort et les basses tellement vives que les cheveux sautillent et le cœur fait des roulades. Maxim (chant), à droite de la scène, ne cesse de haranguer la foule avec des "Listen !" ou encore des "Oh my people !", tandis que Flint, de l'autre côté, danse de sa manière si caractéristique. On enchaine avec "Breathe", puis ce sera pendant tout le show une alternance quasi-parfaite entre titres de Invaders must die et chansons plus anciennes. Sans surprise, le public a alors le droit à une très grande partie des pistes du dernier album, de la chanson éponyme à "Thunder" en passant par "Omen". Mais les quadras s'y retrouvent également, gâtés par le groupe de plusieurs titres de Fat of the Land, comme "Firestarter" ou "Diesel Power", et d'autres plus anciens : "Poison" ou "Voodoo People". Que du puissant, a priori, mais quelle piste ne devient par un poids lourd en live, chez Prodigy, avec ces riffs énervés, cette batterie à en crever les caisses et le travail électronique de Liam ?

Les effets de lumière sont assez variés mais très violents. Ainsi, qu'on soit assis ou debout, on se prend de multiples flashes très rapidement alternés, à base de rectangles blancs ou rouges qui flotteront sur nos pupilles pendant un certain temps. Ces effets de lumière, qui collent effectivement bien à l'ambiance survitaminée du show, nous empêchent cependant de bien discerner le groupe sur scène. Liam ne restera dans nos esprits qu'une ombre derrière des instruments, sauf si on a eu la chance de se glisser jusqu’aux premiers rangs (et d'y survivre). Le public entre dans une sorte d'hystérie musicale collective, dansant et pogotant sans se soucier des voisins ; les gradins sont tous levés et hurlent les paroles, en coeur avec Maxim et Flint, qui grimace ses textes. A noter également que, par choix ou par nécessité, le groupe laisse poireauter le public un temps assez long entre les chansons, assez long en tout cas pour nous stresser et nous faire envisager toutes les pistes possibles en entendant le moindre petit son provenant de l'attirail de Liam.

Lorsque retentissent les premières notes de "Smack my Bitch up", en fin de concert, alors qu'on perdait presque espoir, le Zénith lâche un râle surpuissant qui a du faire résonner le bitume, dehors. Les pogos redoublent d'intensité, des téméraires tentent un dernier slam, et la sueur coule à flot. Tandis que le chant féminin emplit la salle, dans une montée progressive vers la jouissance, Maxim ordonne au public de se baisser. Il met un certain temps à se faire comprendre, à base de "Fucking sit down, my people", mais enfin, tout le Zénith s'accroupit, ce qui, vu depuis les gradins, est assez impressionnant. Mais chacun a compris ce qu'il faudrait faire quand le "Smack my bitch up" viendrait à nouveau intensifier le rythme, et c'est tout le Zénith qui se relève d'un coup alors que l'excellent batteur redouble de force sur ses caisses, afin d'accompagner le délire.

Le groupe s'éclipse, la foule crie. Tout le monde joue le jeu et s'égosille, frappe dans ses mains, perdant les dernières gouttes d'eau encore présentes dans leur corps. Dans ce silence relatif par rapport au son envoyé par le groupe, nos oreilles en profitent pour siffler. Prodigy remonte sur scène et nous balance un "Take me to the Hospital" monstrueux avant d'enchainer sur "Out of Space" et "Their Law", pour le grand plaisir des fans hardcore. Le concert se clôture sur une fausse joie, car les lumières peinent à se rallumer. Mais chacun est ravi, les "waouu" fusent, et toute la foule parle au moins deux tons au dessus de la normale, se gueulant dessus pour se comprendre : l'acouphène a fait une bonne tournée ce soir. Littéralement inondés de sueur, les fans quittent la salle avec les joues encore rouges de s'être pris une bonne grosse claque. Certes, Prodigy est plus clean qu'avant, et aucun des membres n'a tenté un slam endiablé ou ne s'est déshabillé, mais pour sûr, la formation sait à la fois déchirer et caresser les oreilles, ce qui est, masochisme mis à part, follement jouissif.

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