No One Is Innocent
Salle : Dieulouard (Dieulouard)
Première partie :
Nous sommes allés à la huitième édition du East Summer Fest de Dieulouard (54), prendre du bon temps et lever le poing...
Est-il possible de faire plus extrême transition, que passer du Hellfest et ses 20 millions de budget, au East Summer Fest de Dieulouard et ses 2,000 spectateurs ? Peut-être bien que non, mais, toutes proportions gardées, le petit festival régional n'a pas à rougir ni de son organisation, ni de sa logistique. Souvenons-nous comment tout à commencé dans les coins de Clisson...
19h30 Hoboken Division. Ce très bon trio blues rock fait bien plus penser aux grands espaces américains qu'aux canaux mosellans (le groupe vient de Metz et sort ses disques sous l'excellent label/boutique La Face Cachée). Beaucoup de ses titres à l'atmosphère humide, poisseuse, lancés à l'harmonica par Marie, la chanteuse, se finissent en montée heavy rock aux réminiscences d'un Lynyrd Skynyrd avant le crash d'avion, quand le groupe ne part pas sur un titre fougueux dans un punk-garage bien senti... De toute façon, quand on a un batteur à bacchantes, on ne peut qu'être dans le vrai. Une bien belle entrée en matière.
Pour combler les changements de l'unique scène (sur laquelle chaque groupe joue une heure), les organisateurs ont prévu des interviews et des sessions acoustiques, mais nous y reviendrons. Juste le temps de se rincer le gosier avec un blanc-mirabelle accompagné d'une flam' signée ptit Pierre sous le soleil couchant lorrain, que les Meurthe et Mosellans de la soirée : Po Box, débarquent avec leur ska punk mélodique bien maîtrisé, saupoudré d'une touche de sonorités des Balkans apportée par deux cuivres. Ajoutez un esprit bien fun et un bon son, vous comprendrez pourquoi le groupe a su se faire un nom un peu partout depuis près de vingt ans, et notamment en Europe centrale et de l'est, contrées friantes de ska punk. Le trompettiste habite encore à 5km de la scène et il n'a jamais joué si près, sympa pour des mecs qui sont allés jusqu'au Japon avec leurs riffs et leur gouaille...
La première pause acoustique se nomme Louis Ville et vient aussi de Lorraine mais des Vosges. Et autant le dire tout de suite : on a pris une claque. Avec son électro-acoustique et ses pieds nus, le musicien trimballe de la mélancolie, de la révolte, passe de la grâce à la gravité avec sa voix magnifique et ses textes à frissons, et personne ne bronche jusqu'à l'acclamation. Un truc est passé sous le chapiteau, et il est passé par nous...
Nous allons nous remettre de nos émotions dans le petit coin détente fait de palettes avec un peu de houblon régénérant, avant d'aller lever le poing avec la tête d'affiche du jour.
22h40 No one is Innocent D'entrée de jeu le son est monstrueux ! (Alors qu'il était déjà très bon jusque là). "Silencio". BIM. "Kids are on the run". BAM. "La jeunesse emmerde le FN". BOOM ! On est déjà au taquet, la part belle étant faite aux morceaux des deux derniers albums jusqu'au grand classique qu'est La peau, toujours d'actualité... Comme espéré, les parisiens, nous gratifient d'une petite reprise de Rage Against The Machine avec "Bullet in your Head". Avant de revenir à des morceaux récents pour enfoncer le clou, et le public de reprendre en chœur "Du bruit dans l'hexagone" et "Charlie parle moi encore" le poing levé ! Que ce groupe est bon ; frondeur et censé, il nous rentre bien dans la tronche !!! C'est peut-être en partie dû à l'apport d'un autre régional de l'étape avec le nancéien Shanka à la guitare (qui a tellement bon goût que sa dernière acquisition est une Roger Daguet...). En attendant, il enchaîne les solos et chante même dans un micro planqué dans la corne de sa guitare, petite fantaisie du plus bel effet... Bref, les No one ont assuré. Pour ceux qui n'ont jamais eu la chance de voir RATM en concert, allez au moins voir La rage contre la machine.
Un set acoustique de Hoboken Division fait redescendre la pression. L'on peut y apprécier la voix de Marie, et même assis sur une banquette, le trio propose un son tout droit sortit du bayou, et qu'est-ce que ça passe bien au fin fond de la Lorraine à 00h10 dans la moiteur ambiante...
00h20 Punish yourself Encore une fois le son est excellent dès le premier titre, on en a les chevilles qui s'enfoncent dans le terrain de rugby. Par contre les toulousains nous balancent un deuxième titre à la limite d'une vieille techno à peine acceptable en Pologne, mais aussi bizarre que ça puisse paraître, on est vite dans le trip. Certaines chansons ont un gros côté Ministry et c'est appréciable... On hésite quand même parfois entre le grand guignolesque et le très bon, mais du moment qu'il y a hésitation, il y a espoir... L'énergie est en tout cas bien présente et le groupe maîtrise sa scène pour clôturer sans faux pas une nouvelle édition du East Summer Fest qui ne demande qu'à être connue en dehors de ses frontières régionales.