↓ MENU
Accueil
Première écoute
Albums
Concerts
Cinéma
DVD
Livres
Dossiers
Interviews
Festivals
Actualités
Médias
Agenda concerts
Sorties d'albums
The Wall
Sélection
Photos
Webcasts
Chroniques § Dossiers § Infos § Bonus
X

Newsletter Albumrock


Restez informé des dernières publications, inscrivez-vous à notre newsletter bimensuelle.
Compte-rendu de concert

Nada Surf


Date : 14/04/2016
Salle : Laiterie (Strasbourg)
Première partie :
Etienne, le 18/04/2016
( mots)

Nada Surf a toujours eu une relation particulière avec la France. La pratique courante de la langue de Molière par Matthew Caws et Daniel Lorca fait toujours des concerts heaxagonaux un moment de communion intense, voire de franche camaraderie. Ce concert strasbourgeois n'échappe en rien à cette tradition et le quatuor new-yorkais a livré une prestation plus qu'impeccable, touchante. Un moment rare.

La scène de la Laiterie paraît étonnamement plus grande que d'habitude. Chaque musicien ne dispose que d'un seul ampli et la batterie surplombe l'ensemble sobrement. Le genre de scène qui laisse toute sa place au groupe et qui démontre une volonté d'ouverture totale. Il n'y aura rien d'autre que Nada Surf sur scène ce soir, comment s'en plaindre ?

Après une pause scénique de presque 4 ans, les américains retrouvent leurs marques sans aucun mal. L'excellent morceau d'introduction de leur dernier album "Cold To See Clear" ouvre un bal d'émotions multiples où la joie de retrouver un groupe plein d'entrain contraste avec la mélancolie romantique émanant des superbes harmonies vocales du titre. Toujours sur le fil du rasoir, l'interprétation du groupe est idéale et on s'amuse à basculer dans la liesse la plus innocente comme dans la tristesse la plus poignante. "When I Was Young" rappelle à tous ses souvenirs d'adolescents pendant que l'émouvant "Friend Hospital" embarque un public pendu aux mots de Matthews Caws. Le groupe joue habilement de cette dualité singulière en osant le très rock ("Hyperspace") autant que le très doux (l'envoûtant "Blonde On Blonde", rajouté sur la setlist depuis peu) ce qui ne manque pas de déclencher de longs applaudissements. Quelle que soit le crenéau emprunté par le groupe ce soir, il est d'ores et déjà en terrain conquis.

Daniel et Matthew ne privent d'ailleurs pas leur public de nombreuses anecdotes louant la serviabilité des services de la petite salle strasbourgeoise, félicitant la ville pour son musée d'art moderne où Matthew est allé flâner l'après-midi même: "C'est la septième fois qu'on joue ici et à je vais souvent au musée. Il est superbe. Avant j'y allais en tram, votre beau tram avec des petites musiques différentes à chaque arrêt. Mais en fait je me suis rendu compte que c'était à 300m alors cette année j'y suis allé à pied. Ca fait des économies ! ". Rires dans la salle, clins d'oeil complices sur scène, il règne à la Laiterie une ambiance chaleureuse qui nous rappelle que le concert n'est pas qu'un simple étalage des talents d'interprètes mais bien un échange permanent entre l'artiste et son public. Ira arrangue la foule depuis son tabouret, son sourire permanent rayonne sous sa nouvelle moustache grisonnante qui lui donne confère un charisme décalé, à la fois fun et classieux. D'une aisance extrême et d'un toucher millimitré, ses pitreries entre chaque morceau - il salue le public comme la foule d'un immense stade à 360° - régalent une audience qui n'en demandait pas tant. Il vient d'ailleurs à l'esprit une question des plus étonnantes à la vue de ce quatuor: comment un batteur-clown - aux faux-airs de Tom Selleck -, le bassiste le plus cool de la planète - dreads planqués sous le bandana, clope au bec et bière sur l'ampli -, un guitariste introverti et consciencieux et un chanteur au calme olympien ont-ils pu parvenir à une telle alchimie ? La réponse est simple: tout chez Nada Surf vient du coeur.

Le coeur sautille sous les accords tranchants de "Whose Authority", le coeur remue au son de la caisse claire claquante de "New Bird", le coeur frétille à l'écoute du refrain d'"Inside Of Love", titre phare de Nada Surf qu'on prend un plaisir flagrant à chanter à tue-tête. Et tant pis pour les voisins. Les tubes de The Weight Is A Gift explosent l'applaudimètre en moins de temps qu'il ne faut pour le dire: "Concrete Bed", "Do It Again", "What's Your Secret" et l'excellent "Blankest Year" pour conclure le set comme à l'habitude du groupe: "Quand les traditions sont bonnes, pourquoi les changer ? " balance Matthew au public avant d'entamer le titre repris en choeur par l'assemblée. Les bras sont levées, les gorges déployées, les quatre américains envoient le bois dans une Laiterie qui voient autant les jeunes secouer la tête avec vigueur que des quinquas montés sur ressort lors d'un rappel carrément rock 'n roll, jugez plutôt: "Popular" / "Hyperspace" / "Always Love" / "Blankest Year". Les cymbales d'Ira s'en rappellent encore.

"Always Love", parlons-en justement. Le tube de Nada Surf. La relation d'un groupe avec son titre-phare, surjoué en promo, sur-entendu à la radio, surdemandé par le public, pourrait agacer les quatres hommes. En cette soirée de concert, il n'a pourtant jamais aussi bien porté son nom. On avait vu Daniel Lorca ému lors de l'interprétation du titre "80 Windows", extrait de leur deuxième effort The Proximity Effect. Avant d'entamer "Always Love", il prend la parole, de manière soudaine et non-prémédité à la vue des visages de ses camarades. D'une pudeur sensible, le bassiste se confie sur son enfance, son côté "black sheep" dans sa famille et la fierté d'un père voyant un jour une page complète du quotidien espagnol El Pais être consacrée au groupe de son jeune musicien de fils. Un père qui n'est aujourd'hui plus là. La gorge serré, la voix tremblotante, il retient difficilement son émotion: "C'est pour lui". Matthew entame son arpège. Le plus beau moment de la soirée. L'étreinte des deux amis à la fin du titre n'en sera que plus applaudie et émouvante. L'amour de ces quatre gars, on en redemandera toujours.

Et alors qu'on s'apprêtait à rentrer chez nous, le coeur encore emballé par ce déferlement d'émotions intenses, Matthews, Ira et Doug débarquent sur scène, alors même que les lumières sont déjà rallumées et les techniciens en train de débrancher le matériel. "I Like What You Say" et "Blizzard Of '77" sont offerts à une troupe réduite de fans un peu déboussolée par cette improvisation. Une main vient alors sur mon épaule pour traverser la fosse: "Excuse-moi, je me suis trompé de côté, j'étais déjà parti au bar". Daniel Lorca se joint à nous, en plein parterre pour regarder ses trois compères jouer. Ira prend une pose de crooner avec son pied de micro - sans micro ce qui l'amuse particulièrement - et Matthew regarde chaque spectateur droit dans les yeux. Sur qu'après un moment pareil, aucun de leur morceau n'aura plus la même saveur.

Nada Surf est un groupe unique car il parle à votre coeur avant de d'envoûter vos oreilles. Pas étonnant qu'il fasse parti des concerts prévus pour la réouverture du Bataclan l'hiver prochain.

 

La setlist et la playlist du concert ci-dessous.

Commentaires
Soyez le premier à réagir à cette publication !