Monster Magnet
Le syndrome Hermano frappe ce soir à nouveau. Enfermé dans les loges avec Nebula pour une interview, on loupera complètement le set des Pilgrim Fathers. Une rapide écoute sur leur Myspace nous assure qu’on a manqué un set des plus affriolants. On se promet de rattraper le coup dans un avenir proche. En attendant : http://www.myspace.com/thepilgrimfathers
A notre retour dans la salle, on retrouve un peu plus de 350 personnes chauffées à blanc, prêtes à en découdre. Déboule alors Nebula, un véritable évènement, sachant qu’en 12 ans d’activité, le combo d’Eddie Glass n’a jamais foulé le sol parisien. Les connaissances s’ouvriront donc sur le vrombissant "Down The Highway", extrait de leur premier EP Let It Burn. En plus du bonheur de voir enfin le groupe en live s’ajoute le plaisir d’admirer le power-trio en pleine possession de ses moyens. Eddie Glass, plus charismatique que jamais, envoie élégamment voler sa Gibson SG crème en tous sens, pendant qu’il tricote son heavy blues psychédélique, espèce d’Hendrix blanc qui aurait branché son instrument sur les centrales nucléaires de la Meteor City. Tom Davies assure un jeu puissant et raide à la basse, tandis que Rob Oswald fait ployer ses fûts de toute son énergie d’ex Karma To Burn. C’est proprement affolant, entre space rock épileptique, grunge sous psilocybine et garage rock massif. Défilent de nombreuses perles issues de leurs 4 albums et de leurs 3 EP, tous hautement recommandables : "Giant", "Loose Canon", "Strange Human", "Long Day", "Elevation", etc. auxquelles viennent se greffer leurs nouveaux titres tirés de l’EP Heavy Psych tel que l’obèse "Aphrodite", tout en décibels kilotonniques. Au rayon des inédits on signalera "Sonic Titan", excellente outtake de Let It Burn, avec ses riffs à la Stooges mourrant sur un déferlement de toms, ainsi qu’une reprise de ZZ Top. 40 minutes d’anthologie viennent alors de défiler, et les prétendus amateurs de stoner qui ne connaissaient pratiquement pas le groupe se retrouvent avec un épais chapitre à réviser. Espérons que nous pourrons voir les boys en tête d’affiche dans un avenir proche, sur une durée rendant davantage justice à leur talent.
La barre des 22 heures a déjà été dépassée sur nos cadrans de plusieurs dizaines de minutes que, tandis que le public s'époumonne sur le "War Pigs" de Black Sabbath, débarque Monster Magnet. C’est un double choc. Le premier, c’est le triste spectacle que livre la nouvelle apparence de Dave Wyndorf, quelques dizaines de kilos en plus maladroitement dissimulés dans un sweat ample (la rançon de son overdose de l’année dernière sans doute). On est loin de l’époque où il exhibait ses biceps en cuir moulant en mettant le feu à ses guitares. Mais le second choc, surtout, réside dans l’incroyable forme du combo du New Jersey. Les premières mesures de "Dopes To Infinity" résonnent dans la Loco, et le public se prend sur la tronche une forteresse de guitares en fusion. Le son est implacable, strident, planant, sans merci. John Kleiman fait onduler sa crinière bouclée, tandis qu’il fait mine de percer le premier rang de sa basse à plusieurs reprises. Ed Mundell défend son rôle d’escrimeur, débitant riffs mastodontes et solos aigrillards en rejetant la tête de côté, tel une jouvencelle victime d’attouchements non consentis. Délaissant les poses viriles d’antan, Dave Wyndorf se montre d’humeur très communicative, apostrophant souvent le public, visiblement très content d’être là. Sa surcharge pondérale ne l’empêche en rien d’assurer à plein son rôle de frontman. Derrière la batterie de Bob Pantella, un écran diffuse des images de femmes dénudées, des motifs kaléidoscopiques, des vignettes de comics, illustrant à la perfection l’expérience Monster Magnet : un trip mental et volumineux.
Quant à la set-list, on s’étonnera de l’absence de titres de 4-Way Diablo. Wyndorf nous expliquera ensuite en backstage que le groupe s’étant lancé sur les routes peu de temps après la mise en boite de l’album, les musiciens (dont certains n’ont pas collaboré à l’enregistrement) n’ont pas eu le temps de répéter les nouveaux morceaux. On a donc droit à un solide best of, sans réelles surprises, mais où figurent toutes les chansons les plus connues. Logiquement prédominent Spine Of God, Dopes To Infinity et Powertrip. C’est avec un tonnerre d’applaudissements et de cris gutturaux que sont accueillis les illustres "Negasonic Teenage Warhead", "Powertrip", "Space Lord". Ailleurs, un redoutable "Radiation Day" et un formidable "The Right Stuff", sublime reprise d’Hawkwind, se chargent de mettre en valeur l’implacable Monolithic Baby. Le rappel, qu’on ne voit pas arriver tant on est absorbé par le show, se voit propulsé sous une réverb gargantuesque qui poinçonne les crâne et viole les tympans : les guitares liquides de "Melt", les instants acoustiques de "Cage Around The Sun", ballottés par un mur de six cordes qui évoquent un Boeing en plein décollage, le frénétique "Tractor" ou encore le "Spine Of God" qui clôt la soirée, sur lequel la voix de Wyndorf se perd dans l’écho pour plonger le spectateur dans un trip intense dont on a du mal à s’extraire.
Malgré une set-list qui a garanti le minimum syndical, on ne peut que se réjouir devant la santé retrouvée de Monster Magnet et son plaisir de jouer. Et on se prend bien vite à espérer revoir la bête dans un avenir qu’on espère le moins lointain possible. Dans le genre, concert de l’année, à l’aise.
Dopes To Infinity
Crop Circle
Powertrip
Twin Earth
Third Alternative
Zodiac Lung
Radiation Day
The Right Stuff
Negasonic Teenage Warhead
Space Lord
Melt
Cage Around The Sun
Tractor
Spine Of God
Photo : Moonlight666