Mass Hysteria
Les agités de Mass Hysteria nous avaient pourtant prévenu. Une Somme De Détails, leur dernier album en date, n'est ni plus ni moins qu'un retour aux sources, qu'une sombre réconciliation avec cette furia que bon nombre avait cru évaporée. Les pistes gravées dans les sillons ne portent même pas à discussion. Après un ou deux albums poussifs, Mouss et ses acolytes ont bien retrouvé toute leur hargne. Sur les planches, la question ne s'était jamais vraiment posée. Et pourtant... On savait le groupe au bord de la rupture il n'y a encore pas si longtemps, à bout de souffle après quatre années de tournée. On était alors largement en droit de s'interroger sur ce qu'il pouvait rester d'un des bulldozers scéniques français. Le mois d'octobre nous ayant réconforté sur la santé de Lofofora lors de la Furia Antistatic 2007, en sera t'il de même ce soir pour l'autre pilier du rock couillu franchouillard ?
Mais avant de pouvoir juger sur pièces, c'est au combo toulousain Sidilarsen qu'incombe la lourde tâche de donner ses premières palpitations à un Bikini plutôt bien fourni. Piochant aussi bien dans Eau que dans Biotop, le groupe enchaîne les titres sans aucun temps mort. "La Fibre", "Total Ecran", "La Morale De La Fable" sont autant d'estocades portées par les voix de Didou et de Viber. Et bien décidé à briller dans sa ville, Sidilarsen exécute parfaitement sa partition d'un bout à l'autre, profitant de l'occasion pour tester sur le public quelques-uns des titres prévus pour leur prochain album ("Retourner La France", "Acide Occident", "Appel A La Résistance"). Finalement on se dit qu'il ne manque pas grand chose à cette valeur sûre du métal hexagonal pour voler la vedette à la tête d'affiche de la soirée. Peut-être un peu plus de présence sur scène, de rage dans l'exécution. Car à ce jeu là, Mouss reste encore le patron. Comme le prouvera la reprise de "Breathe" de The Prodigy, propulsée toutes guitares dehors et sur laquelle le leader de Mass Hysteria viendra donner de la voix.
On change de plateau, hisse le buste de femme faisant office de pochette en arrière plan, teste les fumigènes, règle les micros. Et quand toutes les lumières s'éteignent et que les premiers beats de "Contraddiction" retentissent tel le compte à rebours d'un impact imminent, le temps n'est plus à rester accoudé au bar. Car comme à son habitude, Mass Hysteria démarre en trombe. "Attracteurs Etranges", "Babylone", "Une Somme De Détails", les premiers titres se succèdent très rapidement. Incisif, le groupe frappe fort, sans laisser le temps de respirer à une salle bouillonnante au rythme des riffs assassins balancés par Yann et Nico. Le son est mastoc, destructeur. On croit même entendre quelques nuques craquées sous la pression. Et puis soudain, tout s'enraye. Quelques problèmes techniques, un son qui crépite, un Mouss qui s'énerve au point d'oublier ses paroles ("Des Nouvelles Du Ciel")... Tout allait tellement vite, s'enchaînait tellement bien, que l'on craint un peu de voir le show tourner au vinaigre. Mais il en faut visiblement beaucoup plus que cela pour désarçonner cette bande de furieux. "Aimable A Souhait", "Millenium Appauvri", "Finistère Amer", "Instant Film" (seul morceau issu de leur album éponyme), tout rentre dans l'ordre sous la tutelle d'un Mouss au charisme n'ayant pas pris une ride, et qui n'hésite pas à faire monter une bonne vingtaine de personnes sur scène pour se dandiner au son de "Respect To The Dancefloor". Le temps de laisser tout le monde descendre et on rallume la brèche avec "P4" suivit de l'incontournable "Furia" sur lequel, en bon échange de civilités, les membres de Sidilarsen viendront pousser la chansonnette.
Egales à eux même, les cinq membres de Mass Hysteria viennent de se vider les tripes sous nos yeux pendant deux bonnes heures. Si ils n'ont jamais fait figure de cador en studio, leur réputation scénique n'est définitivement pas usurpée. Et à voir la mine réjouie du Bikini se vidant tranquillement, on se dit que l'efficacité du groupe reste intacte.
La soirée se terminera sous les beats rageurs d'Undergang. A la base prévu en début de soirée, ce prodige toulousain n'entrera malheureusement en piste qu'en clôture de spectacle. Programmation difficile pour cet homme-orchestre qui à du voir une grosse partie de la salle s'éclipser une fois la tête d'affiche passée. Mais tant pis pour les couche-tôt. Avec son dernier album en guise d'étendard (Rue Du Maroc), Cédric Gleyal ne manquera cependant pas de faire se trémousser les plus fidèles. Passant successivement de sa console de mix à sa batterie, il déroule les titres sans baisse de régime. Et on se dit finalement que les plus grosses surprises ne sont pas forcément là où on les attend...