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Compte-rendu de concert

John Mary Go Round


Date : 01/04/2023
Salle : L'Antre Potes (Vielsalm, Belgique)
Première partie :

 

 
Daniel, le 14/04/2023
( mots)

Rétroactes

Le blues est né au XIXème siècle, de la misère et du coton, dans le delta du Mississipi. Pas un delta au sens géographique (c’est-à-dire là où le fleuve rejoint l’eau salée) mais à l’intérieur des terres, dans une plaine fertile située au Sud de Memphis. Historiquement, c’est une musique de « sans le sou ». Un tabouret, une guitare, trois accords et des lamentations. Patrons irascibles, demoiselles farouches, épouses qui claquent les portes, chiens qui meurent, whisky de contrebande, misère qui rôde, …

Quand les musiciens et les traîne-savates en ont eu marre d’écumer les campagnes, ils ont migré vers Chicago. Attirés par la Grande Ville comme des papillons de nuit par la lumière. La migration s’est opérée par la route 61 ou par la récente voie ferrée. Débrouille et resquille. A Chicago, le blues s’est électrifié. Parce que modernité oblige mais aussi parce qu’il fallait un ampli pour se faire entendre dans le boucan des tripots.

Retour aux affaires

John-Mary Go Round (1) semble avoir arpenté le bitume entre le Delta et la Grande Ville. Costumé de noir à la Blues Brothers, chaussé de blanc, guitare en bandoulière. Et puis le chapeau vissé sur la tête. Un peu en arrière. Pour se protéger des éléments (et faire la manche après les concerts). Il a certainement fait halte à quelques carrefours pour y recevoir l’enseignement en douze mesures du Diable en personne. Et il est devenu un one (blues)man band. Le meilleur sur cette rive-ci de la Meuse (à défaut de Mississipi).

Et, quand on dit one (blues)man band, il faut, en termes de décibels, entendre plus band que one man : cordes vocales patinées à l’émeri et à la poussière des routes, micro Shure type "Elvis" (période Sun Records), percussions dynamitées (pédales pour pied gauche et pour pied droit), guitares en pagaille (cigar box à trois ou quatre cordes, Dobro Gold Tone, Gibson électroacoustique, …), amplis réglés sur onze, bottleneck, harmonica. Tout ça.

Il est extraordinairement rare de rencontrer un artiste francophone qui soit en mesure de se frotter aux codes cryptés du blues. Alternant les compositions personnelles remarquables d’authenticité et les reprises "vintage" au cordeau, John-Mary Go Round assied son public par la grâce de sa dextérité et de sa puissance de feu. Il n’est pas coutumier de voir tiédir des bières spéciales dans la salle de l’Antre Potes. Ca a été le cas ce soir-là parce que le public est souvent resté bouche bée, le verre à peine entamé à la main (2).

La magie s’est installée dès le premier accord. Malgré l’obstacle de la langue puisque l’essentiel du public ne comprend pas l’anglais. Or, le blues, avec sa structure musicale "obligée", peut devenir lassant quand on ne peut pas apprécier la petite tranche de vie que décrit chaque titre. Mais, en parfait bonimenteur, le guitariste profite de quelques pauses pour raconter sa vie (ou sa légende). Comment il est déjà mort deux fois (3). Comment il a connu 56 accidents de voiture. Comment il partage sa bourlingue entre les USA et la Wallonie.  

Professeur de musique à la Rock’s Cool (1), ambassadeur des amplis Invaders (4), John-Mary Go Round a commis en 2018 un premier CD (Take A Ride dont la plage titulaire est illustrée par une vidéo road trip dans laquelle le bluesman partage la vedette avec une Chevrolet Impala rouge). Il s’apprête à récidiver.

Le blues s’en réjouira. Comme ceux et celles qui ont la chance de croiser des énergumènes pareils.

Set List

Partie 1

Take A Ride
Old Friend
Six Billions Flowers
You Are Right
Sweet Dreams (Eurythmics) (4)
I Heard The Wind
I Play Alone
81 Square Feet
Mystery Train (Junior Parker)

Partie 2

Rollin’ and Tumblin’ (Hambone Newbern)
Death Walk Blues
See That My Grave Is Kept Clean (Blind Lemon Jefferson)
Crossroad (Robert Johnson)
Things In The Mirror
Walking Blues (Robert Johnson)
Dust My Broom (Robert Johnson)
I’m Walking Through The Back Door
Roadhouse Blues / The End (The Doors)
Rock’n’Roll Medley (Jerry Lee Lewis, Chuck Berry, Buddy Holly)
Country Road (John Denver)

(1) Le jour où les jeux de mots seront taxés, notre bluesman deviendra probablement un exilé fiscal.

(2) Inutile de s’alarmer ! Un entracte bienvenu a permis d’éviter tout cas critique de déshydratation.

(3) Il ne manque qu’un essai pour égaler Robert Johnson.

(4) Je sais que la citation d’une marque fait un peu « placement de produit » mais il s’agit d’une firme régionale et artisanale qui a vraiment réinventé l’amplification.

(5) Si j’avais une seule remarque à poser, elle concernerait cette reprise. Même si l’adaptation est hantée, le titre me semble détonner un peu dans un répertoire blues tant par sa tonalité que par son propos. Quoique…

 
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