Nous voilà à la première soirée lilloise des
Inrocks, ce jeudi 3 novembre 2011, pour écouter
La Femme,
Cults,
Laura Marling et
James Blake. Pour les 25 ans du magazine et les 24 années du festival des Inrocks, pas de programmation anniversaire en fanfare, mais une soirée plus pop que rock attend le public lillois.
Comme à l'accoutumée depuis quelques années déjà, l'horaire du premier passage est calé très tôt. On regrette que beaucoup loupent La Femme à cause de cette contrainte. Mais la suite nous montrera que les retardataires étaient en réalité des absents tout court, le public ne montrant le bout de son nez qu'en dernière partie de soirée pour James Blake. La Femme, c'est cinq jeunes gens qui dépassent à peine les 20 ans. Repérés avec leur single
"La Planche", ce groupe français a d'abord tenté sa chance aux Etats-Unis en partant à l'aventure en solo et en négociant quelques dates. L'audace a payé, car ceux-ci en ont finalement joué 20. Leurs compositions sont courtes à l'image de leur coupe de cheveux ce soir là : En effet, ils arborent tous des cheveux courts et blond platine. Sur scène, ils sont alignés face au public derrière leurs quatre claviers, avec chacun un micro.

La chanteuse est vêtue d'une robe noire et blanche avec un long nœud autour du cou, les garçons portent les tee-shirts blancs et noirs de La Femme. Rapidement, c'est le tube "la Planche" qui fait onduler la petite audience lilloise. Leur musique semble tout droit sortir des années 80, tant les textes en français évoquent Taxi Girl. La voix de la chanteuse est haut perchée, parfois un brin stridente, portée par les synthés mais aussi par les guitares électriques flirtant avec la surf music. On a parfois l'impression d'écouter des génériques télé des années 70. On se crispe également lorsque les garçons s'emparent du micro, pensant assister à un vieux sketch des Inconnus qui se moquent du groupe Indochine. Mais La Femme débordent d'énergie et sont déjà très à l'aise sur scène pour leur jeune âge. Un album est en préparation, après le succès de leur premier EP (Le Podium # 1) contreversé (un sexe de femme en gros plan). Mais le show ne mise pas sur la provocation, mais sur le professionnalisme et la concentration, parfois même exacerbés, on a envie de leur dire de s'amuser un peu ! Ils esquissent enfin un petit sourire à la fin, et nous assène un
"Merci Lille à la prochaine".
La mise en place du prochain plateau est animée par les minis films du sponsor
Blake XS. Des questions telles que
"Quelle est la chose la plus rock and roll que vous ayez faite ?", ou encore
"Quelle est la bonne résolution à laquelle vous pensez avant de partir en tournée et que vous ne respectez jamais ? " sont posées aux groupes tels que
Kaiser Chiefs ou encore Two Door Cinéma Club.
Plus tard, le groupe
Cults s'installe sur une musique de David Lynch. Derrière eux, des extraits de films en noir et blanc distillent une ambiance tantôt western,tantôt hitchcokienne. Ce duo newyorkais, formé en 2010, peut se vanter d'avoir déjà trois tubes en poche : "Go outside", "Abducted" et le slow "You know what I mean" extraits de leur premier album éponyme. Mélangeant subtilement paroles romantiques et musique pop sixties,
Cults nous a fait rêver de la Californie tout l'été. Leur travail évoque quelques titres des Long Blondes ("Century"), ou des Dum Dum Girls ("Baby don't go", "Coming down"). La chanteuse Madeline Follin porte une petite robe verte à manches courtes et des ballerines noires. A plat, elle n'hésite à pivoter sur elle-même tout le spectacle.

Dansant tout d'abord de manière suggestive et jouant avec les plis de sa robe, ses minauderies finissent par lasser dans les moments les plus groovys du spectacle. Accompagnée du chevelu Brian Oblivion à la guitare, Madeline en charme plus d'un, mais on reste sur notre faim une fois le show terminé. La prestation des californiens exilés à New-York s'avère un peu courte, communiquant que très peu avec le public, sauf pour un petit
"Merci" et
"How does it go up there ?". Finalement,
Cults est l'un des ces groupes que l'on ne devrait jamais voir en live et apprécier tranquillement le casque sur les oreilles pour ne pas être déçu.
Le festival Inrocks enchaine avec la jeune britannique Laura Marling. Ayant déjà à son actif deux albums (2008 et 2010) - elle a commencé à 16 ans -, cette chanteuse folk présente ce soir là son troisième opus " A creature I don't know". Les cheveux longs blonds, en jean, chemisier blanc et bottines beiges, Laura se tient au milieu de la scène avec sa guitare. Elle est soutenue par ses musiciens avec banjo, violoncelle, guitare électrique, trombone et batterie. Héritière de Joni Mitchell, contemporaine de Martha Wainwright,
Laura Marling peut être fière de ses textes très littéraires, émouvants et quasiment intemporels. Bien que née en 1990, l'anglaise donne l'impression avec ses compositions d'avoir eu plusieurs vies, celle d'une hippie, celle d'une poétesse du XIXe sciècle ou encore celle d'une femme battue élevant seule ses enfants.

Malheureusement, même si l'Aéronef n'est pas plein ce soir là, on regrette la présence de certains spectateurs trop bruyants gâchant les premières minutes du concert.
"Bonjour, je m'appelle Laura and that's all for my french" nous dira l'anglaise après son premier titre. Elle changera plusieurs fois de guitare et nous quitte après seulement sept ballades. Après avoir gagné un
Brit Award pour la meilleure interprète de l'année, parions sur le bel avenir de Laura Marling.
Entre temps, la salle s'est remplie pour accueillir le DJ anglais prodige
James Blake. Qui n'a pas entendu sa magnifique reprise de "Limit to your love" de
Feist ? Ravivant le style dubstep, le britannique est attendu par les lillois amateurs de subtiles ambiances électroniques réchauffées par sa sensibilité soul. James nous a offert une dizaine de morceaux oscillant entre voice encoder, silences travaillés et tempos lents et sensuels. Pourtant accompagné par un guitariste et un batteur, mixant intelligemment algorithme et musique live, à mi concert, quelques spectateurs désertent. C'est vrai qu'il est difficile de se plonger dans cette ambiance, après avoir écouté d'autres styles bien différents dans la même soirée. Plus tard, d'autres jettent l'éponge aussi, lorsque
James Blake joue la reprise "Case of you" de Joni Mitchell : émouvante mais interminable ... L'ensemble du set est inégal -trop de voice-encoder- ; pourtant, on apprécie l'éventail de ses possibilités, ne s'imposant aucune limite, de la ballade au piano jusqu'aux rythmes techno rave.
James Blake sortira un nouvel album au printemps 2012.

Cette soirée de Festival nous a permis de faire 2 découvertes et d'apprécier 2 pointures déjà reconnues. Le nombre de morceaux joués par chacun des artistes est limité lors d'un festival, avantage pour certains, inconvénient pour d'autres. On regrette simplement que la programmation fasse encore et toujours la part belle à la ville de Paris (Anna Calvi, Wu Lyf, Agnès Obel ...), même si cette année Marseille, Lyon et Caen accueillent aussi des artistes.
Setlist La Femme :
1 Packshot
2 Si un jour
3 La planche
4 La Femme
5 Paris 2012
6 Amour dans le motu
7 Telegraphe
8 Antitaxi
1 Abducted
2 The Curse
3 Slow song
4 Most wanted
5 You know what I mean
6 Never saw
7 Go outside
8 Rave on
9 Oh my god
1 Rambling man
2 Alpha shallows
3 Ghosts
4 My friends
5 Don't ask me why
6 Sophia
7 I speak because I can
Setlist James Blake :
1 Unluck
2 Tep & the logic
3 I never learnt to share
4 Lindisfarne
5 To care (like you)
6 CMYK
7 Limit to your love
8 Klavierwerke
9 Case of you
10 The wilhelm scream