François Thollet

Vendredi dernier, j'ai eu l'occasion de me retrouver à une Soirée Sonorante, dire ici par le plus grand des hasards sonnerait bien, mais c'est faux, ma sœur m'avait réservé une place, héhé... "Une soirée sonorante, mais qu'est-ce donc ?" vous entend-je dire d'ici, avec vos petits yeux noirs écarquillés par la curiosité. Et bien c'est justement cela que je souhaite vous expliquer. Hum hum... Une Soirée Sonorante, c'est un instant de musique et de poésie suspendue dans le temps un vendredi soir par mois. C'est l'occasion pour chacun de laisser libre cours à ses envolées artistiques ou pas. Une manière de s'approprier le Pot-au-noir, théâtre, bar, endroit de partage paumé au plein milieu du Trièves. Une initiative à laquelle prend part François Thollet, musicien, l'équipe du Pot-au-noir, dont Daniel, qui prépare un excellent repas pour ceux qui le souhaitent (mmm, la mousse de concombre) et nous, vous. Ensuite, donc, quelques musiciens volontaires, une scène et deux endroits stratégiques. D'abord une table avec des livres (de poésie), pour ceux en manque d'inspiration souhaitant malgré tout faire vibrer leurs cordes vocales, entre autres. Une autre table, avec papiers, crayons et un chapeau, et c'est là que c'est rigolo ! Car dans le chapeau, on peut déposer des thèmes, tirés au hasard lors de la soirée pour donner l'inspiration aux musiciens et poètes volontaires. J'avais déposé dans ce feutre un thème comme ci comme ça, "Rock is dead" (Jim...). François Thollet prend alors son accordéon, et le thème commence plutôt à l'opposé du rock, (bah oui puisqu'il est mort), tranquillement. Et puis, le rythme s'accélère lorsqu'un poète présent, vient sur scène lire le texte qu'il a écrit dans les premières minutes ; lire, et bientôt hurler. La tension monte de façon inexorable jusqu'à son paroxysme fiévreux. Un autre thème, "J'entends rien quand je vois pas" donne lieu à un diptyque (œuvre en 2 parties, à ne pas confondre avec le dytique de Brière), une première où aucun son ne sort des bouches et instruments des musiciens, pourtant, on les voit bouger ! Et une deuxième où enfin, un son sort, une poésie lue en musique. Entre autres thèmes "homo erectus habilis" donne lieu à une sorte de punk industriel, tandis que "vent d'ouest" entraîne dans des sons doux et berçants. Et de temps en temps, quand l'attention du public se relâche, François teste quelques morceaux à lui, moments très agréables, d'où les discordances liées à l'improvisation sont absentes. Des pauses poétiques et reposantes au milieu de morceaux parfois trop expérimentaux. Des pauses nécessaires ; peut-être quelques pauses dansantes auraient pu faire du bien aussi. En tous cas, une expérience vraiment intéressante, et forcément différente à chaque fois, la soirée dépendant de l'alchimie entre public et musiciens, les uns et les autres se confondant. Les prochaines se dérouleront les 12 mai et 9 juin, si le cœur vous emmène en Trièves.