Bazbaz

Soirée chanson à texte pour le cabaret Vauban ce soir. La première partie (dont j’ai oublié le nom, milles pardons …) est anecdotique bien qu’elle ait toutefois le mérite de sublimer la deuxième. C’est dur à dire mais on a pu constater la différence entre deux artistes adeptes de la chanson à texte. Le premier est très classique, ficelle des textes complets qui se veulent intelligents et drôles à la fois. Et pourtant… il n’y a pas cette étincelle qui fait vibrer le public. Il faut mettre plus que des textes pour animer un public, il faut mettre du caractère, de l’originalité, il faut se mettre à nu ce que sait très bien faire Bazbaz (au sens propre comme au figuré). Dans cette première partie, le chanteur est accompagné d’un guitariste qui joue d’ailleurs plutôt bien. Hélas, on a constamment l’impression qu’il fait sa mélodie dans son coin sans se soucier vraiment de ce qui se passe au centre de la scène. On lui a dit, « va y, improvise, t’es bon », et il s’amuse comme un petit fou ! Le chanteur quant à lui, a assez peu de caractère et ses petits textes amusants sur le jardin de sa voisine ont du mal à nous intéresser plus de quelques minutes … Passé cette première partie très moyenne bien qu’agréable à l’oreille, le personnage principal Camille Bazbaz et ses acolytes (un guitariste et un percussionniste) rentrent en scène. Camille Bazbaz est un claviériste de talent, vous l’avez sans doute entendu sur le sympathique film Après Vous avec José Garcia et Sandrine Kiberlain (qui a écrit deux titres pour son dernier album, coïncidence ?). Son succès ? "J’ai sur le bout de la langue" mais aussi sa reprise de Mort Shuman "Allô Papa Tango Charlie". Bazbaz a écrit pour le cinoche, et ça s’entend. Le trémolo de la guitare fait très musique de western (comme dans "bang bang" de Nancy Sinatra, vous voyez ?), le clavier lui permet de s’essayer à une multitude de sonorités, cela donne cette petite touche originale, très ambiance de film. Lui-même est un personnage, avec cette abondance capillaire impressionnante, cette barbe, la casquette qui donne une touche très authentique et la veste ouverte jusqu’au nombril très rock’n’roll ! L’affiche s’annonce sympathique et elle l’est. Difficile de décrire cette musique ma foi, on part sur des bases blues pour divaguer vers le reggae, la musique latine ou quelques accès emballants de rock’n’roll. L’ensemble est enjoué, original, frais. Les musiciens s’en tirent très bien, le public est séduit par ces mélodies originales, qui ne ressemblent à rien d’autre. Et pourtant, on se rend compte petit à petit de cette monothématique qui au début nous enchantait tellement. C’est l'amour que chante quasi uniquement Bazbaz. Et on pourrait préciser l’amour physique, tactile, corporel ! Loin de lui la volonté de choquer ou même de s’attirer les foudres d’un public pudique, tout est dit avec poésie, métaphores et éludes sont multiples. Passé ce constat, on se dit qu’après tout, il y a plus grave, il y a tant de façon de parler d’amour qu’il arrive à s’en tirer toujours à bon compte. Les nuances sont légion, les approches aussi et en passant du reggae au blues, il arrive à égayer notre soirée sur ce même thème dont il paraît intarissable. Je conseille donc vivement d’aller jeter un coup d’oreille aux concerts de ce phénomène de Bazbaz qui bien qu’étant sacrement obsédé par les choses de l’amour, s’avère un personnage haut en couleur, original et qui saura vous faire vibrer au son de ses mélodies.