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Compte-rendu de concert

Ange


Date : 05/11/2021
Salle : Forum (Vauréal)
Première partie :
Jules, le 16/11/2021
( mots)

Un vendredi froid de novembre qui nous ferait rester au chaud à écouter de la musique se veut ce soir-là annonciateur d'un moment très singulier. Ange, la machine à rêver et fer de lance du rock français des années 1970 est en concert au Forum de Vauréal, petite salle de concert intimiste du Val d'Oise.

On contemple le stand merchandising dont la table parait bien étroite pour accueillir l'ensemble de l'œuvre du groupe belfortain et, plus loin, la scène où trônent déjà, notamment, la guitare d'Hassan Hajdi et les claviers de Tristan Décamps, prêts à envouter la salle de vapeurs sonores venues de leur autre monde. 

20h15 et le concert démarre par l'entrée sur scène de Mira Cetii qui suit Ange en première partie au cours de cette tournée des 50 ans. C'est une agréable découverte qui se distingue musicalement de l'univers angélique tout en s'en rapprochant sur un point : un univers propre. Seule en scène, elle envoie ses boucles en y ajoutant des arpèges et des riffs de guitare qu'elle joue en live afin d'accompagner les comptines qu'elle chante d'une voix douce et apaisée. Peut-être lui reprochera-t-on le caractère assez répétitif de ses compositions... Toujours est-il que pour se faire une idée, "Paramessie", remarquablement interprétée ce soir-là, constitue une belle entrée en matière pour les curieux.

Puis, place à la tête d'affiche. Les lumières s'allument, pâles éclairages destinés à nous faire pénétrer dans le rêve de la bande à Christian Décamps. Chacun prend son poste et les premières notes de "Le Chien, La Poubelle et La Rose" déchirent le silence. Très bonne façon d'entrer en douceur dans ce qui sera 1h40 de bonheur. 

On devine au loin une silhouette s'approchant du devant de la scène et avançant à tâtons vers le micro au son des premiers instants d' "Aujourd'hui C'est La Fête Chez L'Apprenti Sorcier". Effectivement, Christian Décamps fait son apparition, vêtu d'une longue gabardine noire, affublé d'un chapeau et portant une chouette factice sur le bras. Le riff déchirant de ce morceau vient nous projeter manu militari en 1973, à l'époque où Le Cimetière Des Arlequins éveillait la curiosité des amateurs de l'underground. 

La tournée est spéciale, il s'agit des 50 ans. Le groupe a donc eu un vaste choix pour composer sa setlist en piochant tantôt parmi ses ultra-classiques, tantôt parmi les pépites secondaires de sa carrière. Comment donc livrer une prestation sans interpréter "Le Soir Du Diable" ? A l'écoute des arpèges introductives dudit morceau, Christian Décamps nous souhaite la bienvenue dans le monde angélique "là où les notes et les mots font l'amour" selon ses mots.

Ce qui est certain c'est que l'alchimie entre les musiciens est unique. Un regard échangé, un sourire et c'est l'ensemble du groupe qui sait où aller. Une telle alchimie permet une cohérence globale autant qu'elle autorise les membres à se démarquer comme lorsqu'Hassan Hajdi nous électrise de son solo magistral sur "Le Ballon De Billy" ou que Tristan Décamps se retrouve seul pour reprendre au piano/voix "Crever D'amour (prélude)" de façon très émouvante. Lorsque Tristan pose sa voix, on est persuadé que Christian Décamps aura un successeur de talent pour assurer les vocalises.

La voix du patriarche a bien évidemment changé, c'est indéniable. On sent que pousser les aigus devient compliqué, notamment lorsque le groupe aborde les classiques  que les fans, présents dans la salle (pas beaucoup de têtes blondes je vous l'avoue), connaissent par cœur. Nous avons ainsi droit aux deux morceaux phares d'Emile Jacotey ("Sur La Trace Des Fées", "Ode à Emile") et à la théâtrale masterpiece de Guet-Apens "Capitaine Cœur de Miel" au cours de laquelle Christian titube, casquette de vieux loup de mer vissée sur la tête et bouteille de rhum blanc à la main (pour une durée de 20 minutes). C'est le sommet du concert qui nous prouve une fois de plus qu'Ange est un modèle de composition progressive et un monument du rock français, toujours debout, loin du business, des majors et des tournées d'éternels retours aux billets VIP. Ici, c'est à base de guitare, de bière et de salle exigüe où se côtoient les fans sexagénaires, des étoiles plein les yeux. Ange nous propose du théâtre chanté où chaque morceau est une histoire et où chaque note est un vers. 

La célèbre reprise de Jacques Brel vient clore le concert comme celui-ci avait commencé, de façon dantesque et admirable. Hassan Hajdi réussit à retranscrire les parties guitaristiques d'antan tout en y mêlant sa propre singularité. Mais, ne les quittons pas tout de suite ! "Hymne A La Vie" est entonnée par toute l'assistance en guise de dernier rappel avec, projeté en fond, le trombinoscope de l'aventure cinquantenaire du groupe de Belfort. Chaque musicien ayant fait partie du voyage est présenté sur l'écran trônant au-dessus de la batterie de Benoît Cazzulini.

Les lumières de la salle se rallument et l'on revient doucement sur Terre. Il faut poser son ecocup vide et reprendre la voiture pour rentrer en essayant de garder en mémoire toutes ces émotions. On regrettera peut-être le manque de morceaux de la période 80' comme "Vu D'un Chien" ou "La Gare De Troyes"... Quoi qu'il en soit, le rock français existe encore, il a joué à Vauréal le 5 novembre dernier et s'appelle Ange. 

Commentaires
StreetRocknBike, le 28/11/2021 à 08:15
Le lendemain Ange jouait au théâtre Sébastopol à Lille. J’y ai ressenti toute à fait les mêmes sensations et ce bonheur de voir ce groupe de rock français toujours aussi efficace. Je n’en suis pas à mon premier concert de Ange mais il est certain qu’avec cette tournée des 50 ans nous avons droit un répertoire spécial et c’est tant mieux ! Cela fait plaisir aux plus anciens fans et aux plus récents de découvrir en live des morceaux qu’ils n’auront écoutés que sur cd. Quoiqu’il en soit vivement la prochaine tournée où chacun pourra se réjouir d’écouter une partie du répertoire plus vaste de ce groupe mythique… de ce monument du rock français… qui semble ne vouloir jamais s’arrêter… et c’est tant mieux!