Comme nous l'avions fait cet été avec notre première rétrospective de l'année (Rétrospective 2023 1/3), nous vous proposons de revenir sur les derniers groupes sélectionnés dans le cadre de notre rubrique La Sélection Albumrock.
Petit rappel du principe : chaque mois, La Sélection Albumrock met en avant de nouveaux talents de la scène française. Vous avez un groupe ? Faites-nous écouter vos réalisations (EP ou LP) et participez à notre concours! Il vous suffit de vous inscrire ici.
Le dernier cru s'est montré des plus prometteurs avec des réalisations d'une grande qualité. Six groupes pour six univers complètement différents, encore une preuve flagrante de la richesse et de la diversité de la scène hexagonale.
Bonne lecture et bonne écoute.
Veuve Scarron - Deal With It (punk rock noise)
Avec son nouveau projet répondant au nom de Veuve Scarron, Matthieu Pelletier (chanteur que nous avons déjà vu œuvrer au sein des groupes Cathedraal et Madame de Montespan) nous propose un condensé explosif de noise rock et garage punk, véritable exutoire faisant la part belle aux riffs tranchants et aux rythmiques sauvages. Sans fioritures, sans pour autant délaisser la dimension mélodique, les 9 titres qui composent "Deal With It" s’enchainent d’une traite, démontrant au passage de réelles prédispositions pour le live. Si vous êtes client de la marchandise, sachez que deux nouveaux singles sont désormais disponibles à l’écoute, signe annonciateur d’un potentiel nouvel album à venir !
Frank Rabeyrolles - Boat Songs (pop folk)
Frank Rabeyrolles (connu également sous d’autres patronymes comme Franklin ou Double U) fait partie de ces artistes qui, sans crier gare, s’imposent peu à peu au sein du paysage musical français. Voilà maintenant plus de 15 ans que le compositeur montpelliérain étend les frontières d’un univers propice aux expérimentions sonores et à la génération d’émotions en tout genre. Après un EP ("A Ghost by the sea", 2021) construit autour d’une musique électronique lo-fi aux élans rétrofuturistes, Frank Rabeyrolles revient avec un album de balades pop-folk aériennes qui n’auront guère de mal à exercer leur pouvoir d’attraction sur l’auditeur. A l’aide d’une production épurée, misant sur un jeu de guitare nuancé et des harmonies vocales délicates, l’artiste français nous pousse loin du rivage, vers des lieux où le temps ne semble plus avoir d’emprise. Bercé par une douce mélancolie au pouvoir quasi thérapeutique, il ressort de l’écoute un sentiment durable de quiétude et de plénitude. Plus qu'une recommandation, nous vous prescrivons l'écoute de ce "Boat Songs"; il ne vous reste plus qu’à embarquer à bord et profiter - au calme - de la balade.
François Merlin - Les Magnifiques (post-rock instrumental)
Une œuvre bien singulière et mystérieuse que celle de François Merlin, située quelque part aux confins du rock atmosphérique et du courant post-rock et qui tire son inspiration du long métrage du même nom réalisé par Philippe de Broca. Une forte dimension cinématographique pour un album entièrement instrumental, marqué dans sa composition par l'expérience du deuil, et qui va jouer avec la sensibilité de l'auditeur en alternant passages en apesanteur et montées en puissance avec toujours une forte charge émotionnelle. On s'emporte notamment dès que résonne la guitare électrique sur l'introductif "Scaramouche à vélo" et sur le superbe titre fleuve "Callas à la mer". Composé dans son studio de Montreuil avec la volonté de se rapprocher d'une musique organique et orchestrale, donc sans instrument numérique, ce second album entraîne l'auditeur dans un véritable voyage poétique au cœur de la culture populaire des années 1940 à 1970. L'auditeur en quête d'expérience nouvelle y trouvera son compte, pour peu qu'il prenne le temps de se laisser transporter par les multiples cheminements mélodiques de cette œuvre d'art protéiforme.
Horanauts - How To Trade Curses (rock alternatif)
Les franciliens mettent en boite un album de rock alternatif particulièrement séduisant, oscillant entre des titres aux riffs alambiqués et saturés qui rappellent la fougue du Muse des premiers albums ("Potasse" ; "Loopback" ; "Bad Aura"), de superbes ballades mettant en évidence le chant vibrant et élégiaque de Lilian Ivars ("Carnation" ; "Unwell") et des structures plus complexes mêlant déflagrations sonores dantesques et passages plus aériens ("Contingency"). On est même parfois proche du courant post-rock avec "Frost" parcouru de guitares cristallines qui laissent place à de furieux décollages sonores. L'influence de toute la scène rock anglaise est parfaitement digérée et peinte d'une mélancolie ambiante qui colle à la peau de l'auditeur et qui atteint son apogée dans le conclusif morceau éponyme, avec une progression et une prestation vocale encore une fois absolument grandiose. Un premier album d'une grande richesse et porteur de nombreuses promesses que l'on espère voir rapidement confirmées.
CCQUEEN - Scavenger (prog rock psyché)
Les Bordelais de CCQUEEN frappent fort pour leur premier album concept dépeignant différentes facettes du cœur humain en 11 titres aussi variés qu’hypnotisants. Porté par un chant particulièrement charismatique et vecteur de multiples émotions, Scavenger ouvre les portes d'un véritable univers musical qui surprend sans cesse et déroute l'auditeur entre déferlantes électriques, ambiances psychédéliques éthérées et ballades aériennes inspirées avec de nombreuses montées en puissance. Le titre d'ouverture "Common Sense" marquera les esprits de son ambiance ténébreuse et le groupe se permet même un véritable tour de force avec cette pièce centrale planante de plus de 8 minutes qui décolle finalement dans un intense fracas de guitares. Il se dégage de l'ensemble une vraie cohérence et originalité ainsi qu'une certaine noirceur qui permet même de réinventer le "Basket Case" de Green Day en lui conférant une tension dramatique particulièrement saisissante. Un très bel album de rock alternatif, varié et puissant, qui brille par son interprétation et qu'il convient donc de mettre en toutes les oreilles.
Gliz - Mass (pop rock)
Gliz fait souffler un vent de fraîcheur sur la scène rock hexagonale avec un très beau deuxième effort qui se distingue par son authenticité et son originalité. Marquée par une signature atypique provenant de l'utilisation d'un banjo et d'un tuba en lieu et place des sempiternelles guitares et basses, la couleur musicale des jurassiens est éminemment singulière, portée par un power trio en fusion et le chant à fleur de peau de Florent Tissot. Un disque avec beaucoup de relief qui alterne entre ballades sensibles et riffs plus lourds qui sentent bon les 70's et qui nous ramènent à l'état sauvage avec un son électrique un peu rocailleux. Une des plus belles révélations de la scène rock française de ces dernières années.