"Gnagnagnagna il y en a marre de voir des coffrets de Pink Floyd sortir chaque année avant Noël, c'est vraiment plus le groupe qu'on a aimé, c'est que du business la musique..." Voilà ce que j'ai pu lire sur des forums. A l'heure où les Stones reviennent, les Beatles aussi (et oui !), j'avais envie de m'appesantir sur les multiples sorties de Pink Floyd auxquelles nous avons eu droit depuis quelques années mais aussi sur les concerts. Et franchement, il faudrait sérieusement arrêter de se plaindre.
Commençons par le moins irritant, les concerts. Pour ceux à qui cela aurait échappé, Pink Floyd, en tant qu'entité, n'existe plus. Il est dissout depuis 2014 selon les mots de Gilmour. Ainsi, et d'autant plus depuis la mort de Richard Wright en 2008, Pink Floyd est définitivement mort et enterré, du moins tel qu'on l'a connu jusque 1994. Pourtant, rendez-vous compte de ce qu'il s'est passé en terme d'évènements ces dernières années :
- La tournée de Gilmour en 2015/2016 dont le live génialissime à Pompeii en juillet 2016 ;
- Les trois (!!) tournées de Waters avec un concept scénique innovant et différent à chaque fois : The Wall Live, Us + Them et This Is Not A Drill (encore en cours) ;
- La tournée de Mason A Saucerful Of Secrets qui revenait avec génie sur les morceaux oubliés pré Dark Side Of The Moon et qui a récemment, elle aussi, fait escale à Pompeii.
Prenez-vous conscience que les trois membres survivants de Pink Floyd sont toujours en activité et nous livrent tous des propositions différentes ? Chaque fan peut y trouver ce qu'il peut chercher de varié dans la discographie de Pink Floyd. Les années psyché avec Mason, les purs hits floydiens avec Gilmour et les shows politiques perfectionnés de Waters. Alors de quoi se plaint-on exactement ? Connaissez-vous vraiment encore un groupe de la trempe de Pink Floyd dont les anciens membres survivants tournent autant en si peu d'années et en proposant, non pas des copies conformes de ce qui a été fait, mais des évènements originaux et variés ? Moi non.
Nous vivons clairement une sorte de période dorée dans laquelle ceux qui ont connu Pink Floyd il y a 50 ans ou plus peuvent revoir leurs 3 idoles sur scène, et les plus jeunes (comme moi), qui n'ont pas eu la chance de vivre ces époques, parviennent tout de même à toucher du doigt un rêve.
S'agissant des sorties audio, là encore, je ne comprends pas l'indignation. La guerre a été déclenchée en 2016 lors de la sortie de l'ENORME coffret The Early Years 1965-1972 dont le prix affiché frisait à l'époque les 500€. Evidemment c'est cher. Evidemment. Mais la question n'est pas là. Ce coffret est une vraie mine d'or pour tous les fans car il renferme des heures et des heures d'archives vidéos, des inédits audio de concerts, des sessions live BBC et le live à Pompei. Tout ça remasterisé au goût du jour.
Ce coffret aura un petit frère sorti en 2019, The Later Years, couvrant la période post-Waters de 1987 à 2014, très légèrement moins cher. A l'image du coffret précédent, il renferme des moments exceptionnels tels que le live de Venise filmé, le live Delicate Sound of Thunder et le célèbre PULSE.
Ces deux coffrets sont onéreux mais il s'agit d'un véritable investissement utile pour le fan qui croit tout connaître de Pink Floyd après avoir écouté leurs 15 albums. Ceci procure une joie intense, l'impression de n'avoir jamais assez d'une vie pour totalement apprécier ce groupe et savourer encore cette sensation de surprise à l'écoute d'une de leurs créations.
Et surtout, la musique, ça se paie. La plupart des audios qui figuraient dans ces coffrets circulaient déjà depuis longtemps sous forme de bootlegs, ce qui donnait envie aux dédaigneux de dire "Ben c'est bien gentil mais ce concert, on le connait depuis 30 ans hein." Non, tu le connais depuis 30 ans car tu as préféré donner ta thune à un revendeur pirate qui contourne le système de rémunération de la création artistique en pressant des centaines de vinyles en Italie ou aux Pays-Bas de façon illégale.
C'est sûr qu'acheter 20 vinyles à 30 € en couleur en finançant ce genre de pirate plutôt que d'acquérir un coffret à 600 € qui regroupe tous ces bootlegs mais en finançant toutes les équipes techniques, design, marketing qui ont bossé sur cet objet, ça vaut le coup. Car oui, les 3 anciens de Pink Floyd sont blindés, à millions, et ces ventes vont dans leur poches, oui. Et ? Qui s'insurge sur le fait que des artistes soient rémunérés pour leur création ? Par ailleurs, et comme dit plus haut, acheter ce genre de coffret ne permet pas uniquement à Nick Mason de se racheter une énième Ferrari mais rémunère aussi l'équipe énorme qui se trouve derrière.
Par ailleurs, en 2022, Pink Floyd s'est reformé en livrant une chanson en soutien à l'Ukraine dont tous les bénéfices ont été reversés aux associations humanitaires œuvrant sur le front de l'Est. Donc l'argument des rock stars hors-sol, très peu pour moi.
J'en terminerai par la dernière actualité : le premier album de Richard Wright, mort en 2008 je le rappelle, a été ressorti en juillet, remixé par Monsieur Steven Wilson avec, là encore, quelques archives personnelles de l'artiste de génie. Mais que voulez-vous donc de plus ?!
Ce billet d'humeur est, à mon sens, utile pour tous les sceptiques et indécis au sujet de ces sorties en cascade à qui je dis : profitons-en ! Chers fans de Pink Floyd, don't miss the starting gun, et savourons notre chance !