Year of the Goat
Novis Orbis Terrarum Ordinis
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1- Subortus / 2- Acedia / 3- Luxuria / 4- Ira / 5- Superbia / 6- Gula / 7- Avaritia / 8- Invidia / 9- Subicio
Jusqu’ici tout va bien. L’ambiance ésotérique et sataniste est parfaitement rendue par la pochette représentant un Christ ensanglanté et sans visage, quand le Nouvel ordre Mondial du titre – en latin, évidemment – ajoute du mystère à l’univers sombre et gorgé de magie noire de Year of the Goat. Les Suédois poursuivent leur aventure musicale à travers les mêmes chemins, en témoignent également la liste des titres en latin, reprenant les péchés capitaux comme un ensemble de sortilèges.
Jusqu’ici tout va bien. "Subortus", en ouverture, n’a pas la grandiloquence de "All He Has Read" (The Unspeakable, 2015), mais il offre une image parfaite du groupe, à la fois Heavy, très mélodique, et mystérieux grâce aux orgues bombastiques. L’introduction imposante tranche avec l’arrivée du riff tout en sobriété, tandis que le chant plaintif maintient le registre incantatoire ("Lucifeeeeer") qui caractérise si bien leur esthétique.
Hélas, hélas, à partir de là, les choses se gâtent …
Franchir l’étape du troisième album n’est jamais chose aisée et s’avère en même temps toujours crucial. Year of the Goat s’était fait désirer pendant plus de quatre ans pour qu’on puisse enfin savoir comment ce point sensible de leur carrière allait être dépassé …
Novis Orbis Terrarum Ordinis répond donc à la question en 2019 avec un bilan en demi-teinte. Parce que l’album est mauvais ? Assurément non, il séduira même aisément un auditeur qui découvrirait le groupe à travers celui-ci. Mais il décevra indéniablement tout amateur du combo parce qu’il navigue entre le déjà entendu ("Acedia", "Invidia" - qui possède un pont intéressant) et le peu inspiré ("Gula" et ses refrains à la RHCP, "Ira" dure près de dix minutes et semble n’en pas finir). Des morceaux qu’on ne blâmera pas trop pour leur valeur intrinsèque, mais pour leur faiblesse au regard de l’ensemble du répertoire. Même "Subicio", qui ne peut que posséder des passages dignes d’intérêts au sein de ses quatorze minutes, s’allonge inutilement dans des plans répétitifs assez redondants et des chorus sans grand relief. Comparez-le à l’exceptionnel "All He Has Read", titre de la même envergure, vous déterminerez assez rapidement lequel est le plus ambitieux.
Heureusement, bien que l’ensemble soit assez quelconque, quelques titres sortent du lot. On pense à "Luxuria" qui mélange leur esthétique avec des idées pop-rock rappelant leur inspiration piochée chez Muse, et surtout à "Avaritia" qui est incontestablement le petit bijou de l’opus avec ses guitares ultra-mélodiques aux lignes finement composées, enthousiasmantes, et ses refrains accompagnés d'un piano primesautier. Il serait dommage de passer à côté de cette petite merveille.
Vous l’aurez compris, Novis Orbis Terrarum Ordinis laisse l’auditeur sur sa faim : venant d’un groupe comme Year of the Goat, et à l’écoute des deux premiers albums, nous étions en droit d’en exiger davantage. Le résultat n’est pas honteux, simplement composé pour coller à leur esthétique (ce qui est plutôt bien) sans trouver, sauf exceptions, de quoi la développer réellement sans se répéter. Un nouvel ordre qui ressemble diablement à l’ancien en somme.
A écouter :"Subortus", "Avaritia"