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Critique d'album

Torche


Harmonicraft


(23/04/2012 - Volcom - Sludge pop - Genre : Hard / Métal)
Produit par

1- Letting Go / 2- Kicking / 3- Walk it Off / 4- Reverse Inverted / 5- In Pieces / 6- Snakes Are Charmed / 7- Sky Trials / 8- Roaming / 9- Skin Moth / 10- Kiss Me Dudely / 11- Solitary Traveler / 12- Harmonicraft / 13- Looking On
Note de 4/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"A la frontière des genres lourds, Torche va devenir indispensable."
Nicolas, le 14/05/2012
( mots)

Au matin de cette décennie 2010 (l'aube étant déjà passée depuis quelques mois déjà), on s'excusera de devoir radoter encore un peu : oui, clairement, la planète rock a du mal à tourner rond. Elle vacille, doute, tergiverse et peine de toute évidence à susciter un enthousiasme sans réserve. Le rock anglais en est quasiment au point mort depuis plusieurs années, exploitant sans grand enthousiasme un fond de subsistance vaguement hype, vaguement électro, tandis que les américains recyclent leurs anciennes gloires nationales à grands renforts de tournées grandioses et accessoirement lucratives. Clairement, l'amateur de son de guitare en attente de découverte et de nouveauté se doit de plus en plus de sortir des sentiers battus et d'aller explorer les myriades de niches peu médiatisées qui pullulent sur la planète. Mais il arrive parfois qu'un groupe se place même au delà des niches et des courants, et pourtant que l'écoute de sa musique sonne comme une évidence. Dans ce registre, Torche fait plaisir, vraiment plaisir.

Il est en effet difficile de ranger ce groupe dans une petite case bien balisée, genre, sous-genre ou même scène d'une ville d'attache : Torche sort de nulle part et évolue en marge des modes et des chapelles, empruntant ses sonorités au sludge metal géorgien, ses rythmes à la power pop bostonienne, son allant mélodique aux punks rockeurs de la côte pacifique et ses pendants psychédéliques à un peu tout le monde. Torche, c'est Rivers Cuomo, Billie Joe Armstrong, Bret Hinds, Phillip Coppe et Tré Cool mis dans un shaker, secoués bien forts, recrachés avec la voix de Greg Graffin et servi à la sauce de Miami. Un combo improbable dominé par la très forte personnalité de Steve Brooks, l'un des rares acteurs de la scène punk - metal à avoir effectué son coming-out et à assumer pleinement son homosexualité. Une formation qui a su tellement brouiller les pistes qu'elle est parvenu à ouvrir pour tout un tas d'acteurs aux publics pourtant plutôt antinomiques, post rock (Pelican, Mogwai), post hardcore (Isis), sludge (Baroness, High On Fire) ou progressif (dredg, Coheed And Cambria). Un quartet qui avait déjà marqué les esprits avec Meanderthal, deuxième essai studio mis en lumière par quelques médias plutôt tout venant (Pitchfork, Spin), et qui, avec Harmonicraft, vient clairement de passer à la vitesse supérieure.

Mieux produit, mieux fini, bénéficiant d'un progrès considérable dans le chant, ce troisième album réussit plus que jamais le tour de force de mêler gros son gras, rythmique percutante et airs enjoués, sans se répéter mais sans pour autant sans renoncer à l'homogénéité stylistique. On pensera tour à tour à Weezer et à sa schizophrénie chant solaire / riffs faisant cracher l'ultra-basse ("Letting Go", "Kicking", "Roaming", tous trois impeccables), aux punk-rockers californiens et leurs tempos joyeusement déments ("Walk It Off", "Skin Moth"), aux métalleux de Savannah et leur sludge barré / baroque ("Sky Trials"), tandis que plus loin s'ébroue un hard rock hédoniste ("Kiss Me Dudly"), un stoner rock glouton qui distribue des torgnoles à tour de bras ("Reverse Inverted") ou un heavy metal sabbathien féroce ("In Pieces"). Mais le plus fort dans tout ça, c'est que Torche reste étonnamment accessible : oui, ça joue gros et ça frappe fort, oui, les riffs divers et variés abondent en quantité et ça fait un boucan pas possible, mais les lignes vocales pop de Steeve Brooks survolent le tout et emballent le paquet-cadeau Torche avec un naturel assez rare sur ce type de musique qui se complet très souvent dans les beuglements inarticulés. Et lorsque tous ces éléments se conjuguent en quelque chose de plus personnel, percuté par des arpèges de guitare hilares, ça donne "Snakes Are Charmed", l'un des très grands moments du disques. Mais ce n'est pas fini.

Car c'est alors que l'on se croyait embarqué dans un voyage futile et sans histoire que Torche décoche sa dernière flèche : celle du psychédélisme. On se retrouve alors étourdis par de puissants morceaux n'épargnant plus la réverb' triturée. Si "Solitary Traveler" prépare gentiment le terrain dans ce registre, l'instrumental "Harmonicraft" nous plonge dans des volutes tourbillonnantes qui tiennent en haleine comme jamais, tandis que "Looking On" ouvre grandes les vannes hallucinogènes pour un voyage hébété consistant à éviter autant que faire ce peut les coups de mortier qui nous bombardent en permanence. Ainsi se conclut un troisième album parfaitement délectable, aussi grisant que rafraîchissant, sans compromission mais s'adressant à un auditoire finalement assez vaste sans lui faire d'appel du pied obscène dans la pataugeoire de la facilité. Si vous aviez manqué Meanderthal, n'en doutez-pas, Harmonicraft fait mieux et mérite plus que jamais le détour : un album à découvrir de toute urgence.

 

 

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