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Critique d'album

Tim Hardin


Tim Hardin 2


(01/04/1967 - Verve Forecast - Folk-Blues - Genre : Chanson / Folk)
Produit par Charles Koppelman, Don Rubin

1- If i were a carpenter / 2- Red Balloon / 3- Black Sheep Boy / 4- Lady came from Baltimore / 5- baby close its eyes / 6- You Upset the Grace of Living When You Lie / 7- Speak Like a Child / 8- See Where You Are and Get Out / 9- It's Hard to Believe in Love for Long / 10- Tribute to Hank Williams
Note de /5
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Note de 4.5/5 pour cet album
" En deux albums, Tim Hardin a mis le monde à ses pieds"
Guillaume , le 14/04/2023
( mots)

Unanimement reconnu par ses pairs pour ses exquises compositions - profondes et accessibles à la fois -, Tim Hardin se pose d’une certaine façon comme l’alter égo de Bob Dylan à la fin des années 60 : revisiter une de ses chansons dénote un indiscutable bon goût. De Bobby Darin à Rod Stewart, en passant par Johnny Cash et Scott Walker, tous viennent se servir goulument dans le répertoire du ménestrel maudit. A tel point qu’un.e non-initié.e pourrait penser qu’il est un fin pilleur de classiques. Il n’en est rien. Il serait malencontreux de réduire son œuvre à "If i were a carpenter" ou "Reason to believe". Tim Hardin incarne la quintessence du folk américain, à la lisière du blues et du jazz, pourvu d’un organe incroyablement soul. Imaginez un Ray Charles d’alcôve, lumières tamisées et ambiance feutrée (Ray Charles lui aurait avoué qu’il chantait mieux que lui). Aux antipodes du barde nobélisé et de sa voix de casserole rouillée.


Engagé dès sa majorité dans le corps des Marines, c’est sous les drapeaux qu’il développe une sévère accoutumance à l'héroïne (qu’il a découvert au Vietnam), qui l’accompagnera toute sa vie. Exclu de l’armée, il rallie New York et intègre la mythique scène folk du Greenwich village où il fricote avec la crème folk sixties dont font partie Fred Neil, Bob Dylan ou Joan Baez, excusez du peu. Ses antiques standards blues et folk impressionnent son petit monde et très vite il va enregistrer son premier album en 1966. D’emblée, Hardin sort de son chapeau des compositions fabuleuses dont il a le secret, des ballades intimistes à fleur de peau, sans jamais tomber dans la mièvrerie. En cette époque contestataire, Hardin propose un folk du quotidien, où ses tracas existentiels sont empreints d’une mélancolie tout en retenue. Des titres comme "Reason to believe", "Misty roses" ou "How can we hang on to a dream" s’imposent instantanément en tant que classiques folks inaltérables. Dans le même esprit, Hardin enregistre 2, son effort discographique le plus achevé, constellé de myriades de titres magiques à la simplicité désarmante. L’arrangeur Don Peake (collaborateur des Everly Brothers et de Ray Charles) confère une grande richesse sonore à l’univers personnel de Hardin, qui peut passer du folk au jazz avec la même aisance. 


"If i were a carpenter" ouvre le bal. Tendre requête à sa compagne (l’actrice Susan Yardley Morss, enceinte sur la pochette de l’album) pour savoir si elle l’aimera toujours en tant que charpentier. Splendide d’humilité, ce titre très personnel à la mélodie intemporelle semble s’échapper d’une ritournelle de troubadour, chanson courtoise pour faire chavirer le cœur de sa gente dame. La déchirante "Black sheep boy" est frappante du travail de dentellière de Hardin : un fragile édifice prêt à s'effondrer au premier coup de vent, cette musique éthérée presque jouée en sourdine et le timbre soul de Hardin chuchotant à notre oreille puis cette mélodie qui vient se figer dans notre cortex… Et le tout en moins de deux minutes chrono. Citez-moi quelqu’un capable de pondre une chanson immortelle en aussi peu de temps, hein ?? (ne me parlez pas de ces néandertaliens de Ramones s’il vous plaît). "Lady came from Baltimore" donne à écouter le Hardin conteur, via ce récit de voleur prêt à détrousser une jeune femme dont il tombe éperdument amoureux. Cette vignette autobiographique romantico-poétique fit déclarer à Dylan que Hardin était le plus grand songwriter vivant. Là encore, l’apparente simplicité de la chanson le dispute à l’émotion. Le sentiment nouveau de paternité domine sur "Baby close its eyes", l’orchestration y est ample et optimiste, le murmure de Hardin plus tendre que jamais. A la manière d’un chanteur jazz, sa voix oscille librement comme un solo de saxophone sur "Speak like a child" et "Tribute to Hank Williams". Sur le premier titre cité, Hardin est rejoint par un sensuel solo de flûte qui donne un parfum pastoral au morceau, courant irriguant le folk de cette fin de décennie. 


En deux albums, Tim Hardin a mis le monde à ses pieds. Fort aise d’avoir dégainé deux albums parfaits, ces prestations scéniques permettaient d'entendre une voix habitée par une flopée d’âmes égarées, modulant à volonté sans jamais ressembler véritablement à la ligne vocale du titre original. Mais après cette ascension fulgurante vient la lente dégringolade. Sous ses airs de baladin désabusé perdu dans ses rêveries, se cachait un profond mal-être qu’il soignait à coups de doses massives d'héroïne. En témoigne son erratique performance à Woodstock où on peut le voir complètement farci au "brown sugar". Les seventies seront un long parcours d’errance pour lui entre divorce, échecs commerciaux (dont une collaboration avortée avec CAN !!!), concerts non honorés, désintoxications puis de nouveau junkie… Jusqu’à son overdose terminale en 1980. Il n’avait pas 40 ans. 

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