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Critique d'album

The Wytches


Annabel Dream Reader


(25/08/2014 - Heavenly Recordings - - Genre : Rock)
Produit par Bill Ryder-Jones / Kristian Bell

1- Digsaw / 2- Wide at Midnight / 3- Gravedweller / 4- Fragile Male / 5- Burn Out The Bruise / 6- Wire Frame Mattress / 7- Beehive Queen / 8- Weights and Ties / 9- Part Time Mode / 10- Summer Again / 11- Robe For Juda / 12- Crying Clown / 13- Track 13
Note de 4/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"Plongez au coeur de l'obscurité"
Julien, le 19/08/2019
( mots)

Il était une fois trois sorciers qui vivaient entre la mer et les collines de la ville de Brighton en Angleterre. Tapis dans l’ombre et le secret, peu de mortels étaient au courant de leur existence et de la magie noire qu’ils s’apprêtaient à distiller. Et, voilà qu’au prix de deux journées d’enregistrement, The Wytches compilent alors les quatorze titres qui composent leur premier opus issu des meilleurs cauchemars du chanteur Kristian Bell et regroupés sous le titre malfaisant : Annabel Dream Reader. Nul ne le savait encore, mais le trio allait apporter une vraie bouffée d’air frais -ou plutôt noir- au rock de cette décennie pour l’englober dans une nuit sans lumière où l’on frissonnera aux sons de la disto, du larsen et des cris éraillés poussés par le désespoir du maître sorcier.<br />Il était dit que cette nuit-là, aucun auditeur n’en sortirait indemne.


The Wytches se forment en 2012 avec Daniel Rumsey à la basse, Gianni Honey à la batterie et donc, Kristian Bell en qualité de chanteur/guitariste. Le jeune homme d’alors 19 ans, cache son visage de poupon derrière ses longs cheveux noir. Un album l’a marqué pour la direction sonore qu’il allait donner à son groupe : Humbug des Arctic Monkeys.<br />“When I first listened to that album, I wasn’t that big on the Arctic Monkeys but after listening to that album I thought it was genius, it really moved me. Just the sound, the guitar sounds, the overall feel of it. That’s definitely a big one.”<br />(“Quand j’ai écouté cet album pour la première fois je n’étais pas à fond sur les Arctic Monkeys mais après l’avoir entendu, je me suis dit c’était du génie, ça m’a vraiment retourné. Juste le son, le son des guitares, tout ce qu’il dégage. C’est vraiment un des tous meilleurs”).<br /> A cette époque, il a déjà composé à lui seul la quasi-intégralité des titres qui allaient former le premier album. Deux ans plus tard le groupe signe chez Heavenly Recordings. Et en août de l’année 2014 est donc publié Annabel Dream Reader.


Dès l’ouverture de l’album, toute forme de lumière semble avoir disparu. L’auditeur est directement plongé dans l’obscurité rendue oppressante par une ligne de basse sanglante et une guitare au son distordu qui résonne de toute part. Pourtant, cette noirceur n’est pas de celle qui incite à rester seul à ruminer son mal-être cloitré dans son appartement. Non, c’est plus schizophrène. Ecouter “Digsaw”, “Burn Out the Bruise” et “Wire Frame Mattress”, c’est sentir une partie de son âme s’échapper de son corps et de son contrôle pour mieux se laisser poignarder en plein ventre par les riffs assassins de ces trois titres. Bell hurle à la mort sur chacun des refrains et, même si sa voix n’est pas vraiment virile (comme pouvait l’être celle de Kurt Cobain) cela n’a pas d’importance, sa conviction est tellement forte qu’on a envie de crier avec lui pour soulager sa souffrance et la notre par la même occasion. 


Sur “Wide At Midnight” et “Gravedweller”, les sorciers usent de toute leur puissance maléfique pour faire sortir les morts de dessous terre. La basse martiale les faisant marcher tout droit, prêt à hanter les villes de pauvres innocents : “Well they are coming after me… and she is coming back to me”. (“Ils sont après moi … et elle revient à moi”).<br /> Une basse qui d’ailleurs n’est pas sans rappeler celle d’une chanson comme “Love Buzz” ou d’autres titres de Bleach de Nirvana. L’autre force de cet Annabel Dream Reader se trouve dans les textes de Kristian Bell. C’est un mélange savoureux de poésie imagée, de sensibilité et de tristesse. La meilleure illustration se trouvant peut-être dans le titre “Fragile Male” aux paroles en forme d’utopie de la femme parfaite.<br />“All I look for was never through my eyes. All I dream of was never through my mind. And all I wanted was never apparent in our lives…Clock her next move as if she’s stepping towards you. And I offered to be her slave because we’ll step over anyone to get closer to our grave”.<br /> (“Tout ce que je regarde n'est jamais vu au travers de mes yeux. Tout ce dont je rêve ne provient jamais de mon esprit. Et tout ce que je voulais n'a jamais été présent dans nos vies. Anticipez son prochain mouvement comme si elle se dirigeait vers vous. Et j’ai offert d’être son esclave pour que nous marchions au-dessus de tout le monde en direction de notre tombe”).<br /> L’étreinte se desserre un peu sur “Weights and Ties” et “Summer Again”. Un registre plus calme où la formule fonctionne encore très bien. La première alliant une mélodie de chant et une guitare mélancolique qui se marient parfaitement dans ce vacarme feutré. La seconde, quant à elle, sera le seul vrai moment de répit de l’album. La chaleur, la lumière et l’amour de l’été rendent les sorciers encore plus vulnérables : “And now I’m dwelling on the past with a bottle on my lap. Shouting at the wall because he's shouting at me back. I’m gonna finish up this fag, stub it out on my hand. So I can fall asleep fast in a bed of broken glass”.<br />(“Et je m’attarde sur le passé avec une bouteille sur les genoux. Hurlant sur le mur parce qu’il me hurle dessus en retour. Je vais finir cette clope, me l’écraser sur la main. Et comme ça je pourrais m’endormir rapidement sur un lit de verres brisés”).


Quarante-huit minutes plus tard, l’enchantement s’est dissipé. L’ensemble est authentique, magnifié par une production juste et une cohérence absolue dans la construction de l’album. Kristian Bell s’impose en parolier de la trempe des tous meilleurs. Un vent nouveau qui fait du bien à un rock qui a tendance à vivre dans la nostalgie de ce qui a fait sa légende. 


Ce voyage dans lequel on revoit défiler ses angoisses, déceptions et peurs est maintenant terminé. La lumière de la réalité est aveuglante. Guidé par les cris et la puissance sonore de The Wytches on ressort triomphant d’un océan d’obscurité. On se promet alors de ne plus jamais y retourner. Et pourtant…

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