↓ MENU
Accueil
Première écoute
Albums
Concerts
Cinéma
DVD
Livres
Dossiers
Interviews
Festivals
Actualités
Médias
Agenda concerts
Sorties d'albums
The Wall
Sélection
Photos
Webcasts
Chroniques § Dossiers § Infos § Bonus
X

Newsletter Albumrock


Restez informé des dernières publications, inscrivez-vous à notre newsletter bimensuelle.
Critique d'album

The Black Angels


Wilderness Of Mirrors


(16/09/2022 - Partisan - rock psychédélique - Genre : Rock)
Produit par Brett Orrisson

1- Without a Trace / 2- History of the Future / 3- Empires Falling / 4- El Jardín / 5- La Pared (Govt. Wall Blues) / 6- Firefly / 7- Make it Known / 8- The River / 9- Wilderness of Mirrors / 10- Here & Now / 11- 100 Flowers of Paracusia / 12- A Walk on the Outside / 13- Vermillion Eyes / 14- Icon / 15- Suffocation
Note de 4/5
Vous aussi, notez cet album ! (12 votes)
Consultez le barème de la colonne de droite et donnez votre note à cet album
Note de 4.0/5 pour cet album
"Douze ans après Phosphene Dreams, les Black Angels tutoient de nouveau l'excellence"
Nicolas, le 08/11/2022
( mots)

Le temps passe, et mine de rien, cela faisait bien longtemps que nous n’avions plus rien entendu d’enthousiasmant de la part des Anges Noirs d’Austin. Souvenez-vous : en 2010, Phosphene Dreams terminait en tête des Albumrock Awards, adoubant par le menu la bande à Alex Maas qui, déjà avec Direction To See A Ghost, avait frappé fort dans le registre du rock psychédélique à tendance lourde. Mais depuis, la machine sous influences s’était tarie avec un Indigo Meadow pour le coup nettement plus léger et un Death Songs manquant sérieusement de mojo. Dès lors, on n’attendait plus rien de The Black Angels. Erreur, et belle erreur, qui plus est.


Cinq ans ont passé depuis Death Songs, au cours desquelles Kyle Hunt et Nate Ryan ont laissé leurs places respectivement à Ramiro Verdooren et Jake Garcia, cinq longues années d’administration Trump qui ont encore plus ancré le Texas dans une frange républicaine dure. La résistance (musicale, à tout le moins) a su se faire discrète, à l’aune d’un Austin Psych Fest devenu entre-temps Levitation et dont la formule française, qui se tient chaque année à Angers, constitue l’un des meilleurs festivals hexagonaux. Les Black Angels, quoique farouchement démocrates, se sont toujours refusés à faire la leçon dans les textes de leurs chansons, tentant simplement de capturer l’essence du temps présent, cette urgence politique, sociale et désormais climatique qui surnage entre angoisse et résignation au sein de ce sixième long. Mais ce qui a toujours caractérisé les texans, hormis leurs appétences pour le LSD et autres drogues récréationnelles, c’est un son nettement plus charnu que celui de leurs congénères, dopé aux larsens assourdissants et à une drone machine bourdonnante dont la rémanence invite à la transe. Il manquait sans doute de corps émotionnel dans les deux précédents disques, mais aussi de puissance sonore crue. A l’issue d’un confinement débilitant, voici donc revenu le chamanisme made in Austin à son meilleur niveau ou presque, celui de ses débuts, celui de sa force de frappe ahurissante et de sa science en pop songs hallucinogènes. Et si l’efficacité savante de Phosphene Dreams ne se voit pas complètement égalée, le combo se permet de frôler sa propre référence, ce qui n’est pas rien.


Toutes les spécificités des Black Angels sont bel et bien de nouveau présentes, ce mur du son assourdissant bâti autour des guitares en miroir de Christian Bland (pour l’anecdote, The Black Angels a la réputation d’un groupe qui délivre un son particulièrement colossal en concert), cette drone machine aliénante, cette voix aiguë implorante d’Alex Maas, mi victime, mi complice de ses propres dérives psychotiques, cette batterie musclée et lapidaire de Stephanie Bailey - l’une des rares cogneuses de talent en activité, faut-il le préciser. “Without A Trace” ne se laisse pas assoupir par son orgue inaugural : très vite la machine infernale se met en branle, ça gronde, ça résonne, ça malaxe les tympans, les coyotes hurlent, les images cauchemardesques se succèdent, et tandis que Maas aborde cette entame avec un registre moins enflammé qu’à l’accoutumée, Bland ferraille dans le chromatisme comme si sa vie en dépendait. Tout aussi colossal voire davantage, “History Of The Future” s’appuie sur les roulements lents et martiaux de Meyer pour tabasser les auditeurs par le biais de décharges électriques rampantes d’un effet subjuguant. La variété des sévices auditifs force le respect, tout comme la tenue mélodique malmenée par d’incessants échos de voix. On pourrait s’arrêter là que le disque vaudrait déjà un franc coup de projecteur, mais la suite mérite tout autant le détour, au hasard de charges grondantes portées par une basse qui se débat avec la force du désespoir et des soubresauts de synthés glaçants (“Empires Falling”, aussi pugnace qu’emballant), à moins que le discour se mue en cantique païen d’une naïve solarité (“El Jardin” - d’Eden ?). Quelques touches “religieuses” terriennes se retrouvent d’ailleurs parsemées au gré des sillons, comme sur ces cloches d’église qui entament puis émaillent un “La Pared” puissant, scandé avec une ferveur confinant presque à l’hystérie. 


Par la suite les Black Angels mettent la pédale douce sur la violence sonore pour se faire plus caressants, comme avec un “Firefly” qui baguenaude avec une française (langue de Molière inclue) de l’autre côté du miroir, ou un “Make It Known” onirique quoique non moins acéré dans ses décharges électriques. La partie centrale du disque se concentre sur un trip orientalisant porté par un un cithare désaxé (“The River”), à moins qu’elle verse dans le presque acoustique - exception faite d’un orgue lointain - avec une égale réussite  (“Here & Now”), balade parfaitement prolongée par un “100 Flowers Of Paracusia” fort bien construit avec son tout petit refrain qui relance sans cesse l’intérêt, percussions flatteuses et arpèges graciles in fine détructurés par des saillies de guitares vénéneuses. Plus loin, le blues se voit retravaillé sous drogues visuelles (“ A Walk On The Outside”), et si le tempo remonte, l’ambiance reste à la paresse suffocante. 


La fin du voyage nous réserve encore de beaux moments, “Vermillion Eyes” et ses circonvolutions ascensionnelles du plus bel effet, “Icon” et ses emprunts au rock sudiste le plus dévoyé, ou le conclusif “Suffocation” qui pour le coup évoque davantage le shoot d’héroïne mortifère dont l’auditeur ne ressort que par intermittences par le biais d’un orgue ténébreux, même si ces respirations faussement salutaires ne sont que de courte durée. Seule ombre au tableau, finalement, un “Wilderness Of Mirrors” placé en plein milieu de la galette qui fait un peu écho au “Bad Vibrations” de Phosphene Dreams mais qui peine à transporter l’auditeur au-delà de son riff réverbéré, son seul réel constituant d’intérêt. Il n’empêche que nous frôlons là un sans faute qui mérite toute votre attention. Les Black Angels nous offrent ici un tonitruant retour aux affaires qui nous catapulte une bonne décennie en arrière à l’époque ou le revival psyché avait le vent en poupe. Un retour aux sources réussi, et plus encore un album aliénant qui ne cesse de nous happer au fil des écoutes pour que toujours nous y revenions davantage. Il ne tient qu’à vous de vous laisser prendre au piège.


À écouter : "Without A Trace", "History Of The Future", "Empires Falling", "Firefly", "The River"

Commentaires
alsaco, le 13/12/2022 à 23:37
Plus on l'écoute plus il semble envoutant et excellent. Énorme coup des Black Angels !!